France

Un micromoteur de la taille d’un grain de riz pour réguler la contraception féminine ?

La start-up néerlandaise Choice, associée à l’entreprise française de deeptech Silmach, prévoit que « le dispositif pourrait être sur le marché d’ici 2030 ou 2032 ». Un micromoteur de « 1 millimètre sur 10 pour 0,1 millimètre d’épaisseur, soit la taille d’un cheveu » a été élaboré par la société de 25 salariés implantée à Besançon (Doubs).

Un objet de la taille d’un grain de riz pourrait-il « révolutionner » la contraception féminine ? La start-up néerlandaise Choice, en collaboration avec l’entreprise française de deeptech Silmach, y croit fermement. « Le dispositif pourrait être commercialisé d’ici 2030 ou 2032 », affirme Peter van de Graaf, l’initiateur de ce projet.

Ancien dessinateur industriel à l’université technique d’Eindhoven, il travaille sur cette idée depuis près de quinze ans. « J’ai beaucoup voyagé et réfléchi à la démographie. Dans le monde, environ 40 % des grossesses ne sont pas désirées », explique-t-il, citant un chiffre de 2022 du Fonds des Nations unies pour la population. « C’est cela qui m’a inspiré. On doit pouvoir choisir d’avoir un enfant avec son corps. »

Pour cette raison, le chercheur de 63 ans a eu une idée innovante. « Je voulais que la stérilisation soit réversible, donc j’ai pensé à des valves. Elles permettront de créer une barrière et d’empêcher le contact entre l’ovule et les spermatozoïdes. J’ai souhaité les implanter à l’endroit le plus approprié, dans les trompes de Fallope. »

Il restait à développer une technologie miniature. « Peter a pensé à nous car il avait une connaissance approfondie de l’horlogerie », indique Pierre-François Louvigné, directeur d’une entreprise ayant conçu les premières montres à aiguilles sans rouages mécaniques. « Quand il m’a sollicité pour un système plus petit qu’un grain de riz permettant d’ouvrir et de fermer une valve, ça ressemblait un peu à un projet de science-fiction. Mais nous avons beaucoup travaillé… »

« Aucun effet secondaire »

Le résultat ? Un micromoteur mesurant « 1 millimètre sur 10 pour 0,1 millimètre d’épaisseur, soit la taille d’un cheveu » a été créé par la société, qui emploie 25 personnes à Besançon (Doubs). « Il est en silicium, la matière utilisée dans les semi-conducteurs et l’électronique, précise le directeur général. Il fonctionne grâce à un principe électrostatique et consomme très peu d’énergie. De plus, il est inoxydable, inerte et pourra accompagner les femmes toute leur vie sans nécessiter de remplacement. »

Si cette innovation parvient à être commercialisée, elle devra encore franchir de nombreuses étapes. « Nous avons déjà réalisé des tests in vitro (dans du verre) et nous allons passer aux tests in vivo en 2026. Pour le moment, il n’y a aucun effet secondaire », assure le CEO de Choice. « Nous devons tout vérifier absolument, être certains que cela fonctionne parfaitement. »

La taille du micromoteur est minuscule... plus petite qu'une mine de crayon !
La taille du micromoteur est minuscule… plus petite qu’une mine de crayon ! - Silmach

Peut-être que ce petit dispositif pourra effectivement être implanté dans des corps humains. « L’intervention se fera chez le gynécologue, comme pour un stérilet, et ne sera ni invasive ni douloureuse », indique Peter van de Graaf. « Pour activer les valves, il faudra également retourner chez un spécialiste. Nous avions pensé à une télécommande ou une application au départ, mais nous y avons finalement renoncé. »

« Une révolution »

« Cela devrait prendre environ une heure pour ouvrir et fermer le dispositif. Cela laisse le temps à la personne de prendre conscience de ce qu’elle fait », ajoute Pierre-François Louvigné, évoquant, comme son partenaire néerlandais, « une révolution » dans le domaine de la contraception grâce à ce système. Mais s’agit-il d’un simple gadget qui pourrait rappeler la science-fiction et ouvrir la porte à des dérives ?

« Honnêtement, compte tenu des méthodes de contraception actuelles, je ne le pense pas. La pilule, c’est jouer avec les hormons et cela a malheureusement eu des conséquences pour de nombreuses femmes. Ici, nous parlons d’un dispositif passif qui n’interagit avec le corps d’aucune manière et qui est installé une seule fois. » Contrairement au stérilet.