International

Espagne : Cinquante ans après la mort de Franco, les « bébés volés » sont toujours traumatisés

Le blocage de la loi sur les « bébés volés » durant la dictature franquiste en Espagne revient au premier plan après cinq années d’un examen parlementaire sans issue. Les experts indépendants de l’ONU estiment que « l’absence d’un cadre juridique complet » empêche encore l’Etat « d’apporter une réponse efficace aux victimes ».


En Espagne, la question de la loi sur les « bébés volés » durant la dictature franquiste refait surface. Des experts indépendants de l’ONU soulignent l’urgence d’une action, après cinq années d’examen parlementaire infructueux. Ils estiment que « l’absence d’un cadre juridique complet » empêche l’État « d’apporter une réponse efficace aux victimes », malgré la reconnaissance en 2022 des enfants enlevés durant la guerre civile et la dictature comme victimes du régime. Ils affirment que « des milliers de mères et de familles sont privées du droit de connaître la vérité sur le sort de leurs enfants ».

Le texte en attente propose la création d’un registre national des victimes, un accès garanti aux archives publiques et la gratuité des tests ADN. Il prévoit également la mise en place d’une unité d’enquête spécialisée et la reconnaissance du détournement d’enfants, de la falsification de documents et des disparitions forcées comme des crimes contre l’humanité. Les experts considèrent ces mesures nécessaires pour établir de véritables mécanismes de « vérité, justice, réparation et garanties de non-répétition ».

Le projet inclut aussi un accompagnement psychologique et juridique gratuit pour les familles, ainsi que des campagnes d’information pour sensibiliser sur l’ampleur des enlèvements. À l’origine, ces pratiques visaient à retirer les enfants de républicaines jugées menacantes, puis, à partir des années 1950, s’adressaient aux mères célibataires et aux familles pauvres. Bien qu’il n’existe pas de données officielles, les associations font état de plusieurs milliers de cas.

Face à cette lacune juridique persistante, les experts exhortent Madrid à agir rapidement. « Nous appelons l’Espagne à saisir cette opportunité d’agir dans l’intérêt supérieur des victimes et de la société dans son ensemble », déclarent-ils, en rappelant qu’une loi dédiée demeure le seul moyen de sortir du silence et de traiter ces crimes de manière cohérente.