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Etats-Unis : Trump réaffirme son souhait d’essais nucléaires, sans précisions.

Interrogé sur la possibilité de tests d’armes nucléaires, il a déclaré maîtriser « ce que nous faisons, où nous le faisons » sans fournir de précisions. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Russie dispose de 4309 ogives nucléaires, contre 3700 pour les États-Unis et 600 pour les Chinois.


Interrogé sur la possibilité de parler d’essais d’armes nucléaires ou de la détonation d’une charge nucléaire, le responsable a refusé de préciser, affirmant simplement maîtriser « ce que nous faisons, où nous le faisons ». La veille, il avait fait des déclarations qui avaient provoqué une onde de choc à l’échelle mondiale, déclarant : « En raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au ministère (de la Défense) de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité » avec la Russie et la Chine.

Cette décision a entraîné des réactions vives. Dernier en date, l’Iran, accusé par les pays occidentaux et Israël de développer l’arme nucléaire malgré ses démentis, a déclaré que les États-Unis faisaient peser « le risque de prolifération le plus dangereux au monde ». Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a qualifié cette décision de « mesure régressive et irresponsable » et de « menace grave pour la paix et la sécurité internationales », ajoutant que « le monde doit s’unir pour demander des comptes aux États-Unis ».

Des survivants japonais des bombes d’Hiroshima et Nagasaki, les seules utilisations de l’arme nucléaire en août 1945, se sont joints aux protestations.

Les déclarations de Donald Trump vont « à l’encontre des efforts déployés par les nations du monde entier pour construire un monde pacifique sans arme nucléaire et sont absolument inacceptables », a dénoncé l’organisation Nihon Hidankyo dans une lettre adressée à l’ambassade des États-Unis au Japon. À Kuala Lumpur, le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, qui venait de rencontrer son homologue chinois, a justifié cette décision en affirmant qu’il était nécessaire d’avoir une « dissuasion nucléaire crédible ». Il a estimé que « reprendre les essais est une manière assez responsable, très responsable de le faire », sans toutefois préciser le type d’essais envisagés, en se contentant de dire : « Nous travaillerions avec le ministère de l’Énergie ».

Aucune puissance n’a effectué d’essai nucléaire officiel depuis trente ans, à l’exception de la Corée du Nord, qui en a réalisé six entre 2006 et 2017. Cependant, de nombreux pays, y compris les États-Unis, réalisent régulièrement des tests de vecteurs, tels que des missiles, sous-marins et avions de chasse. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Russie possède 4 309 ogives nucléaires déployées ou stockées, contre 3 700 pour les États-Unis et 600 pour la Chine. Ces chiffres ne tiennent pas compte des ogives destinées à être démantelées.

Dans un contexte géopolitique tendu, aggravé par le retour périodique de la rhétorique nucléaire depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, Washington alimente les tensions. Les essais « ne doivent jamais être permis », a insisté jeudi Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, rappelant « l’héritage désastreux des plus de 2000 essais nucléaires menés ces 80 dernières années ».

Les États-Unis sont signataires du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Tice), et faire exploser des ogives constituerait une violation flagrante. La décision de Donald Trump est en réponse aux manœuvres de Moscou, le président russe Vladimir Poutine ayant récemment annoncé un essai final réussi d’un missile de croisière d' »une portée illimitée », ainsi qu’un essai de drone sous-marin. Le Kremlin a précisé qu’il s’agissait d’essais d’armes pouvant porter une charge nucléaire, mais non de bombes elles-mêmes, espérant que « le président Trump en a été informé correctement ».

De son côté, Pékin a souhaité que Washington respecte « sérieusement » ses obligations internationales et prenne « des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération ». La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican), lauréate du Prix Nobel de la paix en 2017, a jugé les intentions américaines « pas claires » et dénoncé « une escalade inutile et imprudente de la menace nucléaire ».