Belgique

Rob Jetten, sprinteur du centre gauche, est candidat au poste de PM néerlandais.

Rob Jetten a gagné son pari en se positionnant comme l’anti-Geert Wilders par excellence et a promis de rendre le logement plus abordable, en particulier pour les jeunes, avec un projet de création de dix nouvelles villes à travers le pays. Selon le journaliste de la VRT Jeroen Reygaert, « les Pays-Bas ont simplement soif de changement et Rob Jetten est tout ce que le gouvernement précédent n’était pas. »


Sur la scène, face à ses partisans, Rob Jetten jubile : « Des millions de Néerlandais ont tourné la page de Wilders aujourd’hui », déclare-t-il lors de son discours de victoire. « Des millions de Néerlandais ont dit au revoir à la haine, au négativisme. Ils ont choisi une force positive et une politique qui permet de regarder l’avenir ensemble. »

Rob Jetten a réussi son pari en se positionnant comme l’anti-Geert Wilders par excellence. Pendant la campagne, il a centré son message sur l’optimisme et le volontarisme, avec le slogan « Het kan wel » (c’est possible), rappelant le « Yes we can » de Barack Obama.

### L’antithèse de l’extrême droite populiste

Le leader charismatique de D66 a voulu incarner l’antithèse de l’extrême droite populiste, en mettant l’accent sur la diversité, l’égalité et la modernité. Il se présente comme jeune, ouvertement homosexuel et pro-européen. Pour l’emporter, Jetten a démontré son habileté lors des débats, n’hésitant pas à s’opposer frontalement à Geert Wilders.

« Les Pays-Bas ont simplement soif de changement et Rob Jetten est tout ce que le gouvernement précédent n’était pas », affirme le journaliste de la VRT Jeroen Reygaert. Selon lui, Jetten a également progressé durant la campagne électorale, devenant de plus en plus souriant et enthousiaste. Il a su créer un contraste entre son message positif et celui destructeur de Wilders. Son parti pourrait ainsi devenir, pour la première fois, le plus grand des Pays-Bas.

### Un combat pour un avenir inclusif

Rob Jetten a réussi à faire remonter son parti, qui était encore cinquième dans les sondages il y a un mois, grâce à une fin de campagne marquée par un sprint remarquable. « Nous avons mené une campagne très positive car nous voulons éradiquer tout le négativisme qui règne aux Pays-Bas depuis quelques années », a-t-il expliqué à l’AFP. « Je veux replacer les Pays-Bas au cœur de l’Europe car, sans coopération européenne, nous n’existons pas. »

Alors que l’extrême droite semblait avoir l’avantage, son approche moderne et positive a réussi à séduire des électeurs en quête d’une politique plus inclusive et tournée vers l’avenir. Rob Jetten s’est ainsi présenté comme celui qui apporte des solutions concrètes aux préoccupations liées au logement, à la santé, à l’éducation et au climat, promettant de rendre le logement plus abordable, en particulier pour les jeunes, avec un projet de création de dix nouvelles villes. Certains observateurs soulignent aussi que son succès est dû à une approche moins « woke » et moins alarmiste au sujet du climat.

Cette stratégie lui a permis de rassembler les électeurs de gauche modérée et du centre, en s’adressant aussi bien aux déçus du parti libéral de droite VVD qu’aux électeurs du GLPVDA (cartel socialiste-écologiste) de Frans Timmermans. Un sondage de la NOS révèle que 22% des électeurs GLPVDA ont préféré voter D66 lors de ce scrutin.

### Le renouvellement du D66

Rob Jetten a renouvelé le message et l’image du D66, qui fête ses 59 ans d’existence. Se définissant comme un parti social-libéral, le D66 est plus progressiste que le VVD. Le nom D66 fait référence à l’année de sa fondation, 1966, par Hans Van Mierlo, qui devint plus tard ministre des Affaires étrangères. Le parti défend une économie de marché régulée, la légalisation du cannabis, de l’euthanasie et de l’avortement, tout en prônant une action ferme contre le changement climatique.

### De l’athlétisme à la politique

Rob Jetten a toujours été engagé au sein du D66 depuis sa jeunesse. Enfant, il rêvait de devenir athlète. « Le football et l’athlétisme étaient mes plus grandes passions », confie-t-il, ayant même entraîné Sifan Hassan, une future championne olympique, dans le rôle du lièvre.

Il se décrit également comme un « intello » à 12 ans, grandissant à Uden dans le sud des Pays-Bas, où il lisait deux journaux et regardait les informations matinales avant d’aller à l’école.

### Ascension fulgurante

Rob Jetten a fait ses débuts en politique lors de ses années d’études au sein de D66. Il est devenu conseiller communal à Nimègue, avant d’entrer au Parlement en 2017 à 30 ans. Sa montée a été rapide : il a été nommé chef du D66 l’année suivante, devenant le plus jeune leader du parti. En janvier 2022, il est nommé ministre du Climat et de l’Énergie dans le gouvernement Rutte IV, mais la popularité du D66 chute pour passer de 24 sièges à seulement 9 lors des élections de 2023.

Il a connu des débuts publics difficiles, gagnant le sobriquet de « Robot Jetten » en raison de ses lunettes, son regard sévère et ses phrases trop préparées. Cependant, il a appris à se détendre en public et devant les caméras.

### Un visage public : De slimste mens ter wereld

Récemment, il a participé à l’émission « De slimste mens ter wereld », un quiz populaire, permettant à de nombreux téléspectateurs de le découvrir sous un jour plus personnel. D’après Jeroen Reygaert, « Son succès est le résultat combiné de sa forme exceptionnelle pendant la campagne, de son message positif et de son passage dans De slimste mens. »

Rob Jetten est en couple avec le joueur de hockey sur gazon argentin Nicolás Keenan depuis 2022, avec un mariage prévu l’été prochain en Espagne.

### Scruté en Europe

Rob Jetten a réussi à s’établir comme un rempart progressiste et pro-européen face à l’extrême droite aux Pays-Bas. Ce scrutin est observé en Europe pour évaluer la résistance du populisme. Le PVV de Geert Wilders n’a pas réussi à mobiliser ses électeurs, une partie d’entre eux se tournant désormais vers une alternative perçue comme plus constructive et optimiste, tandis que d’autres partis refusent de continuer leur collaboration avec lui.