Wallovert : une arnaque à grande échelle avec menaces de mort
Esther Hounkpe et ses parents remboursent 540 euros par mois pour des travaux non réalisés et 526 euros par mois pour leur prêt hypothécaire, soit plus de 1000 euros par mois. Un ex-employé de Wallovert a déclaré avoir vu « certainement entre 250 et 300 clients » et a estimé que l’ampleur de l’escroquerie pourrait atteindre « au moins cinq millions d’euros pour cette société dite ‘Wallovert' ».
Des victimes de la société Wallovert témoignent de leur quotidien marqué par l’absence de travaux et la nécessité de rembourser un prêt. Un ancien employé a décidé de briser le silence et de dénoncer cette situation, s’exposant aujourd’hui à des menaces de mort.
« Ce sont des voleurs. Ce sont des voleurs qui détruisent des vies. Je regrette même qu’on les ait laissés franchir le pas de la porte. » Esther Hounkpe s’occupe du dossier des travaux pour la maison de ses parents. Ils ont versé 55.935 euros à Wallovert, actuellement en faillite, pour des travaux inachevés, le toit n’étant pas complètement réalisé. Un bienfaiteur a même donné de son temps pour rénover le toit, mais cela ne suffit pas à alléger leurs épreuves.
Les parents d’Esther Hounkpe doivent non seulement rembourser le prêt pour ces travaux non réalisés, s’élevant à 540 euros par mois, mais également payer leur prêt hypothécaire de 526 euros par mois, ce qui représente plus de 1000 euros mensuels. Bien que le toit principal soit achevé, celui de la cuisine et de la remise reste à faire. Les infiltrations d’eau représentent une menace : « C’est encore de l’argent à dépenser. Alors on puise dans nos économies parce que sans ça, on ne peut rien faire. C’est un peu de la survie pour éviter que la maison ne se dégrade. Sans toit, on vit où ? »
Esther a été victime d’une arnaque à grande échelle. Un ancien employé de Wallovert, qui se nomme Georges, a quitté l’entreprise en réalisant qu’il participait à une tromperie. Il révèle l’ampleur de la situation : « J’ai certainement vu entre 250 et 300 clients. Si l’on extrapole par rapport à tous les commerciaux que j’ai vus, les contrats signés par moi et ceux signés avant ma prise de fonction, on doit parler d’au moins cinq millions d’euros pour cette société dite ‘Wallovert’. »
Parmi les victimes, il y a également Ann-Laure Bourguignon, résidant à Chaumont près de Florennes. Elle avait commandé des travaux d’isolation de façade : « Les travaux devaient être réalisés pour faire l’isolation de ma façade, avec un crépi de finition. » Actuellement, Ann-Laure rembourse un prêt travaux de 239 euros par mois et un prêt hypothécaire de 500 euros, totalisant plus de 700 euros chaque mois. « Après mes journées, dit-elle, je travaille à temps plein, je fais des heures supplémentaires pour pouvoir rembourser ce prêt. Cela engendre de grosses journées et beaucoup de fatigue pour peu de résultats. » Malgré cela, elle a créé un groupe Facebook pour rassembler les victimes de Wallovert : « Il n’est pas normal qu’ils puissent rouvrir des sociétés et arnaquer de nouveau des gens. C’est difficile à comprendre. »
La situation semble similaire pour Wallovert, qui est la dénomination commerciale de Celerity Distributions. Un des administrateurs de cette société était aussi administrateur d’une autre entreprise, H&S Powersolutions, actuellement sous enquête pour une possible fraude à la faillite par le parquet du Limbourg. Plus de 300 créanciers réclament près de 9 millions d’euros. Cela laisse suggérer qu’une escroquerie se reproduit en Wallonie. Quelles en sont les raisons?
Lorsqu’une société est en faillite, les administrateurs, qu’ils soient coupables ou non, peuvent continuer à exercer en créant une nouvelle entreprise. Pour les empêcher, il faut qu’ils soient interdits d’exercer, par exemple à la suite d’une plainte de victimes au tribunal correctionnel, mais cela peut prendre jusqu’à un an. Même interdits, certains arrivent à contourner cette interdiction grâce à des prête-noms. Les victimes peuvent-elles espérer récupérer leur argent ? Daniel Marlère, Premier Substitut du Procureur du Roi au Parquet de Charleroi, répond : « Récupérer l’argent ? Je ne veux pas donner de faux espoirs, c’est relativement rare, car l’argent a disparu, dépensé dans une série de frais. »
Récemment, Georges a fait face à des menaces sérieuses : « Il y en a trois qui sont venus, dont un que j’ai reconnu. Ils m’ont menacé de mort avec un fusil, me disant : ‘Si tu parles, tu es mort !’. Je dois vivre avec cette crainte et rester constamment vigilant. »
Pour Georges, Esther, Ann-Laure et d’autres, Wallovert a causé des dommages considérables dans leur vie, au-delà de leur situation financière. Il est conseillé aux consommateurs de vérifier soigneusement les entreprises avant de passer commande.
Enfin, pour toute question ou cas de fraude à dénoncer, les victimes ou témoins peuvent contacter l’adresse suivante : sospigeons@rtbf.be.

