« Les bourgeois des centres-villes financent les narcotrafiquants : qui sont-ils ? »
En 2023, 21 millions de Français déclaraient avoir déjà expérimenté du cannabis dans leur vie, dont 5 millions dans l’année et 1,4 million en tant qu’utilisateurs réguliers. Selon un rapport de la Mildeca paru en 2022, « les employés sont les plus nombreux à consommer du cannabis plus d’une fois par semaine ».
Ce sont « parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants », a déclaré le président Emmanuel Macron mercredi lors du Conseil des ministres. Ces propos ont été rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, qui a ajouté qu’« on ne peut pas déplorer d’un côté les morts et de l’autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail ».
Mais qui sont réellement les consommateurs en France ? Ils sont déjà nombreux. En 2023, 21 millions de Français ont déclaré avoir déjà expérimenté le cannabis au cours de leur vie, dont 5 millions au cours de l’année et 1,4 million en tant qu’utilisateurs réguliers. Concernant la cocaïne, 1,1 million de personnes en ont consommé dans l’année. Ces données proviennent de la dixième édition du rapport « Drogues et addictions, chiffres clés » de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publié cette année.
« Le nombre de consommateurs augmente surtout pour les psychostimulants, en particulier la cocaïne et l’ecstasy MDMA », explique Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives sur France Info. Elle note cependant une baisse de la consommation de cannabis, en particulier chez les adolescents.
Les hommes demeurent plus concernés par l’usage de drogue. En 2023, 57,6 % des hommes interrogés ont indiqué avoir déjà fumé du cannabis contre 43,4 % des femmes. Ils sont également deux fois plus nombreux à en avoir consommé au cours des 12 mois précédant l’enquête et à en consommer tous les jours, souligne l’OFDT dans sa publication « Les niveaux d’usage des drogues illicites en France en 2023 ». Concernant la cocaïne, l’usage actuel comme l’expérimentation touchent toujours deux à trois fois plus les hommes que les femmes.
Les jeunes restent les plus consommateurs. L’usage de cocaïne au cours de l’année concerne en premier lieu les 18-25 ans (2,8 %) et les 26-34 ans (3,4 %), pour diminuer ensuite et disparaître après 55 ans, précise l’OFDT. Pour le cannabis, les 18-24 ans sont également les plus touchés avec 6,6 % d’usagers réguliers. L’usage quotidien est aussi présent chez les jeunes générations : 3,5 % chez les 18-24 ans et 3,0 % chez les 25-34 ans.
Toutes les catégories sociales sont concernées. D’après un rapport de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) paru en 2022, « les employés sont les plus nombreux à consommer du cannabis plus d’une fois par semaine ». Cependant, les cadres et les ouvriers sont également représentés « si l’on s’intéresse aux consommations de cannabis plus faibles (moins d’une fois par semaine) », précise le document.
« La cocaïne, d’abord utilisée par des personnes de catégorie sociale aisée et dans un cadre festif, est désormais consommée dans tous les milieux sociaux », rappelle également l’Assurance maladie sur son site Internet. Plusieurs facteurs expliquent cette diffusion, notamment la baisse des prix du produit due à une offre plus importante et la possibilité de commande et de livraison à domicile, simplifiant ainsi les démarches.
Toute la France est également touchée par ce « tsunami blanc », selon l’Office antistupéfiants de la police (OFAST). Une étude de Santé publique France sur les passages aux urgences révèle « une augmentation forte et continue sur la période 2010-2022, et ce quelle que soit la région ». Toutefois, des disparités régionales ont été mises en évidence, avec des taux de passages très élevés en Guyane (44,1 pour 100 000 passages), en Provence-Alpes-Côte d’Azur (40,8) et en Occitanie (27). Une forte augmentation a également été observée en Auvergne-Rhône-Alpes, en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine, dans le Grand-Est et en Bourgogne-Franche-Comté.

