Lutte contre le narcotrafic : Darmanin et Nuñez évoquent une menace terroriste
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a déclaré que « ce qui s’est passé à Marseille nous conduit à considérer que c’est un crime qui vise à faire peur et à atteindre la République et l’Etat ». En 2023, 49 personnes étaient mortes dans des assassinats liés au trafic de drogue, et 2.000 personnes sont actuellement mises en examen à Marseille pour des faits liés au trafic de stupéfiants.

Le narcotrafic représente « une menace qui tue énormément et qui est au moins équivalente à celle du terrorisme ». Lors d’une conférence de presse à Marseille, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a tenu à attirer l’attention sur cette situation alarmante. « Ce qui s’est passé à Marseille nous pousse à considérer que c’est un crime visant à instiller la peur et à s’attaquer à la République et à l’Etat. Le dispositif que nous mettons en place est comparable à ceux entrepris dans le cadre de la lutte antiterroriste », a renchéri le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, également présent pour cette visite à la cité phocéenne.
Cette visite intervient une semaine après le décès de Mehdi Kessaci, frère du militant écologiste Amine Kessaci, qui s’est opposé aux trafics. Les deux ministres ont fait le point sur l’état de la menace et ont défendu les mesures déjà mises en œuvre pour combattre le narcotrafic. Laurent Nuñez a annoncé qu’il se rendrait « tous les mois » à Marseille afin de veiller à la « correcte mise en œuvre des dispositifs ».
« Frapper durement »
Le ministre de l’Intérieur a salué une « réunion opérationnelle intéressante », permettant de faire le point sur « ce qui se fait en matière de lutte contre le narcotrafic » à Marseille. C’était aussi l’occasion de féliciter les magistrats, policiers et gendarmes pour les « résultats obtenus », y compris en dehors de Marseille, où les réseaux se développent également.
Laurent Nuñez a souligné les actions entreprises pour « frapper durement » le narcotrafic, en rappelant les dispositifs instaurés par la loi adoptée l’été dernier, qui permet notamment de geler les avoirs criminels. À partir de janvier, un Parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) sera également créé.
En outre, Gérald Darmanin a annoncé des renforts judiciaires à Marseille. « Il y a eu 50 magistrats en plus depuis cinq ans à Marseille, il faut continuer », a-t-il déclaré.
« Nettoyer les prisons »
Le garde des Sceaux, ancien ministre de l’Intérieur, a défendu la loi relative aux narcotrafics ainsi que les prisons de haute sécurité établies à Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe, malgré les critiques qu’elles suscitent. En ce qui concerne « la trentaine de personnes qui dirigent » la DZ Mafia, il a précisé que presque toutes, soit 27 sur 30, sont enfermées dans des prisons françaises, dont 21 à Pas-de-Calais. Gérald Darmanin a rappelé que « 700 détenus en France sont qualifiés de très dangereux », impliqués dans la criminalité organisée.
« Les chefs des réseaux ne se trouvent pas fréquemment dans les rues de Marseille, de Paris ou de Saint-Tropez. Ils sont soit en prison, soit à l’étranger », a ajouté le ministre de la Justice, qui a plaidé pour un « nettoyage des prisons françaises » et une collaboration renforcée avec plusieurs pays étrangers.
Le garde des Sceaux a également insisté sur la nécessité de lutter contre la corruption, qui affecte les services d’enquête et éventuellement les tribunaux. « Il existe des personnes connues, des responsables locaux qui pourraient avoir fermé les yeux sur l’infiltration de la mafia dans l’économie et la société », a-t-il affirmé.
2.000 mises en examen
Les deux ministres comptent sur la marche blanche organisée samedi pour provoquer un « sursaut ». « Chacun doit se mobiliser : les consommateurs, l’État, qui doit assumer son rôle, ainsi que toute la société marseillaise », a commenté Gérald Darmanin.
« Il y a des magistrats et des enquêteurs physiquement menacés car nous menons une bataille, très, très difficile contre une organisation qui génère probablement entre 5 et 6 milliards d’euros d’argent liquide », a signalé Gérald Darmanin à propos de la DZ Mafia. En 2023, 49 personnes ont été tuées dans des assassinats liés au trafic de drogue. Depuis le début de l’année, environ une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narcomort. « C’est toujours trop, mais le chiffre a diminué », a précisé le garde des Sceaux, ajoutant que 2.000 individus sont actuellement mis en examen à Marseille, dont 900 sont en détention provisoire pour des infractions liées aux stupéfiants.

