France

Affaire Le Scouarnec : « Il ne s’est pas rendu solvable » pour les indemnisations.

Ce lundi 4 novembre, la cour criminelle du Morbihan se penchera sur l’indemnisation des victimes de l’ancien chirurgien Joël Le Scouarnec. L’audience ne portera pas sur les faits, qui ont déjà été jugés, mais uniquement sur l’indemnisation des victimes.


Le nom de celui que l’on qualifie de « pire pédocriminel de France » est de nouveau devant la justice. Ce lundi 4 novembre, la cour criminelle du Morbihan se penche sur l’indemnisation des victimes de l’ancien chirurgien Joël Le Scouarnec. Condamné en mai à vingt ans de prison pour plusieurs viols et agressions sexuelles, l’ex-médecin ne sera probablement pas présent dans la salle des assises où il a déjà été incarcéré durant trois mois. Le pédocriminel sera représenté par ses deux nouveaux avocats, désignés par les bâtonniers de Lorient et de Vannes.

L’audience de ce lundi ne portera pas sur les faits, déjà jugés, mais uniquement sur l’indemnisation des victimes. « Ce sont des audiences techniques, peu compréhensibles pour les clients », explique Me Esther Prouzet, l’une des avocates de Joël Le Scouarnec. Étant donné le nombre de victimes, la somme totale pourrait atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros.

Peu de victimes devraient être présentes. Cette audience, qualifiée de « sur intérêts civils », devrait traiter environ cinquante dossiers de victimes directes ainsi que ceux de proches, tels que des parents, frères, sœurs ou conjoints, ayant subi les conséquences des actes horribles de l’ancien médecin. Pendant près de trente ans, Joël Le Scouarnec a abusé de son statut de chirurgien pour violer et agresser sexuellement des patients, dont beaucoup étaient mineurs. La plupart du temps, les victimes étaient anesthésiées et n’en avaient aucun souvenir.

L’horreur et l’ampleur de ses actes n’avaient été exposées qu’en 2017, lorsque la gendarmerie a découvert des carnets dans lesquels l’ancien médecin avait noté le nom de ses victimes et les abus qu’il leur avait infligés. Un individu qui continue d’infliger de la souffrance à ceux qu’il a abusés. En effet, les victimes savent déjà que leur agresseur ne pourra pas les indemniser. « Il ne pourra pas payer. Il s’est rendu insolvable au moment de son divorce. Il avait transmis sa maison à son ex-femme. Il persiste dans sa manipulation et sa perversion », déclare Manon Lemoine, victime de Joël Le Scouarnec.

À la tête du collectif de victimes constitué lors du procès, elle ne nourrit plus d’espoir vis-à-vis du pédocriminel. « Ce qui me dérange, c’est qu’il ne verse que 30 euros par mois au fonds de garantie destiné aux victimes. Pendant ce temps, son ex-femme continue de recevoir 2.500 euros de pension », critique la jeune femme. Marie-France Le Scouarnec a été accusée par plusieurs victimes d’avoir eu connaissance des agissements de son mari. Des écrits de Joël Le Scouarnec semblaient le confirmer. Au cours du procès, elle avait également offert un témoignage aussi désastreux que lamentable à la barre de la cour criminelle de Vannes. « Joël Le Scouarnec a toujours prétendu qu’il voulait écouter ses victimes et les aider à se reconstruire. Pourtant, il ne prend pas en charge les réparations », souligne Manon Lemoine.

Pour espérer obtenir une indemnisation, les victimes devront se tourner vers la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions et espérer que leur dossier soit accepté. Une procédure quelque peu complexe, qui n’est pas toujours accessible à toutes les victimes, souvent en état de vulnérabilité. Une fois l’indemnisation validée, les fonds proviendront du fonds de garantie des victimes (FGTI) créé en 1986 pour venir en aide aux victimes d’attentats, mais qui a depuis été étendu à toutes les victimes d’infractions.

Ce lundi, la cour criminelle examinera donc chaque dossier défendu par les avocats. « Le rôle est de rester dans l’application de la loi en matière d’indemnisation, afin qu’il ne soit pas demandé n’importe quoi et qu’il y ait une certaine uniformité dans les montants attribués », précise Me Esther Prouzet, nommée pour ce procès. D’autres audiences seront programmées dans les mois à venir pour statuer sur l’ensemble des dossiers.