France

«Notre histoire de France» : Sonia Rolland se sent légitime.

Sonia Rolland a été choisie par France 2 pour être la narratrice de la deuxième saison de « Notre histoire de France », après Tomer Sisley. Elle reconnaît que sa présence à l’écran va « se prendre les foudres d’une partie de la France » et qu’il est essentiel de remettre en lumière le métissage dans la société française.

« Ce n’est pas anodin qu’après Tomer Sisley, ce soit moi qui aie été choisie par France 2 pour ce programme. Je pense sincèrement que ça a du sens. » Sonia Rolland exprime sans détour son engagement en tant que narratrice de la deuxième saison de « Notre histoire de France », la série documentaire de France 2, qu’elle considère comme un défi. « C’est nouveau pour moi et c’est excitant pour cela, mais je n’ai pas hésité, je n’ai pas eu peur. »

Alors que les deux premiers épisodes, dédiés aux règnes de Louis XIII et Louis XIV, sont diffusés ce mardi soir, Sonia Rolland avoue qu’« sans être une spécialiste de l’histoire de France », elle est passionnée par ce sujet. « Il y a le défi d’animation, qui est un peu particulier parce que j’incarne la narratrice qui est à la fois extérieure aux événements historiques, mais qui est aussi dans l’action… Et j’ai adoré ça parce que ça m’a permis d’appréhender le récit historique à la fois de manière très précise – il ne fallait pas dire n’importe quoi, s’entendre avec les historiens pour les textes – et aussi un peu de manière émotionnelle, puisque j’étais au contact des comédiens et comédiennes pour les scènes reconstituées. »

« Imposer la diversité »

La spécificité de ce programme réside dans la navigation de la narratrice contemporaine, qui s’adresse aux téléspectateurs, à travers les événements historiques et les scènes de vie quotidienne reconstituées. « En tant que comédienne, c’est un peu frustrant de ne pas jouer, raconte Sonia Rolland. Mais en même temps, toutes les comédiennes en corset et perruque, je sais qu’elles souffraient… Et puis de toute façon, malheureusement, je sais que je n’aurais pu incarner aucun de ces personnages. La diversité n’incarnait pas le pouvoir à cette époque-là… »

La comédienne et réalisatrice de documentaires est consciente que sa présence à l’écran risque de « se prendre les foudres d’une partie de la France. Mais j’ai l’habitude, je les attends… Je suis heureuse d’incarner une narratrice de l’histoire de France, et je me sens légitime à ça. Il est essentiel de remettre en lumière le métissage, qui est beaucoup plus présent dans la société française qu’on ne l’imagine. La France est métisse depuis la nuit des temps, par les migrations qui l’ont traversée mais aussi du fait de sa volonté d’expansion. La France n’a pas qu’un seul visage. C’est la volonté du service public d’imposer la diversité à l’antenne, et j’en suis très heureuse. »

Une histoire dans l’Histoire

Si le grand public connaît Sonia Rolland pour son passé de Miss France et ses rôles à la télévision, son histoire familiale, marquée par la grande Histoire, est peut-être moins connue : avec une mère rwandaise et un père français, son enfance en Afrique s’est terminée brutalement avec le génocide au Rwanda. Puis elle a découvert la France, un milieu ouvrier, et a subi un déclassement social…

« Je suis attachée à mes racines africaines et aussi françaises, que j’ai découvertes beaucoup plus tard. J’ai toujours été quelqu’un d’hyper nuancée grâce à mes parents, mon éducation. J’ai eu cette chance d’avoir reçu une éducation à la curiosité de l’autre. Le bagage culturel et intellectuel de mes parents m’a permis d’imposer un regard. Si les gens me suivent depuis aussi longtemps, je pense que c’est grâce à ça. »

« Une volonté d’écraser les femmes »

Au regard de son parcours, Sonia Rolland espère faire passer des messages pour éclairer notre histoire collective. « Je le savais déjà mais faire « Notre histoire de France » m’a rappelé qu’il y a une volonté de toujours d’écraser les femmes dans l’écriture de l’histoire de France. Les rôles des grandes femmes ont toujours été mis sous silence. Et on colle des clichés sexistes sur les grandes femmes, systématiquement. Comme avec Marie-Antoinette notamment… »

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La comédienne espère que le programme touchera, comme lors de la première saison, un large public. « Je trouve que ce programme permet de s’attacher aux personnages historiques ou même de les haïr, mais d’avoir au moins un ressenti. On ressent les aspérités des personnages. Moi je suis là aussi pour amener de la légèreté, de l’étonnement, comme lors de l’accouchement d’Anne d’Autriche face à la cour. Le regard contemporain permet de mettre en exergue les injustices et donc les progrès… Il faut continuer de défendre nos acquis comme la liberté, qui est mise à mal aujourd’hui. Heureusement qu’on a nos livres d’histoire mais le devoir de mémoire collectif n’est pas assez mené, à mon avis… »