High-tech

Qu’est-ce que le rasoir d’Ockham (ou d’Occam) ?

Le rasoir d’Ockham est un principe philosophique qui propose que « les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité ». Guillaume d’Ockham, un philosophe anglais, a vécu de 1285 à 1347 et a été soupçonné d’hérésie par les autorités religieuses de son temps.

Peu connu du grand public, le rasoir d’Ockham n’est pas un appareil rivalisant avec les rasoirs Bic, mais un principe philosophique ayant marqué l’histoire des sciences. Si vous en avez entendu parler, c’était probablement lors des débats animés qui ont émergé pendant la crise du Covid ou au sujet d’une théorie du complot, d’où son utilisation fréquente pour déconstruire des argumentations pseudoscientifiques ou conspirationnistes. Explications.

Qui était Ockham ?

Guillaume d’Ockham (ou d’Occam) est la francisation du nom d’un philosophe anglais, William of Ockham, qui a vécu de 1285 à 1347. Sa logique rigoureuse, remettant en question certains postulats théologiques, le rendit soupçonné d’hérésie par les autorités religieuses de son époque.

Qu’est-ce qu’un rasoir philosophique ?

Ce terme renvoie à un principe permettant de « raser », c’est-à-dire d’éliminer les hypothèses improbables pour comprendre un phénomène. Ces outils visent à prioriser les données les plus susceptibles d’être vraies et, in fine, les plus facilement vérifiables.

Que propose le rasoir d’Ockham ?

Dans une démarche d’économie, le rasoir d’Ockham avance que « les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité », parfois reformulé par « les entités ne doivent pas être multipliées au-delà de ce qui est nécessaire ».

Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie que l’hypothèse la plus simple est probablement la bonne, ou du moins qu’elle doit être examinée en premier. Il ne s’agit pas d’affirmer que l’hypothèse la plus simple est systématiquement la bonne, mais de l’analyser en priorité. Si cela ne mène à rien, il sera toujours possible d’explorer d’autres hypothèses, plus complexes.

À quoi cela sert-il ?

Lorsqu’on cherche à démontrer ou à comprendre un phénomène, certaines hypothèses comportent plus d’« entités » (d’éléments) que d’autres. Plus une explication est élaborée, plus il devient difficile de vérifier ses données. Cela permet donc de gagner du temps et de ne pas multiplier inutilement les risques d’erreurs.

Un exemple simple

Des bruits nocturnes vous dérangent dans votre sommeil ? Les hypothèses « économes » suggèrent qu’il s’agit de courants d’air, de boiseries qui gonflent ou de rongeurs, plutôt que de fantômes. Pourquoi cela ? Parce que ces phénomènes sont reconnus, bien compris et facilement identifiables. Poser l’hypothèse de fantômes nécessite de prouver leur existence, celle de la vie après la mort, ainsi que celle de l’âme, puis de comprendre comment les fantômes interagissent avec le monde matériel et, enfin, de développer une méthode efficace pour les chasser. Vous résoudrez probablement votre problème de bruit plus vite en cherchant une cause dont l’existence est déjà établie.

Pourquoi cela s’applique-t-il aux théories du complot et aux pseudosciences ?

Parce que ces dernières reposent souvent sur des raisonnements complexes. Leur vraisemblance s’appuie généralement sur un empilement d’arguments issus d’éléments non vérifiés, voire impossibles à vérifier.

Pour illustrer par un exemple simple (et peu polémique), affirmer l’existence d’une Terre plate entraîne des complications… astronomiques. D’une part, expliquer les mouvements des astres, les cycles de la Lune et l’alternance jour-nuit devient un véritable casse-tête. D’autre part, il faut se justifier de la raison pour laquelle une conspiration impliquant des centaines de milliers, voire des millions d’individus, reste secrète, ainsi que de savoir pourquoi personne – y compris les « platistes », qui auraient tout à gagner – n’a réussi à se rendre au bord de la Terre et à en rapporter des images, etc.

Même (et surtout) sans compétences en physique, faire confiance au consensus scientifique est… plus « économe ».