France

Budget 2026 : Le ministre de l’Economie s’inquiète de la « sorcellerie fiscale »

Le ministre de l’Economie, Roland Lescure, a déclaré que « tout n’est pas acceptable » concernant certaines mesures votées par les députés sur le budget 2026, qu’il qualifie de « sorcellerie fiscale ». Selon un calcul de la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, les mesures votées jusqu’ici portent le taux de prélèvements obligatoires à 45,1 % du produit intérieur brut (PIB), « plus qu’en 2013 où il était à 44,8 % ».


En pleine discussion sur le budget 2026 à l’Assemblée nationale, certaines mesures adoptées par les députés sont mal perçues par le ministère de l’Économie. Parmi celles-ci, des dispositions visant à alourdir la fiscalité des entreprises.

Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a donc tenu à avertir les parlementaires. Dans une interview accordée à *La Tribune Dimanche*, il critique ce qu’il appelle « la sorcellerie fiscale ». Il plaide à nouveau en faveur « d’un budget de compromis » qui représente « un équilibre entre sérieux budgétaire et stabilité politique », tout en avertissant : « Tout n’est pas acceptable ».

### Lescure dénonce des mesures « inopérantes »

« Cette semaine, ont été votées des mesures, peut-être liées à la perspective d’Halloween, totalement inopérantes ! », déclare-t-il, en mentionnant une taxe sur les bénéfices des multinationales jugée « inapplicable ». Il qualifie cela de « sorcellerie fiscale ». « On peut décider en théorie d’exporter notre problème de déficit et de faire payer le monde entier. Mais en pratique, ce n’est tout simplement pas possible. […] À ceux qui disent « on va avoir 30 milliards d’euros de recettes magiques », je réponds : « Nous aurons 30 milliards d’ennuis magiques » ».

Concernant le pacte Dutreil, qui permet d’alléger la fiscalité lors des transmissions familiales d’entreprises, le ministre exhorte à ne pas « brader les entreprises françaises ». « Le pacte Dutreil est un outil essentiel de la préservation du capitalisme familial à la française. Il est utile. Mais peut-on corriger, ici ou là, des excès signalés par certains ? Regardons-y ! En revanche, si le résultat de ce qui sera voté à l’Assemblée mène à brader les entreprises françaises, on se tirerait une balle dans le pied ».

### Un impôt sur la fortune improductive

Cette niche fiscale, qui fera l’objet de débats à l’Assemblée nationale, est critiquée notamment par le Parti Socialiste, qui y voit un moyen de réduire les droits de succession lors des héritages. Elle aurait entraîné une perte de recettes fiscales de 5,5 milliards d’euros en 2024, selon *Le Monde*, qui a consulté un extrait d’un rapport de la Cour des comptes à paraître prochainement.

D’après un calcul de la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, les mesures votées jusqu’ici portent le taux de prélèvements obligatoires à 45,1 % du produit intérieur brut (PIB), « plus qu’en 2013 où il était à 44,8 % ». Cela n’inclut pas l’impôt sur la fortune improductive adopté vendredi soir, dont le montant n’est pas encore estimé.