Pourquoi les passages piétons ne deviennent-ils pas glissants sous la pluie ?
La réglementation impose un « coefficient d’anti-glissance » de 0,45 pour que la peinture de marquage soit estampillée « NF », alors qu’il faudrait un « SRT supérieur ou égal à 0,55 » pour garantir une bonne adhérence. Selon la Fédération française des motards en colère (FFMC), 30 % des accidents de deux-roues motorisés sont dus à des défaillances sur les infrastructures routières, notamment à cause des marquages au sol.
Il y a 56 ans, l’homme a marché sur la Lune. Aujourd’hui, nous avons des voitures autonomes et même la possibilité de greffer des mèches de cheveux. Pourtant, il semble que nous ne soyons pas en mesure de créer des passages piétons qui ne deviennent pas glissants sous la pluie. En effet, ce que l’on appelle la signalétique horizontale, c’est-à-dire les marquages routiers à la peinture, reste un véritable cauchemar pour les conducteurs de deux-roues lorsqu’il pleut.
« C’est presque une religion, nous répétons cinquante fois par jour à nos élèves de faire attention aux bandes blanches sur la route », déclare Olivier Caenen, moniteur de moto chez Ozone formation dans le Nord, au micro de 20 Minutes. « J’ai tout de même l’impression qu’il y a une amélioration, mais c’est un problème persistant et je conseille d’éviter autant que possible les marquages », ajoute-t-il.
Grains de silice ou de verre pour éviter la glissance
D’après la Fédération française des motards en colère (FFMC), 30 % des accidents de deux-roues motorisés proviennent de défaillances sur les infrastructures routières. « En général, la glissance des chaussées est due à des gravillons, des flaques de gasoil, mais aussi aux marquages au sol », admet Eric Thiollier, animateur de réseau à la FFMC. Bien qu’il note des progrès dans les matériaux utilisés, avec des revêtements parfois plus adhérents que le bitume, il constate que les bandes blanches glissantes restent un problème très actuel.
En effet, les peintures routières homologuées ont été améliorées pour répondre aux nouvelles normes. La législation actuelle exige qu’une peinture de marquage ait un « coefficient d’anti-glissance » ou SRT. « Cela implique de saupoudrer le marquage frais avec des grains de silice ou de verre pour améliorer l’adhérence », explique un technicien de Geveko Markings, un fabricant de signalisation routière. Cependant, la valeur minimale requise est la plus basse, soit un coefficient de 0,45, alors qu’il faudrait un « SRT supérieur ou égal à 0,55 pour garantir une bonne résistance au glissement », révèle un blog spécialisé.
Coût, usure et règles de l’art
La méthode de fabrication est également un facteur à prendre en compte. « Nous respectons la certification Ascquer pour fabriquer nos peintures, mais encore faut-il que l’entreprise chargée des travaux suive le cahier des charges », reconnaît le technicien. « En plus des marquages mal réalisés, il faut considérer l’usure normale qui compromet les propriétés antidérapantes des marquages ainsi que l’utilisation de produits non homologués », ajoute Eric Thiollier de la FFMC.
À Sophia Antipolis, la signalétique horizontale d’une zone d’activités économiques a été récemment refaite « avec de la peinture routière homologuée, légèrement antidérapante », explique le service voirie de la communauté d’agglomération. Néanmoins, cette peinture demeure plus glissante que la résine à froid. Ce dernier matériau « est plus efficace, c’est vrai, mais son coût est 10 à 15 fois plus élevé et sa durabilité est moindre », précise-t-on. Un avis que partage le technicien de Geveko Markings : « Oui, c’est plus coûteux qu’une peinture classique, à peu près le double. Mais c’est aussi beaucoup plus résistant. »
Pour la FFMC, il est essentiel de rester vigilant et d’éviter autant que possible les dangers sur la route. Car en « cas de chute due à une ligne blanche glissante, à des feuilles sur la chaussée ou à un nid-de-poule, il sera difficile de trouver un responsable », déplore Eric Thiollier, animateur de réseau de la FFMC.

