Tunisie

Viandes rouges : Une reprise en main totale est nécessaire

Le prix moyen de l’agneau a atteint 62 dinars le kilogramme, tandis que celui du veau (bœuf) avoisine les 42 dinars le kilogramme. La situation se dégrade pour les professionnels, notamment en raison du phénomène persistant des commerçants sans licence qui achètent du bétail à bas prix aux éleveurs pour le revendre aux bouchers à des prix exorbitants.

Il semble que la notion de consommation comme résultat d’une chaîne, dont le premier maillon est le producteur, ne soit pas encore bien comprise.

Que l’on parle d’un produit agricole ou manufacturé, le parcours reste le même, avec des intervenants différents.

La Presse — Nous nous efforçons de moderniser nos infrastructures telles que les télécommunications, le système de santé, les routes, le réseau électrique et la distribution d’eau, etc.

Pourtant, nous continuons à abattre des animaux tels que des moutons, des vaches ou des chameaux sur les trottoirs ou devant des boucheries, et ce, sans aucun contrôle vétérinaire ou sanitaire.

Ce phénomène ravit d’ailleurs des millions de touristes qui immortaliseront ces scènes en photos. Cela représente une honte sous de nombreux aspects, au regard de notre longue histoire civile.

Cette introduction vise à souligner que la question des viandes rouges revient régulièrement sur le devant de la scène, notamment avant le Ramadan ou l’Aïd.

Cette situation perdure simplement parce qu’elle n’a pas été traitée de manière adéquate. Comme c’est le cas pour le problème des dépôts et des chambres froides installées illégalement, dont la détection est devenue plus fréquente grâce à la création de nouvelles unités spécialisées au sein de la garde nationale municipale.

Le sujet des viandes rouges, comme nous le rappelons souvent dans nos colonnes, est intrinsèquement lié à un réseau, un cartel solidement établi depuis des années, très uni et difficile à percer.

Pour y faire face, il ne suffit pas de visites, mais il est essentiel de mettre en place une organisation complète.

Cela débute par le respect des lois et régulations en vigueur. L’abattage des animaux est prohibé en dehors des abattoirs et sans contrôle vétérinaire préalable. C’est une évidence.

Cependant, ces règles sont ignorées sur l’ensemble du territoire. Cela profite aux spéculateurs qui ont pris le contrôle de ce secteur et l’ont verrouillé.

Ils achètent en masse contre espèces sonnantes et trébuchantes, imposent les prix et personne ne peut rien y faire. Ils ne montrent aucun scrupule pour préserver le cheptel.

Les brebis sont particulièrement touchées. Elles sont moins chères, et les restaurants et établissements de méchoui les servent abondamment à des clients satisfaits, heureux de ce substitut vendu à prix d’or.

Et personne ne réagit.

La réaction de ce qui a été indiqué précédemment ne fait en réalité que confirmer une situation qui aurait dû être réglée plus tôt.

Ahmed Al-Amiri, président de la Chambre nationale des bouchers, a déclaré que le prix moyen de l’agneau a atteint 62 dinars le kilogramme, tandis que le prix du veau (bœuf) est près de 42 dinars le kilogramme.

Il a également ajouté que les prix du bœuf devraient connaître une augmentation sans précédent avec l’approche du Ramadan, atteignant 52 dinars le kilogramme au début de ce mois sacré.

Le président de la Chambre nationale des bouchers a confirmé que la situation se détériore pour les professionnels, en raison du phénomène persistant des commerçants non habilités qui achètent du bétail à bas prix chez les éleveurs pour le revendre à des prix exorbitants aux bouchers.

Quelles solutions envisager ?

En prenant en charge les bouchers, qui sont souvent dominés par les spéculateurs contrôlant le marché des viandes rouges, nous effectuerons l’une des premières et des plus cruciales actions pour réguler ce marché.

Il serait pertinent de régulariser l’établissement de boucheries qui s’installent les unes à côté des autres, mettant ainsi sous pression la ville, le quartier, tout en pratiquant des prix similaires.

On dirait qu’ils ont tous mystiquement les mêmes frais généraux. Nous devrions limiter l’ouverture de nouveaux points de vente selon les besoins locaux, afin de mettre un terme à l’anarchie actuelle.

Il faut interdire l’abattage des animaux à l’intérieur ou devant les établissements, sous peine de retrait immédiat de l’autorisation d’exploitation, et garantir un contrôle sanitaire et vétérinaire.

Enfin, imposons à ces boucheries, qui réalisent des profits considérables, de fournir une facture en bonne et due forme, enregistrée et vérifiable.

Voilà un programme qui n’entravera pas le marché. Actuellement, les viandes rouges sont considérées comme un produit de luxe, jusqu’à ce que l’on prenne enfin la décision de s’en préoccuper.

Ce moment ne devrait pas tarder. Le consommateur attend cette reprise en main bienvenue, qui ne peut émaner que d’un nouveau corps constitué, possédant ses propres réseaux et ses informations.

Kamel GHATTAS