Des Bretons envoyant des filets de pêche rencontrent Zelensky en Ukraine
Lundi après-midi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu par une petite délégation bretonne à Paris, dont Christian Abaziou, un habitant de Tréflez (Finistère) qui s’implique dans l’acheminement de fournitures en Ukraine. Ce mois d’octobre, Gérard Le Duff et Christian Abaziou ont réalisé deux allers-retours pour livrer dix-sept tonnes de soupes et des palettes de lait infantile, ainsi que des filets de pêche destinés à protéger les populations des attaques de drones.
Il n’a pas hésité à porter la doudoune qui lui avait été offerte. Lundi après-midi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est donc montré un moment avec une veste sans manches bleu marine portant le message : « Tout commence en Finistère. » Ce cadeau, remis par le conseil départemental, a été présenté par une petite délégation bretonne invitée à Paris par les services du président ukrainien. « Il voulait nous remercier », explique Christian Abaziou.
Depuis plusieurs mois, cet habitant de Tréflez (Finistère) s’investit avec d’autres pour tenter de faire parvenir des fournitures insolites sur le front ukrainien. Avec son association Kernic Solidarités, l’ancien maraîcher collecte d’anciens filets de pêche pour les expédier en Ukraine, où ils sont utilisés pour protéger les populations des attaques de drones de la Russie. « Ce sont des histoires émouvantes. Nos filets servent à protéger des écoles ou des hôpitaux », raconte Christian Abaziou.
Lundi, le Finistérien faisait partie de la délégation qui a rencontré Volodymyr Zelensky, après ses discussions avec Emmanuel Macron. Un échange demandé par l’entourage du président ukrainien, ému par la générosité de ces habitants éloignés de plus de 3.000 kilomètres du front. « C’est une de ses conseillères qui nous a contactés pour nous inviter. Je n’y croyais pas. C’était une vraie rencontre, il nous a écoutés et remerciés. Il avait les larmes aux yeux », assure Christian Abaziou.
Ce retraité s’est, depuis plusieurs mois, associé à Gérard Le Duff pour rassembler des fournitures et les acheminer par camion en Ukraine. En octobre, les deux hommes ont effectué deux allers-retours pour livrer des produits offerts par des entreprises bretonnes, transportés dans le camion rénové par le retraité. Dans la remorque : dix-sept tonnes de soupes fournies par la Sill, ainsi que des palettes de lait infantile offertes par le groupe Even. Mais aussi ces fameux filets de pêche qui protègent les Ukrainiens des drones. « C’est une Ukrainienne vivant en Bretagne et que nous connaissons bien qui nous a soufflé l’idée. Les filets sont remplacés tous les quinze mois sur les chalutiers. Sur les plus grands bateaux, il y en a 100 kilomètres. Donc c’est une ressource abondante ici en Bretagne. »
Des filets résistants sélectionnés
Au lieu de laisser les filets s’accumuler dans les ports ou dans les hangars, les pêcheurs ont maintenant le réflexe de les donner. Mais pas n’importe lesquels. « Ils doivent être résistants. Utiliser des filets pour la sardine ne sert à rien. Nous prenons ceux qui sont destinés à la lotte, car ils sont plus durables », précise le retraité breton.

Dans les deux semaines à venir, deux nouveaux convois vont quitter la Bretagne pour retourner à Kherson. Mais cette fois-ci, ce ne sera pas l’association Kernic Solidarités qui financera l’opération, mais le département du Finistère. « Nous sommes très petits. Et là, nous n’avons plus un sou », prévient l’ancien maraîcher.

