Nabeul : la saison des agrumes n’est pas assurée
Le président de l’Union Régionale de l’Agriculture et de la Pêche (URAP) à Nabeul, Imad El Bey, a déclaré que la saison des agrumes fait face à de réelles menaces « qui pourraient mener à la perte de la récolte ». Il a également formellement démenti les informations selon lesquelles la récolte d’agrumes à Nabeul ne dépasserait pas 200 000 tonnes au niveau du gouvernorat et 300 000 tonnes au niveau national, qualifiant ces nouvelles de « fausses, exagérées et décourageantes ».

Imad El Bey, président de l’Union Régionale de l’Agriculture et de la Pêche (URAP) à Nabeul, a déclaré ce vendredi dans un communiqué à un journaliste de l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP) que la saison des agrumes est confrontée à de sérieuses menaces « qui pourraient entraîner la perte de la récolte ».
Il a demandé aux autorités centrales, en particulier aux ministères du Commerce et de l’Agriculture, ainsi qu’aux autorités régionales, de prendre des mesures exceptionnelles pour faciliter le transport et la vente des récoltes en dehors du gouvernorat de Nabeul, afin de sauver la saison et d’aider les agriculteurs.
Difficultés de commercialisation et « état de panique »
M. El Bey a précisé que le début de la saison des agrumes rencontre plusieurs obstacles qui ont engendré « un état de panique et de peur parmi les agriculteurs ». Cette situation résulte de la rareté des opérations d’achat des fruits sur pied et de la rigueur dans l’application des procédures légales lors du transport et de la commercialisation en dehors du gouvernorat de Nabeul, a-t-il déclaré.
Il a réitéré sa demande de « maintenir les mesures exceptionnelles adoptées l’année dernière, qui avaient permis de sauver la saison ». Il a insisté sur le fait que les agriculteurs souhaitent respecter la loi, mais demandent que leurs situations sociales et économiques soient prises en considération.
Il estime que la rigueur dans l’application des procédures pourrait être différée jusqu’à la réalisation des projets de marché de gros à Beni Khalled et de marché de production à Menzel Bouzelfa, qui seraient « le mécanisme idéal » pour organiser les opérations d’achat et de vente dans un cadre légal clair.
Il a expliqué que la demande de mesures exceptionnelles pour le transport et la commercialisation de la récolte par les commerçants de camions légers, connus sous le nom de « Douarjiya », émane du fait qu’« aucun marché de gros de la République ne peut absorber les 1 200 à 2 000 tonnes d’oranges collectées quotidiennement dans les zones de production ».
Rumeurs et prévisions de récolte
Par ailleurs, il a signalé que les déclarations et les nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux concernant l’obligation de présenter une « patente » (licence commerciale) et le fait qu’elle pourrait être obtenue pour seulement 400 dinars, ont provoqué de la confusion, plongeant les agriculteurs dans un état « de frustration et d’anxiété », compliquant ainsi le début de la saison.
Il a noté que bien que les autorités régionales aient tenu trois réunions consécutives pour résoudre les problèmes, les services de contrôle économique, malgré leur compréhension de la situation, « n’ont pris aucune mesure concrète », selon son évaluation.
M. El Bey a formellement démenti les informations diffusées depuis septembre dernier, qui affirmaient que la récolte d’agrumes à Nabeul (qui représente 70-80 % de la production nationale) ne dépasserait pas 200 000 tonnes au niveau du gouvernorat et 300 000 tonnes au niveau national. Il a qualifié ces nouvelles de « fausses, exagérées et décourageantes ».
Les prévisions de l’URAP à Nabeul estiment que la récolte sera similaire à celle de la saison dernière, soit environ 270 000 tonnes, grâce à un apport accru d’eau d’irrigation provenant des eaux du Nord et à l’amélioration des précipitations l’année précédente.
Il a cependant confirmé la nécessité de reconnaître « l’enregistrement d’une baisse non pas dans les quantités totales, mais seulement dans le pourcentage de fruits de grande taille, tombant d’environ 40 % la saison dernière à environ 25 % ».
Retard dans la lutte contre les ravageurs
Enfin, M. El Bey a souligné que les problèmes de la saison ne se limitent pas à la commercialisation, mais que la filière a également rencontré d’énormes difficultés dues à :
Un retard dans la lutte contre le ravageur de la mouche des fruits (Ceratitis capitata).
La décision de ne pas recourir à un traitement aérien et de se limiter au traitement biologique.
Un manque d’équipement pour poser un nombre suffisant de pièges, en raison de « blocages administratifs ».
Une seule opération de traitement réalisée au lieu de trois, ce qui a entraîné d’importants dommages à la production.
Il a conclu en affirmant que l’étendue et le pourcentage exact de ces dommages « ne pourront être chiffrés qu’après la fin de la saison ».

