Italie : La Cour des comptes ne valide pas le projet de pont vers la Sicile.
Le gouvernement italien a prévu de commencer les travaux du pont en février au lieu de novembre, suite à la décision de la Cour des comptes d’invalider le projet. La Cour des comptes italienne doit publier ses motivations d’ici le 28 novembre.
Réunion d’urgence pour le gouvernement italien ce jeudi matin. L’exécutif, qui avait d’abord envisagé de contourner la décision de la Cour des comptes d’invalider le projet ambitieux de pont entre le continent et la Sicile, souhaite finalement y répondre de manière précise.
« Au lieu de commencer les travaux en novembre, nous commencerons en février », a déclaré le vice-Premier ministre Matteo Salvini, qui avait précédemment qualifié cette situation de « grave préjudice pour le pays ». « Nous avons attendu un siècle, nous attendrons un siècle et deux mois. » La Cour des comptes italienne doit publier ses motivations d’ici le 28 novembre. « Nous sommes convaincus d’avoir les arguments pour dissiper tous les doutes », a affirmé le ministre.
Un symbole pour le gouvernement
Maintes fois reporté, le Pont de Messine est un projet de 13,5 milliards d’euros visant à construire le plus long pont suspendu au monde, capable de résister aux vents violents et aux tremblements de terre entre la Sicile et la Calabre, dans le sud de l’Italie. Destiné à favoriser le développement de ces deux régions défavorisées, le projet est contesté en raison de son coût, dans un contexte de rigueur budgétaire, ainsi que pour ses conséquences environnementales.
Alors que le gouvernement souhaitait lancer les travaux dès cet automne, la Cour des comptes a annoncé jeudi qu’elle ne validait pas la délibération d’un comité ministériel approuvant le projet. Le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, qui a fait de ce pont un symbole, a rapidement accusé la Cour des comptes d’« ingérence intolérable ».
Un point noir financier
Cependant, face aux critiques du gouvernement, les magistrats se sont défendus dès jeudi matin, clarifiant que leur décision portait sur le « plan économique et financier de la réalisation du Pont, sans aucune évaluation de l’opportunité ni du bien-fondé de l’ouvrage ». De plus, « le respect de la légitimité est une condition indispensable pour la régularité des dépenses publiques », et si « les délibérations de la Cour ne sont certainement pas exemptes de critique, elle doit cependant s’exercer dans un cadre de respect pour le travail des magistrats », a précisé la Cour des comptes.
Dans l’opposition au gouvernement italien, le Parti démocratique, le Mouvement 5 étoiles et les écologistes ont condamné ces attaques contre les magistrats. Au cours de leurs trois années au pouvoir, Giorgia Meloni et ses ministres ont à plusieurs reprises critiqué le pouvoir judiciaire pour des décisions qu’ils considèrent comme politiques.

