Belgique

Ecolo ne fait plus face à un suicide politique imminent

Les origines de la crise au sein d’Ecolo sont décrites comme étant encore floues, avec des sources avouant ne pas tout comprendre et exprimant leur surprise face à la tournure des événements. Le camp Cogolati évoque la difficulté de faire évoluer le parti avec Marie Lecocq, soulignant une trop grande inertie et une difficulté à s’adapter à l’évolution de la société.

Le grand flou

Pour bien comprendre la situation, il est essentiel de rester factuel. Ce matin, les raisons de cette crise demeurent floues. Les sources que nous avons recueillies se montrent réservées, reconnaissant souvent leur incompréhension face à la situation, tout en exprimant leur surprise quant à l’évolution des événements. Les explications fournies semblent insuffisantes.

Des divergences de fond existent ? Oui, mais elles ne sont pas si significatives. Y a-t-il une distinction entre écologie de droite et écologie de gauche ? Dans le passé, cela a déjà été plus marqué.

Des divergences stratégiques ? Oui, mais ce sont des difficultés que de nombreux anciens membres d’Ecolo ont déjà rencontrées, ayant vécu des secrétariats fédéraux avec neuf membres en 1981, puis cinq, trois, et enfin, deux co-présidents depuis 2007.

Il reste l’hypothèse psychologique évoquant des problèmes personnels ou des incompatibilités de caractère. Cependant, pour les anciens, Ecolo a toujours su gérer ce genre de situation : rancœurs persistantes, égos démesurés, dépressions, problèmes familiaux. Rien de véritablement inédit.

Et pourtant, il y a crise

Pourtant, une crise est bel et bien présente. Dimanche, le duo était encore en mesure de proposer une note stratégique. Lundi matin, Samuel Cogolati a exigé de Marie Lecocq une démission collective. Pourquoi ce qui était possible devient-il soudainement impossible ? D’un côté, les proches de Marie Lecocq insinuent qu’il s’agit d’une crise fabriquée pour, à travers des fuites médiatiques, prendre le pouvoir et l’écarter. Une situation qui rappelle les intrigues du palais des Borgia, avec Samuel Cogolati soutenu par Jean-Michel Javaux dans un rôle proche de Machiavel. De l’autre côté, le camp Cogolati évoque la difficulté d’évolution du parti sous la direction de Marie Lecocq, évoquant une inertie excessive et une incapacité à s’adapter aux évolutions sociétales.

Pas de bon scénario

Concernant l’avenir, tout reste incertain. Aucun des scénarios de sortie de crise ne semble favorable pour l’écologie politique, tant à court qu’à moyen terme. Bien qu’une crise puisse parfois engendrer des opportunités, ce n’est manifestement pas le cas ici.

Examinons les scénarios possibles. Dans un divorce, l’un des deux co-présidents prend la direction du parti. L’un démissionne tandis que l’autre demeure. Il faudra désigner un nouveau ou une nouvelle co-président·e ou envisager de modifier les statuts pour aller vers une présidence unique. Ce dernier scénario, avancé par certains, est cependant rejeté par d’autres au nom de la démocratie interne, le rendant peu probable.

Le deuxième scénario évoque une réconciliation. La crise pourrait entraîner une nouvelle configuration entre les deux co-présidents. Néanmoins, après une telle crise, ce duo serait perçu comme affaibli et en conflit constant, ce qui est également peu envisageable.

Le troisième scénario envisage une nouvelle élection avec une nouvelle co-présidence, incluant ou non Samuel Cogolati ou Marie Lecocq en tant que candidats. C’est probablement la solution la plus réaliste, mais cela signifierait que le parti aurait perdu un an et demi, le temps d’une nouvelle élection interne et le temps d’adaptation des nouveaux élus.

Backlash écologique

En somme, ce temps passé à se concentrer sur ses querelles internes est précieux alors que la scène politique évolue rapidement. Hier, une ambiance de suicide politique planait. Car l’écologie politique est en recul dans plusieurs pays européens, comme l’Allemagne et la France. Les années euphoriques de Greta Thunberg ont laissé place à ce que certains désignent comme un backlash écologique : des années de régression de la conscience écologique et des politiques environnementales.

En Belgique, ce backlash s’accompagne d’une lutte interne pour le leadership. Un scénario que le parti Défi a connu quelques mois avant les élections, qui lui a coûté cher et qui l’a mené à une situation précaire. Ecolo n’est pas encore parvenu à ce stade, mais il glisse progressivement vers une situation politique désespérée.