Trois jours de grève sur le rail dès le 24 novembre.
Les cinq organisations syndicales sont réunies en front commun, alors que les syndicats du Chemin de fer ont convié la presse pour faire le point sur les dossiers, la réforme des pensions et celle du statut des cheminots. Du lundi 24 au mercredi 26 novembre, les chemins de fer seront particulièrement perturbés en raison de trois journées de grève organisées par les syndicats nationaux.

« Les cinq organisations syndicales sont réunies en front commun, cela montre la colère du secteur« , a déclaré Pierre Lejeune, le leader de la CGSP Cheminots, en introduction, alors que les syndicats du Chemin de fer ont tenu une conférence de presse pour faire le point sur des sujets tels que la réforme des pensions et celle du statut des cheminots, qui suscitent des tensions dans le secteur ferroviaire.
La semaine prochaine, dans le cadre des trois journées de grève organisées par les syndicats nationaux du lundi 24 au mercredi 26 novembre, le réseau ferroviaire sera grandement affecté. Le service ferroviaire sera paralysé pendant 72 heures, touché par la grève des transports publics lundi, la grève de la fonction publique mardi, et la grève nationale de mercredi.
Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Arizona, les syndicats des chemins de fer, comme d’autres secteurs, s’opposent fermement aux réformes que la majorité souhaite mettre en œuvre.
Que prévoient les syndicats pour les trois jours de grève ?
Le front commun syndical soutiendra ses membres pour l’action de grève nationale de 72 heures, allant du dimanche 23 novembre 2025 à 22 heures jusqu’au mercredi 26 novembre à 22 heures.
Cela concerne à la fois le personnel de la SNCB, d’Infrabel et d’HR Rail. Cette grève affectera l’ensemble du réseau ainsi que tous les lieux de travail.
Le plan d’action des syndicats prévoit une nouvelle semaine de grève dès que les propositions de réforme seront mises au vote à la Chambre.
L’impact de la réforme des pensions
L’augmentation de l’âge de départ à la retraite et la modification de la méthode de calcul des pensions sont les principales sources de préoccupation des syndicats. Dans leur communiqué, les organisations syndicales font état des « centaines d’euros bruts par mois » que les cheminots risquent de perdre.
Pour les syndicats, la réforme des retraites est jugée « déséquilibrée » et dévalorise la fonction publique.
À partir de 2027, l’âge de départ à la retraite du personnel roulant de la SNCB sera porté à 67 ans, alors que dans le système actuel, il est possible de prendre sa retraite à 60 ans, voire à 55 ans dans certains cas.
Des mesures transitoires sont prévues par le gouvernement, mais jugées trop limitées par les syndicats.
Le gouvernement prévoit également de revoir la méthode de calcul des pensions, comme c’est envisagé pour la fonction publique. La durée du salaire de référence sera prolongée. Les salaires plus bas perçus plus tôt dans la carrière seront davantage pris en compte, alors qu’actuellement, ce sont principalement les salaires plus élevés de la fin de carrière qui servent de base pour le calcul des pensions.
Le système des tantièmes préférentiels sera également modifié. En résumé, il faudra travailler plus longtemps pour bénéficier d’une pension complète.
Les syndicats des cheminots insistent sur le fait qu’ils ne réclament pas de privilèges, mais demandent « la justice sociale« . « Si le gouvernement exige des agents statutaires des sacrifices sur leur régime de pension, ils doivent bénéficier des mêmes avantages que leurs collègues du secteur privé« , affirment les syndicats.
La fin du statut des cheminots
Début octobre, les membres des syndicats ont rejeté le projet d’accord statutaire pour le personnel ferroviaire présenté par le ministre de la Mobilité, Jean-Luc Crucke. En conséquence, comme l’a annoncé le ministre, le personnel ferroviaire sera désormais principalement constitué de contractuels, avec l’arrêt du recrutement statutaire prévu d’ici 2028. La réforme d’HR Rail, la structure commune à la SNCB et à Infrabel responsable de la gestion du personnel, sera également mise en œuvre. L’un des arguments avancés est la nécessité de préparer le rail belge à la libéralisation du transport ferroviaire de voyageurs, imposée par l’Union européenne d’ici 2032.
Cependant, les syndicats des chemins de fer rejettent cette position. Pour eux, l’emploi statutaire « n’est pas un frein à la modernisation, mais en est la condition« . Ils estiment que le rail « exige des travailleurs forts » qui, selon eux, « ont besoin de certitudes solides« .
Alors que le ministre Crucke a déclaré début octobre que la période de concertation était terminée et que les réformes allaient commencer, les syndicats dénoncent une « application unilatérale » d’une « modification profonde et inacceptable de la politique du personnel« , qui, selon eux, « s’écarte de l’esprit et de la lettre de l’accord de gouvernement« .
Les syndicats affirment également avoir atteint une « ligne rouge franchie« , indiquant que cela ouvrira la porte à des licenciements collectifs à la SNCB ou à des réductions de personnel, qu’il soit statutaire ou contractuel, en cas de difficultés économiques.
Ils s’attendent également à des départs de personnel contraints dans le cadre de la libéralisation de 2032, ce qu’ils jugent « inacceptable« , car cela remettrait en question le principe de sécurité de l’emploi pour les agents statutaires.
« La meilleure chose que nous puissions souhaiter à ce gouvernement Arizona, c’est sa chute« , conclut Pierre Lejeune, le responsable de la CGSP Cheminots.

