« Ça : Pourquoi Ça ne fait toujours pas moins peur à Derry »
Bill Skarsgård a incarné le clown Pennywise, surnommé « Grippe-sou » en Français, depuis 2017. La série Ça : Bienvenue à Derry, qui explore les origines de ce personnage, est disponible sur HBO Max.
C’est l’un des personnages les plus fascinants du cinéma d’horreur, confiait Bill Skarsgård à 20 Minutes lors de la sortie du second volet de Ça en 2019. Il le connaît bien : c’est lui qui le joue depuis 2017. Six ans plus tard, le clown Pennywise (« Grippe-sou » en français) revient sur HBO Max pour la série Ça : Bienvenue à Derry, qui nous transporte au début des années 1960 pour explorer les origines de cet amuseur à l’esprit festif si particulier.
C’est en 1986 que Stephen King a donné vie au personnage, qui avait été interprété par Tim Curry dans un téléfilm mémorable qui a fait frissonner des générations de fans. « J’en ai fait longtemps des cauchemars, se souvient Gérard, 62 ans. Son sourire plein de dents et sa voix enjôleuse m’ont hanté longtemps ».
Mais qu’est-ce qui permet à ce héros de rester aussi terrifiant dans un monde où il aurait pu être éclipsé par l’ultra-violent Art de la saga Terrifier ? « Art est vraiment trop violent, insiste Gérard. Grippe-sou reste accessible à un public plus large même si ses actes sont atroces ».
Coulrophobie quand tu nous tiens
La coulrophobie, ou « terreur des clowns », est évidemment l’explication qui vient à l’esprit. « Les clowns font parfois peur aux enfants, comme on le voyait souvent dans les cirques. Ils sont donc liés à un archétype des terreurs profondes associées à l’enfance », explique Laurent Aknin, auteur du Dictionnaire des personnages du cinéma mondial aux éditions Nouveau Monde. L’apparence clownesque de Pennywise contribue à sa réputation, au point qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu le livre ou vu les films pour le connaître.
« Son apparence humaine est plus effrayante que lorsqu’on le voit en extraterrestre, confie Margaux, étudiante en cinéma de 18 ans. Le fait qu’il appartienne encore un peu à l’humanité ajoute à son côté flippant ». Andy Muschietti, réalisateur des films des années 2010 et showrunner de la série, partage cette vision : « Un clown représente la transgression, dit-il. Et Grippe-sou pousse le bouchon encore plus loin, parce qu’on sait qu’il ne s’interdit rien dans l’horreur ».
Comme chez soi (ou presque)
La petite ville américaine de Derry, qui sert de toile de fond à l’action, est typiquement américaine mais évoque aussi des souvenirs aux Français. « Elle me rappelle ma banlieue, près de Lyon, avoue Laura. Depuis que j’ai vu Ça, je me dis qu’il n’y a pas que dans un décor gothique que l’horreur peut vous surprendre ». Le caractère ordinaire des héros face à la créature renforce l’identification des lecteurs et des spectateurs.
« Cela pourrait être chacun et chacune d’entre nous. Je trouve que l’une des grandes forces de Stephen King, c’est de savoir transformer en terreur internationale des angoisses qu’on pourrait croire ancrées dans la réalité américaine », insiste Laura. Une voiture, un cinéma ou une baignoire, lieux familiers, deviennent des décors terrifiants dans la série en cours.
Confronter ses peurs
La saga Ça invite à confronter ses peurs et ses traumatismes, ce que Grippe-sou force ses victimes à faire lorsqu’il les amène à « flotter » dans son univers. Ses pouvoirs surnaturels donnent l’impression qu’il est indestructible. « Il est comme un psy maléfique, s’amuse Grégoire, 35 ans. Il plonge au plus profond de vous, prompt à saisir la moindre faiblesse intime pour vous détruire. C’est cent fois pire qu’un tueur en série ou un zombie qui n’en veulent qu’à votre physique ».
Même Stephen King éprouve encore de la peur pour son personnage. Il a qualifié la série de « géniale » et le pilote de « terrifiant ». Bien qu’il faille parfois se méfier de ses opinions, le romancier semble avoir raison sur ce point. Grippe-sou n’a pas fini de hanter les cauchemars des spectateurs.

