Paris Games Week : Laura Bijaudy (Altaya) et le cosplay malgré sa maladie
La Paris Games Week a lieu jusqu’au 2 novembre. Altaya Bijaudy, connue sous le nom d’Altaya Cosplay, a 28 ans et est atteinte de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, ce qui l’amène à se déplacer principalement en fauteuil roulant.
Des adolescents, beaucoup d’adolescents, du bruit, énormément de bruit, et des clics… Pas de doute, *20 Minutes* a pénétré l’univers du jeu vidéo à la Paris Games Week, qui se déroule jusqu’au 2 novembre. Si l’envie de tester les dernières nouveautés est forte, c’est dans le hall 1, au stand F7, celui de LoveCraft Asso, que le rendez-vous a été pris. Ici, pas de gamers en train de jouer, mais des costumes soigneusement exposés, représentant des personnages fictifs très réalistes. C’est dans cet espace que nous attendons Laura Bijaudy, connue dans ce milieu sous le nom d’Altaya Cosplay, qui finalise sa transformation.
Atteinte de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, provoquant des troubles de la marche, Altaya Cosplay se déplace le plus souvent en fauteuil roulant et adapte ses costumes à son « équipier », qui l’accompagne dans ses aventures. Les deux sont d’ailleurs pratiquement inséparables. Si le cosplay représente un véritable défi au quotidien pour la jeune femme, notamment parce que cet univers n’est pas (encore) complètement adapté aux personnes handicapées, il a également été, dès le départ, une forme de libération.
À 28 ans, Altaya découvre le cosplay et les mangas à l’âge de 8-9 ans, mais pense qu’elle ne pourra jamais vivre sa passion à cause de son handicap. « Aller à des conventions signifiait prendre mon fauteuil roulant et je n’étais pas d’accord avec ça. Je voulais avoir l’air normale aux yeux de tout le monde », confie la cosplayeuse. C’est finalement sa meilleure amie qui la persuade de créer le costume de son personnage préféré, Luffy de *One Piece*, et de transformer son fauteuil roulant en bateau pirate, le Vogue Merry, à l’aide de morceaux de carton peints à la main. « Ce jour-là, ça a été le déclic d’une longue aventure puisque je n’ai pas arrêté. »
« Je me suis retrouvée en Luffy »
Il est impossible de ne pas remarquer le large sourire qui illumine Altaya lorsqu’elle parle de sa passion pour le cosplay. Encore plus lorsqu’elle évoque ce tout premier personnage qui l’a aidée à accepter son fauteuil roulant. « C’est un garçon qui veut devenir le roi des pirates et partir à l’aventure. Mais un jour, il mange un fruit du démon et (selon la malédiction, ndlr) il ne peut plus prendre la mer sinon il coule. Je me suis reconnue dans ce personnage qui doit peut-être abandonner ses rêves, mais qui décide malgré tout de partir à l’aventure. »
Elle n’a pas abandonné ses rêves et le doit surtout à sa créativité, sa détermination et sa persévérance. Créer des costumes est un véritable défi pour elle, qui a appris au fil des ans à écouter son corps. « La maladie provoque de nombreux tremblements dans les doigts et de la fatigue musculaire, donc faire du cosplay, c’est aussi savoir se dire qu’il faut se reposer après avoir passé deux heures à découper ou dix minutes à travailler une perruque », explique Altaya. Elle ajoute que les gestes de précision nécessaires à la création de costumes l’aident également à mieux contrôler ses tremblements.
Le cosplay en mode multijoueur et inclusif
Pour ceux qui en doutent encore, le cosplay n’est ni une activité marginale, ni quelque chose à observer avec un sourire sceptique. Selon une étude de Data Bridge Market Research, le marché mondial des vêtements de cosplay devrait atteindre une valeur d’environ 1.199 millions de dollars d’ici 2028, avec un taux de croissance annuel de 4,4 % entre 2021 et 2028. Et il suffit de se promener dans les allées de la Paris Games Week pour constater le nombre d’adeptes, souvent en groupe.
C’est également le cas d’Altaya, qui, lorsqu’on la rejoint, opère sa transformation entourée d’autres cosplayeurs. Tous sont membres de LoveCraft Asso, une association qui « valorise la créativité, l’entraide, la bienveillance et l’accessibilité à travers le cosplay », se définit-elle en ligne. Ces valeurs sont essentielles pour Altaya, qui considère que ces conventions sont devenues incontournables mais restent éprouvantes. « Ça m’a permis de prendre confiance en moi, mais aussi d’avoir des amis sur qui compter et qui me rappellent de me reposer lorsque je commence à fatiguer. Les membres de l’association sont toujours là pour me conseiller de souffler. Il y a beaucoup de bienveillance. »
L’univers du cosplay est également de plus en plus inclusif, permettant à la jeune femme de s’épanouir pleinement dans sa passion. « Je vois l’évolution par rapport à mes débuts, où c’était très difficile. Des rampes d’accès sont installées, des ascenseurs sont disponibles. Ça avance. Plus on en parle, plus il sera facile de trouver des solutions pour accueillir les personnes handicapées. » Un aspect essentiel selon Altaya, qui souligne que seule une communication claire pourra faire évoluer les choses.
De Luffy à Maelle, force et persévérance
Le costume pour lequel Altaya est particulièrement reconnue est celui d’un chasseur de *Monster Hunter*. Lorsqu’elle porte cette armure, elle est accompagnée d’un Palico porté sur son dos. Un accessoire imposant qu’elle n’aurait jamais pu porter sans son fauteuil roulant, cet équipier qui change aussi d’apparence selon ses transformations.
Si elle a commencé avec Luffy, c’est aujourd’hui dans la peau de Maelle de *Clair Obscur : Expedition 33* qu’elle accueille les visiteurs de la Paris Games Week. À la clé ? Une marinière dont le tissu a été délibérément abîmé et vieilli, et un maquillage plus vrai que nature. Un clin d’œil au concert symphonique prévu le 30 octobre, mais pas seulement. « C’est un personnage persévérant, à la fois très doux et très fort grâce à sa force intérieure, qui part à l’aventure pour changer son destin. C’est quelque chose qui m’a beaucoup touchée », confie la cosplayeuse. Cela évoque inévitablement quelqu’un.

