« La peur et l’envie se rencontrent avec Marie »
Marie s’infiltre décrit son style comme un terrain de jeu infini, affirmant : « Il n’y a pas vraiment de style. Mon style varie en fonction de mes envies, de mon état ». Elle mentionne également son rêve de tourner un film intitulé « Rien ne m’arrête », qui raconte l’histoire de trois amis confrontés à la maladie de l’une d’entre elles.

« J’aime jouer avec moi-même, avec le réel, avec le style »
Marie s’infiltre réussit à se faire une place sur tous les plateaux télé, avec une audace qui surprend et amuse. À peine installée sur le plateau de François De Brigode, elle réagit à l’introduction du présentateur : « Franchement, quel démarrage quoi ! Qu’est-ce que je vous ai fait, personnellement ?« . Un clin d’œil, un rire, et la distance se réduit. Son talent consiste à provoquer pour mieux établir une connexion.
Cependant, cette provocation est le reflet d’une réelle compréhension de son art. « La caricature, elle se fait à la fois dans un truc totalement grotesque et avec une subtilité. On ne peut pas y aller à la truelle non plus« , déclare-t-elle. Pour elle, l’humour agit comme un scalpel : il tranche sans blesser, il augmente sans trahir.
Elle définit son style comme un espace de jeu illimité. « Il n’y a pas vraiment de style. Mon style varie en fonction de mes envies, de mon état. Parfois, il va être assez rigolo, d’autres fois plus raffiné, parfois poétique, parfois plus littéraire. […] J’aime pouvoir jouer avec moi-même, avec le réel, avec le style, avec la forme. Ça m’amuse« .
Cette quête du décalage est présente dans tout son travail, notamment dans ses vidéos tournées en Belgique. Celle sur Charleroi, réalisée pour promouvoir son spectacle, a suscité de nombreux commentaires : un mélange d’humour noir et d’exagération assumée. Elle s’exprime librement, sans filtre, mais sans malice.
Derrière le culot, toujours un peu de peur
Pour Marie s’infiltre, la peur n’est pas un obstacle mais un indicateur d’action. « Oui, je fonce« , explique-t-elle. « Ce n’est pas quelque chose de naturel en moi, c’est un mot d’ordre. J’essaie de ne jamais m’arrêter à ma limite, à ma peur, de toujours me forcer à viser plus haut, plus fort, plus loin pour me dépasser« .
Elle considère que la peur ne doit pas être étouffée, mais apprivoisée : « On n’a pas peur quand ce n’est pas important. On n’a pas peur lorsqu’on est indifférent. La peur, je l’associe très fortement à l’envie. Lorsqu’elle arrive, il faut l’accueillir comme quelque chose de joyeux, de positif« .
Cette affirmation résume bien sa philosophie. Le trac, dit-elle, sert de boussole. Il montre que ce que l’on fait a vraiment de l’importance à nos yeux.
« J’ai vraiment cette image d’un monstre à dompter »
Sur scène, cette idée prend vie. Avant chaque représentation, Marie s’infiltre ressent une pression même avec son expérience et sa familiarité avec la scène : « Avant une salle aussi importante, je rentre comme ça, et juste avant que la lumière s’allume sur moi, j’ai vraiment cette image d’un monstre à dompter. […] Je me dis : la dernière des personnes, tout au fond, il faut que je lui parle comme si elle était là, présente. C’est une énergie très importante, avec beaucoup d’intensité… C’est pour ça que je gueule très fort« .
Le spectacle est structuré autour de cette intensité. Il mélange des passages directs et des moments de vulnérabilité, avec plusieurs niveaux d’interprétation : « Il y a des choses très cash dans le spectacle, mais il y a aussi beaucoup de lectures […] J’essaie de ne jamais me censurer sur aucun sujet. Pour moi, plus le sujet est grave et plus il va falloir en parler« .
Pour Marie, tout repose sur la nuance. Dire sans simplifier, provoquer sans réduire.
De Benson Boone à Baudelaire
Lorsque Marie s’infiltre discute de ses inspirations, son ton devient léger et musical : « Je ne suis jamais fan, mais alors là, je suis fan totale« , dit-elle en parlant du chanteur américain Benson Boone. « C’est une bête de scène. Il est beau comme un dieu, d’une intensité incroyable. Et surtout, il ne se prend pas au sérieux« .
Quelques instants plus tard, l’atmosphère change radicalement. Marie s’infiltre récite L’invitation au voyage de Charles Baudelaire, un poème qu’elle affirme avoir « sans cesse en tête« . Sa voix est lente et posée, contrastant fortement avec son ton habituel, révélant un autre aspect de l’artiste.
Avant de quitter le plateau, et en réponse aux recommandations culturelles habituelles de François, Marie s’infiltre partage son rêve le plus cher : « Mon rêve de bonheur, c’est de pouvoir tourner le film que j’ai écrit pendant trois ans. […] C’est un film qui parle de trois amis, c’est une histoire vraie, c’est mon histoire, de trois amis qui vont tout révolutionner dans leur vie du jour au lendemain lorsque l’une d’entre elles tombe gravement malade. Ça s’appelle ‘Rien ne m’arrête’« .
Une belle façon de conclure cette rencontre, où Marie s’infiltre démontre que fragilité et joie peuvent coexister dans une même énergie.
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