Le bulletin climatique de la Belgique n’est pas fameux : transition lente.
La Belgique a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 31% par rapport à 1990. En revanche, l’empreinte carbone belge moyenne se situe entre 10 et 15 tonnes d’équivalent CO₂ par personne par an.
Pourquoi un baromètre ?
Rappelons d’abord les objectifs fixés pour la Belgique : réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % (par rapport à 1990) d’ici 2040 et participer à l’effort européen pour parvenir à la neutralité climatique d’ici 2050. En résumé, cette neutralité climatique vise à égaliser les émissions de GES avec leur élimination pour atteindre idéalement un « zéro émission nette » et ainsi mieux lutter contre le réchauffement climatique.
Le baromètre de la transition 2025 a pour but d’évaluer cette transition à l’aide de plus d’une centaine d’indicateurs (émissions, consommation d’énergie, ventes de véhicules électriques et de pompes à chaleur, capacité installée des énergies renouvelables, etc.) avec des données récentes (2023).
Ce point sur la situation doit permettre de comprendre les évolutions actuelles des émissions de gaz à effet de serre dans notre pays et d’anticiper les tendances futures.
Où en est-on ?
Commençons par une note positive : la Belgique a réussi à réduire de 31 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, même si la consommation finale d’énergie dans le pays a augmenté d’environ 15 % sur la même période.
Cette tendance est encourageante, mais pas suffisante, souligne le rapport. Cette baisse ne conduira pas à la neutralité climatique recherchée pour la moitié du siècle.
Quatre secteurs progressent trop lentement : l’industrie, la transformation d’énergie (électricité et raffinage), les bâtiments et l’agriculture. Par exemple, le secteur énergétique a réduit ses émissions de 47 % depuis 1990 grâce à une production d’électricité en partie décarbonée. Cependant, le rapport indique que l’électrification chez les consommateurs ne progresse pas à un rythme adéquat. Quant à l’agriculture, ses émissions ont diminué en 35 ans, mais stagnent depuis une dizaine d’années. Ce secteur utilise cependant moins d’engrais et a réduit son cheptel dans le secteur de l’élevage, qui est sur la bonne voie.
Deux secteurs voient même leurs émissions augmenter : le transport international et l’utilisation des terres. Les émissions du transport aérien et maritime sont en hausse, ces secteurs utilisant presque exclusivement des énergies fossiles.
Enfin, la situation est moins claire pour le transport domestique. Le nombre total de voitures et le nombre de voitures par personne continuent d’augmenter. L’électrification du parc automobile progresse trop lentement, malgré l’augmentation significative du nombre de véhicules de société électriques.
Encourageons-nous : si les efforts se poursuivent à ce rythme jusqu’en 2050, il est possible d’atteindre le Graal de la zone « zéro émission nette », grâce à nos éoliennes, la consommation de bioénergie, l’énergie dans les bâtiments et l’industrie, ainsi que les émissions des transports passagers et de marchandises, et du secteur de l’industrie chimique et de l’élevage.
Quels secteurs émettent quoi ?
Les cinq secteurs les plus émetteurs sont : l’industrie (28 %), le transport (25 %), le chauffage des bâtiments (18 %), la production d’énergie (16 %) et l’agriculture (11 %).
La répartition des émissions de GES est la suivante : principalement le dioxyde de carbone (CO₂, 86 %, issu notamment de la combustion des combustibles fossiles), ensuite le méthane (CH₄, 8 %, principalement émis par le secteur agricole), le protoxyde d’azote (N₂O, 4 %, principalement émis par l’agriculture et l’utilisation d’engrais) et enfin les gaz fluorés (2 %, provenant principalement des secteurs industriels comme la réfrigération/climatisation ou encore la fabrication de mousse).
Cependant, nos puits de carbone, tels que les forêts et la végétation, n’absorbent plus autant qu’auparavant, ce qui est préoccupant. Pourquoi ? Emilie Taylor, du service Changement climatique du SPF Santé publique, explique : « D’une part, on continue à artificialiser nos sols et à transformer certaines prairies en zones agricoles. D’autre part, ce que l’on constate dans les inventaires d’émissions, c’est une légère augmentation des surfaces forestières, mais la capacité par hectare des forêts à capter du CO₂ est plutôt en diminution. » Or, augmenter la capacité de stockage des sols est essentiel pour atteindre cette neutralité climatique.
Le Belge a une empreinte carbone démesurée
Une nouveauté dans ce rapport 2025 par rapport à la première édition : le calcul de « l’empreinte carbone ». C’est un indicateur de l’impact de notre consommation sur l’environnement, notamment à travers les émissions de gaz à effet de serre. L’empreinte carbone de la Belgique prend en compte toutes les émissions générées par les biens et services consommés dans le pays.
Lors de l’achat d’un nouveau téléphone, il convient de considérer son lieu de production, les matériaux utilisés et son mode de livraison. Cette empreinte peut être mesurée pour un individu, mais aussi pour une entreprise ou un pays.
D’après le baromètre, à l’échelle individuelle, l’empreinte carbone est restée à un niveau similaire à celui de 1990, bien que l’on observe une stabilisation, voire une diminution depuis le début des années 2010. Cependant, l’empreinte carbone totale de la Belgique a augmenté par rapport à 1990.
Il est également à noter que la Belgique est importatrice nette de gaz à effet de serre : cela signifie que tout ce que nous importons génère plus d’émissions que ce que nous exportons. La part des émissions importées est en augmentation.
Les grands défis à relever
En conclusion, il est clair que la Belgique n’est pas encore sur la bonne voie pour atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Des défis persistent dans tous les secteurs d’émission. Les tendances observées sont particulièrement inquiétantes pour trois secteurs : le transport domestique, le transport international et l’utilisation des sols.
Réécouter : journal parlé du 3 novembre 2025
Journal parlé du 3 novembre 2025
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