Budget 2026 : L’Assemblée ne valide pas la taxe Zucman, le PS se tourne vers Lecornu.
L’Assemblée nationale examinait ce vendredi la question de la fiscalité du patrimoine et la taxe Zucman, qui était au cœur des discussions entre le gouvernement et le Parti socialiste. En fin de journée, Sébastien Lecornu a réaffirmé son « profond désaccord » avec la gauche sur cette taxation, tout en se disant favorable à renoncer au gel des pensions de retraite, reconnaissant que « la question du gel des retraites » n’était « pas acceptable » ni « acceptée par nos concitoyens ».

À l’Assemblée nationale,
L’Assemblée nationale a examiné ce vendredi la délicate question de la fiscalité du patrimoine et la célèbre taxe Zucman. Cette thématique est au centre des négociations entre le gouvernement et le Parti socialiste pour éviter la censure. « Nous sommes tous plongés dans l’inconnu, mais quand on regarde une série, il faut accepter de ne pas connaître la fin », a ironisé Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire, en milieu de journée.
Le suspense s’est poursuivi tout au long de la journée, alors que les députés se sont d’abord penchés sur une première mesure de taxation des hauts patrimoines visant les holdings. Cette mesure a finalement été votée dans l’hémicycle, mais son ampleur a été largement réduite par la droite et les macronistes, au grand désespoir de la gauche. « Ce que nous constatons depuis ce matin, c’est que Sébastien Lecornu n’est pas venu à l’Assemblée pour négocier avec Olivier Faure, mais avec Laurent Wauquiez… », a soupiré l’insoumis Eric Coquerel, dans la salle des Quatre colonnes.
« Moi, j’étais à la buvette avec les collègues »
Romain Eskenazi, député PS du Val-d’Oise, a affiché un ton plus optimiste : « Nous avons proposé une taxe Zucman, ils n’en veulent pas. Une Zucman allégée, ils n’en veulent pas non plus. Mais nous, nous ne sommes pas fixés sur les moyens, seulement sur l’objectif. Nous souhaitons récupérer 15 milliards d’euros sur les plus riches, peu importe comment… », a-t-il déclaré. « Et si le Premier ministre a décidé de venir aujourd’hui dans l’hémicycle, j’imagine que ce n’est pas simplement pour écouter les débats, mais pour annoncer quelque chose », a-t-il espéré.
Peu avant la reprise des discussions à 15 heures, France Inter a révélé que Sébastien Lecornu venait de déjeuner avec les responsables socialistes, Olivier Faure et Boris Vallaud. Cet événement pourrait être un signe que les négociations avancent. « Moi, j’étais à la buvette avec les collègues, il faut le dire si cela dérange. Ce n’est plus le 49.3, c’est le 13-14h ! », a répliqué Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. Toutefois, Olivier Faure a balayé cette critique sur X : « Ce n’était ni discret ni secret. Nous avons répondu à la demande du Premier ministre, qui souhaite voir l’ensemble des groupes politiques. Et pour ceux qui veulent connaître l’issue, nous n’avons pas avancé ni abouti », a précisé le leader du PS.
« Folie fiscale »
Dans l’après-midi, les discussions autour de la taxe Zucman n’ont pas réservé de surprise. « C’est une mauvaise taxe, elle nuit à l’économie, nuit à l’emploi, donc elle nuit aux Français. Il n’existe pas de taxe magique. C’est un miroir aux alouettes », a affirmé Paul Midy, député Renaissance d’Essonne. « Les milliardaires partiront et vous n’aurez rien. Les socialistes, vous n’y croyez pas ! Vous avez brandi la taxe Zucman pour justifier la non-censure, je regrette que nous perdions autant de temps à débattre d’une illusion… », s’est impatienté Jean-Philippe Tanguy pour le RN.
« Un débat fou », a également raillé Laurent Wauquiez, le président du groupe Droite républicaine. « Nous sommes contre la folie fiscale et la taxemania », a-t-il ajouté. Réplique immédiate de Boris Vallaud, le chef de file des députés socialistes : « La folie fiscale, c’est lorsque les PME et les classes populaires paient les impôts des multinationales qui ne les paient pas ». Alors que la gauche et la droite s’accusent longuement, le député Liot Charles de Courson a directement interrogé Sébastien Lecornu : « Que propose le gouvernement ? »
Un geste sur le gel des pensions de retraite annoncé
Le Premier ministre, assis sur son banc, continue de prendre des notes, sans réagir lorsque les députés rejettent la taxe Zucman et ses variantes. « S’ils ne veulent pas de Zucman, très bien. Il est maintenant temps que les choses se clarifient et qu’il se passe quelque chose », a soupiré Laurent Baumel.
En fin de journée, Sébastien Lecornu a réaffirmé devant l’hémicycle son « profond désaccord » avec la gauche concernant cette taxation, estimant qu’« il n’existe aucun impôt miracle » capable d’offrir un rendement élevé. Souhaitant néanmoins faire un geste positif envers le PS, le Premier ministre a déclaré être favorable à renoncer au gel des pensions de retraite et des minimas sociaux, reconnaissant que « la question du gel des retraites » n’était « pas acceptable » ni « acceptée par nos concitoyens ».

