Aux Etats-Unis, les ménages ne maîtrisent plus la hausse de leur assurance santé.
Elle et son époux bénéficiaient jusqu’à présent d’aides liées au programme public d’assurance santé « Obamacare », mais ces dernières doivent expirer à la fin de l’année. Selon le cercle de réflexion KFF, une personne payant le coût moyen de 888 dollars en 2025 devrait ainsi s’acquitter de 1906 dollars en 2026.
Comme plus de 20 millions d’Américains de la classe moyenne, elle et son époux bénéficiaient jusqu’à présent d’aides liées au programme public d’assurance santé « Obamacare ». Cependant, ces aides doivent expirer à la fin de l’année, le parti républicain de Donald Trump refusant pour le moment de négocier leur extension.
Ce sujet est au cœur du bras de fer budgétaire entre républicains et démocrates qui paralyse l’administration fédérale américaine depuis un mois. À l’approche du 1er novembre, date d’ouverture des renouvellements et inscriptions des assurances, les ménages concernés ont découvert avec inquiétude les nouveaux tarifs.
« Au centime près »
« Cela rend fou », confie Audrey Horn, jeune retraitée du Nebraska, qui craint de voir son budget exploser. Actuellement, sa cotisation, entièrement prise en charge par l’État fédéral, s’élève à plus de 1 740 dollars par mois et devrait dépasser les 2 430 dollars en 2026, avec son importante subvention sur la sellette. « Je surveille nos comptes au centime près », raconte-t-elle, précisant qu’elle et son époux – employé dans une petite entreprise de BTP où il est payé à l’heure – n’ont pas les moyens d’absorber une telle augmentation. « Nous n’avons pas grand-chose […]. Nous vivons dans une toute petite maison. Nous conduisons de très vieilles voitures », confie-t-elle.
Aux États-Unis, seule la moitié des travailleurs dispose d’une assurance santé via leur employeur ; les autres – employés de petites entreprises, auto-entrepreneurs ou travailleurs à mi-temps – sont en grande partie couverts par « Obamacare ». Ce programme permet notamment, grâce à des aides, de « combler l’écart » entre les coûts exorbitants des assurances santé et ce que les gens peuvent réellement se permettre, explique Mark Shepard, économiste de la santé à l’université Harvard.
Or, ces subventions, renforcées pendant la pandémie de Covid-19, devraient diminuer voire disparaître, alors que le coût de la vie continue d’augmenter.
Selon le cercle de réflexion KFF, spécialisé dans les questions de santé, une personne payant le coût moyen de 888 dollars en 2025 devrait s’acquitter de 1 906 dollars en 2026. Une augmentation drastique qui devrait amener quatre millions d’Américains à renoncer à leur assurance santé, selon une estimation du Bureau budgétaire du Congrès. Cela risque d’augmenter la mortalité et de constituer un « fardeau pour l’ensemble de la société », prévient l’économiste Mark Shepard.
« Lorsque les gens ne sont pas assurés, ils tombent quand même malades et se présentent souvent aux urgences », où ils accumulent des dettes qui peuvent atteindre des dizaines de milliers de dollars, explique-t-il. Ce sont ensuite les hôpitaux et les collectivités locales « qui finissent par assumer le coût de ces soins ». « Si je résilie notre assurance maladie et que je dois aller à l’hôpital pour une crise cardiaque ou un AVC, comment vais-je payer la facture ? Je ne pourrai vraiment pas », ajoute Rachel Mosley, qui souhaite éviter cette situation à tout prix.
La mère de famille est d’autant plus opposée à cette idée qu’elle a frôlé la mort l’année dernière lors d’une crise cardiaque soudaine à 45 ans, croyant être en parfaite santé. Face à ce choix difficile, elle a contacté dernièrement les sénateurs républicains de son État pour les exhortez à changer de position, sans obtenir de réponse. À l’autre bout du pays, Claire Hartley, propriétaire d’un studio de yoga en Californie, a agi de même pour exhorter ses élus démocrates à « tenir bon ». « Plus les gens seront au courant des raisons pour lesquelles les prix sont si élevés, plus les chances de changement sont grandes », affirme-t-elle, craignant que sa cotisation ne double au 1er janvier.
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