Belgique

Profil des suspects et recherche des bijoux : où en est l’enquête sur le cambriolage du musée du Louvre ?

Deux nouvelles personnes ont été inculpées et placées en détention provisoire samedi, portant à quatre le nombre de suspects écroués. Les deux hommes habitant Aubervilliers, âgés de 34 et 39 ans, sont soupçonnés d’avoir fait partie du commando et ont été arrêtés le 25 octobre.


Deux nouvelles personnes arrêtées mercredi soir ont été inculpées et placées en détention provisoire samedi, portant à quatre le nombre de suspects écroués.

Ces deux individus comprennent un homme de 37 ans, suspecté d’être l’un des quatre membres du commando ayant dérobé les bijoux, ainsi que sa compagne de 38 ans, selon la procureure de Paris, Laure Beccuau.

« Il reste au moins un auteur à retrouver, plus les commanditaires. »

Deux autres hommes vivant à Aubervilliers, âgés de 34 et 39 ans, sont également soupçonnés d’avoir participé au commando.

Arrêtés le 25 octobre – l’un à l’aéroport de Roissy alors qu’il tentait de rejoindre l’Algérie, et l’autre à Aubervilliers – ils ont été inculpés et écroués mercredi.

« Il y a quatre auteurs, il en reste au moins un à retrouver, plus sans doute le ou les commanditaires », a déclaré le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez au Parisien.

Dimanche sur France Info, Mme Beccuau a également mentionné la possibilité d’autres complices, évoquant l’utilisation de « véhicules relais ».

Elle a toutefois souligné qu’aucune preuve ne permettait à ce stade de parler d’une complicité au sein du Louvre.

Les deux hommes d’Aubervilliers « se sont livrés à des déclarations » considérées « minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier », selon Mme Beccuau.

Ils sont inculpés pour vol en bande organisée (15 ans de réclusion criminelle encourus) et association de malfaiteurs en vue de préparer le crime de vol en bande organisée (10 ans encourus), tout comme l’homme de 37 ans.

Sa compagne est, quant à elle, suspectée de complicité de vol commis en bande organisée et association de malfaiteurs.

Le couple, qui « a des enfants ensemble », a « contesté toute implication », a précisé Mme Beccuau.

L’homme « s’est refusé à toute déclaration », a complété la procureure sur France Info.

Le couple a été interpellé après la découverte d’ADN leur appartenant dans la nacelle du monte-charge utilisé durant le cambriolage.

Les résultats de l’homme « sont importants », tandis que ceux de la femme soulèvent des questions, les enquêteurs s’interrogeant sur un éventuel « ADN de transfert », c’est-à-dire « déposé sur quelqu’un, sur un objet, qui est ensuite redéposé dans la nacelle ». « Tout ça méritera d’être investigué », a souligné Mme Beccuau.

Concernant les hommes d’Aubervilliers, celui de nationalité algérienne a été identifié grâce à de l’ADN retrouvé sur un des scooters utilisés pour la fuite, tandis que l’ADN du second a été découvert sur une des vitrines fracturées et des objets abandonnés au Louvre.

Les deux hommes d’Aubervilliers, soupçonnés d’être ceux ayant pénétré dans la galerie d’Apollon, ont « été impliqués dans une même affaire de vol pour laquelle ils ont été condamnés en 2015 à Paris », selon la procureure.

Âgé de 34 ans, l’Algérien était sans activité récente, mais avait auparavant travaillé comme ripeur (ramassage d’ordures) ou livreur. Le second est un chauffeur de taxi clandestin de 39 ans. Il est connu pour des vols aggravés et doit être jugé mercredi à Bobigny pour avoir dégradé un miroir dans un commissariat en garde à vue.

« Les profils ne correspondent pas à ceux que généralement on associe au haut du spectre de la criminalité organisée. »

Le casier de l’homme du couple comporte « mention de 11 condamnations, dont une dizaine déjà pour des faits de vol » significatifs, a déclaré Mme Beccuau.

Lors d’une audience devant le juge des libertés, à laquelle l’AFP a pu partiellement assister samedi, sa compagne, résidant à La Courneuve, était en pleurs, affirmant avoir « peur » pour ses enfants et pour elle-même.

Les profils ne correspondent pas à ceux « que généralement on associe au haut du spectre de la criminalité organisée », a indiqué Mme Beccau, tout en précisant qu’« aujourd’hui, on a des profils pas très connus en criminalité organisée qui montent assez vite sur des faits extrêmement graves ».

Les différentes perquisitions n’ont « pas permis de retrouver » les bijoux, a souligné la procureure.

M. Nunez, qui a exprimé sa confiance quant à la possibilité de récupérer les objets volés, a évoqué plusieurs hypothèses, « y compris qu’ils soient déjà écoulés à l’étranger ».

D’après la procureure, l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels examine tous les « marchés parallèles » de revente.

Parmi les hypothèses, elle a suggéré que les bijoux puissent être « une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu de la criminalité organisée », en tant que « monnaie d’échange ».