Tourisme saharien : Des trésors encore sous-exploités à découvrir
En 2024, parmi les 9,2 millions de touristes qui ont visité la Tunisie, seulement 10 % se sont rendus dans le sud. Selon les sources officielles, il est question de multiplier par 3 les nuitées dans les régions sahariennes d’ici 2030.
Si le sud du pays attire à peine une fraction des visiteurs étrangers, il pourrait pourtant devenir un pilier d’un tourisme durable, authentique et innovant, à condition de repenser son modèle de développement.
Le Sahara tunisien, vaste et poétique, demeure l’un des joyaux les plus sous-exploités du pays.
Des dunes dorées de Douz aux montagnes lunaires de Tamaghza, en passant par les oasis de Tozeur et Nefta, le désert tunisien regorge de paysages spectaculaires et d’un patrimoine culturel millénaire. Pourtant, le tourisme saharien peine encore à s’imposer comme un pilier du secteur touristique national.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus de se demander si le Sahara peut devenir un moteur de croissance, mais plutôt comment le promouvoir et le moderniser de manière durable.
Un potentiel encore trop peu valorisé
Selon les chiffres de l’Office national du tourisme tunisien (Ontt), moins de 10 % des visiteurs étrangers s’aventurent au-delà du littoral.
D’ailleurs, d’après la même source, parmi les 9,2 millions de touristes qui ont visité la Tunisie en 2024, seulement 10 % se sont rendus dans le sud.
Pourtant, le tourisme saharien représente 3.000 emplois directs, un nombre appréciable à préserver, voire à développer.
Les sources officielles évoquent même la possibilité de tripler les nuitées dans les régions sahariennes d’ici 2030.
Il est important de noter que le tourisme balnéaire continue de capter la majorité des investissements et des infrastructures.
Cependant, le sud offre une expérience unique alliant authenticité, aventure et dépaysement total, qui attire de plus en plus de voyageurs en quête d’authenticité et d’écotourisme.
Moderniser le tourisme saharien ne signifie pas bétonner le désert, mais plutôt adapter les infrastructures et les offres aux attentes des voyageurs contemporains.
Il est nécessaire d’encourager des hébergements durables utilisant des matériaux locaux et des énergies renouvelables, de développer des plateformes interactives pour réserver en ligne des excursions, incluant cartes, guides audio et itinéraires thématiques, de moderniser les routes d’accès et de promouvoir des véhicules électriques adaptés aux milieux désertiques, tout en mettant en valeur la musique, la gastronomie et l’artisanat sahariens à travers des festivals et des ateliers participatifs.
Initiatives locales inspirantes
À Tozeur, des entrepreneurs locaux se tournent déjà vers le tourisme expérientiel. Le concept de «campements intelligents», qui allie confort, connexion Internet et respect de l’environnement, attire une clientèle européenne en quête d’authenticité.
À Douz, le Festival international du Sahara se positionne chaque année comme une vitrine du patrimoine nomade, combinant courses de méharis, poésie bédouine et gastronomie du désert.
Le défi réside dans la création d’un écosystème économique autour du Sahara, qui profite aux habitants et pas seulement aux tour-opérateurs.
Pour que le tourisme saharien devienne un levier de développement durable, une vision intégrée et à long terme est essentielle.
Parmi les pistes à explorer : la formation des jeunes du sud aux métiers du tourisme et du numérique, la promotion des investissements privés dans les zones sahariennes par le biais d’incitations fiscales, l’établissement d’un label «Tourisme saharien durable», garantissant le respect de l’environnement et des communautés locales, et la promotion du Sahara tunisien à l’international à travers des campagnes ciblées mettant en avant le tourisme d’aventure, le bien-être et le cinéma.
Le Sahara, décor rêvé du cinéma et des nouvelles tendances
Des films cultes comme «Star Wars» ou «Le Patient anglais» ont mis en lumière les paysages surréalistes du sud tunisien.
Aujourd’hui, avec l’essor du tourisme cinématographique et du «slow travel», le désert pourrait redevenir une scène mondiale, à condition d’être bien raconté, bien protégé et bien géré.
Les industries cinématographiques émergentes, notamment chinoise, turque et coréenne, pourraient être ciblées.
Moderniser le tourisme saharien ne se limite pas à améliorer les infrastructures. C’est un choix stratégique et culturel : celui de faire du sud tunisien un modèle de tourisme durable, créatif et inclusif.
Le Sahara a le potentiel de devenir le cœur battant d’un nouveau tourisme tunisien plus vert, plus humain et plus intelligent. Mais celui qui souhaite aller loin doit ménager sa monture.
Mohamed Hédi ABDELLAOUI

