« L’homme de cendres » de Nouri Bouzid revient en Tunisie 40 ans après
Sorti en 1986, « L’Homme de cendres » remportait le Tanit d’Or aux Journées cinématographiques de Carthage et figurait la même année en sélection officielle au Festival de Cannes. La version restaurée de « L’Homme de cendres » s’apprête à retrouver le public tunisien à partir du 12 novembre.
Photo de Chiraz Ben Mrad
Sorti en 1986, « L’Homme de cendres » a remporté le Tanit d’Or aux Journées cinématographiques de Carthage et a été sélectionné la même année au Festival de Cannes. C’est le premier long métrage de Nouri Bouzid et le premier film produit par le regretté Ahmed Bahaeddine Attia, avec une direction de la photographie de Youssef Ben Youssef et un montage réalisé par Mika Ben Miled.
La Presse — Après sa première mondiale en juin dernier lors du 39e Festival Il Cinema Ritrovato à Bologne, la version restaurée de « L’Homme de cendres » (Rih Essed) est sur le point de retrouver le public tunisien à partir du 12 novembre.
Cette restauration est le fruit d’une collaboration entre la Cineteca di Bologna, la Cinematek de Bruxelles et Cinétéléfilms, soutenue par le ministère tunisien des Affaires culturelles. La distribution en salle est confiée à Hakka Distribution.
À l’approche de cette première nationale, une projection pour la presse a eu lieu mardi matin à la salle Tahar Cheriaâ de la Cinémathèque tunisienne, en présence du réalisateur Nouri Bouzid et de ses deux filles. Parmi les invités se trouvaient certains des acteurs du film, comme la cinéaste Salma Baccar, première assistante à la réalisation lors du tournage, et Souad Ben Slimane, l’une des interprètes du film.
Sorti en 1986, « L’Homme de cendres » a remporté le Tanit d’Or aux Journées cinématographiques de Carthage et a été en sélection officielle au Festival de Cannes. Il s’agit du premier long métrage de Nouri Bouzid et du premier film produit par le regretté Ahmed Bahaeddine Attia, avec une direction de la photographie de Youssef Ben Youssef et un montage assuré par Mika Ben Miled.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le film, notamment les jeunes générations, il s’agit d’une œuvre avant-gardiste qui traite du traumatisme sexuel de deux jeunes hommes, Hachmi et Farfat, violés durant leur enfance par leur patron ébéniste.
Hachemi, qui s’apprête à se marier, est brusquement perturbé par la réapparition de ce traumatisme. Tout est remis en question. Ce qui le lie à ce passé tragique et secret contraste avec un présent qui ne parvient pas à se libérer d’un retour obsédé à cette déchirure irréparable.
L’action se déroule à Sfax et permet d’analyser certains comportements sociaux à travers une multitude de personnages pittoresques et représentatifs.
Quarante ans après sa sortie, ce film emblématique retrouve son éclat d’origine grâce à Ciné-Sud Patrimoine et au travail minutieux des experts du laboratoire L’Immagine Ritrovata de la cinémathèque de Bologne. Cette restauration n’aurait pas pu se faire sans la détermination de Mohamed Challouf, cofondateur de Ciné-Sud Patrimoine, qui a porté cette initiative avec conviction.
Au-delà de la réhabilitation d’un patrimoine cinématographique précieux, cette projection rend également hommage à Nouri Bouzid, figure incontournable du cinéma tunisien et arabe, qui est aujourd’hui éloigné des plateaux pour des raisons de santé.
Elle met aussi en lumière la question de la sauvegarde de la mémoire cinématographique tunisienne et la nécessité de préserver des œuvres fondatrices qui requièrent une intervention urgente pour être restaurées et accessibles au public.
Dans la continuité de cet événement, une rencontre de sensibilisation et d’échange sur la restauration des films a été organisée le même jour par l’association ECHOS Cinématographiques et Hakka Distribution. À cette occasion, Céline Pozzi, cheffe de projet au laboratoire L’Immagine Ritrovata, a discuté avec Mohamed Challouf du processus de restauration du film et des enjeux liés à la préservation du patrimoine cinématographique tunisien.
Ce fut aussi l’opportunité de découvrir les différentes étapes de la restauration d’une œuvre cinématographique, ainsi que les nombreux projets entrepris par la Cineteca di Bologna. Nous y reviendrons.

