Cambriolage au Louvre : Interpellations, mais pas de bijoux retrouvés.
Cinq personnes ont été interpellées à Paris et en Seine-Saint-Denis dans le cadre de l’enquête sur le vol de bijoux au musée du Louvre. Les huit bijoux dérobés, estimés à quelque 88 millions d’euros, restent introuvables.
Depuis le week-end dernier, l’enquête sur le vol spectaculaire de bijoux au musée du Louvre a connu une avancée significative. Dans la nuit de mercredi à jeudi, cinq personnes ont été arrêtées à Paris et en Seine-Saint-Denis. « L’un d’entre eux était un des objectifs des enquêteurs puisque nous avions des traces ADN le concernant, qui le lie, de notre point de vue, au vol », a indiqué la procureure de la République, Laure Beccuau, au micro de RTL. Les quatre autres suspects sont soupçonnés de détenir des informations sur le déroulement des faits. Cette opération fait suite à la mise en examen de deux trentenaires ayant « partiellement » reconnu leur implication dans ce casse du siècle.
Pour l’heure, les huit bijoux volés, estimés à environ 88 millions d’euros, restent introuvables. « Il y a deux axes dans cette enquête : un aspect assez classique avec la constatation des faits et un second très spécialisé sur les investigations autour de l’objet et sa circulation », a analysé une source proche du dossier. Il s’agit donc de deux enquêtes distinctes. En effet, la recherche d’individus qui laissent des traces et interagissent diffère de celle d’objets qui peuvent être facilement transférés, dissimulés, ou même modifiés. Ces objets ne possèdent pas de « puces » ni de « capteurs » pour les localiser.
Le premier volet, dédié à l’identification des auteurs, repose sur des techniques d’investigation classiques : environ 150 traces d’ADN ont été collectées sur la scène de crime. L’analyse de ces traces a permis d’aboutir à trois des sept interpellations. Les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) examinent également les communications téléphoniques pour préciser les rôles de chacun et identifier des complices ou des receleurs. Selon nos informations, l’un des membres du commando n’est pas parmi les interpellés, pas plus que le ou les commanditaires. Les hommes arrêtés apparaissent plutôt comme des « petites mains ». « Un vol comme celui-ci nécessite une certaine anticipation et organisation, il s’appuie vraisemblablement sur une structure criminelle solide », a expliqué une source policière.
Bien que les deux volets de l’enquête soient « imbriqués », les perquisitions n’ont pas permis de retrouver les bijoux. Il est même impossible de savoir s’ils ont été démontés pour être vendus en « pièces détachées » ou si elles ont été revendues dans leur intégralité à un collectionneur peu scrupuleux. « Des objets aussi identifiés et identifiables que ceux-ci ne peuvent pas être mis en circulation en France, estime cette source spécialisée. Ils risquent d’être recelés à l’étranger, ils le sont peut-être déjà, sinon ils sont « en attente », le temps de trouver le bon acheteur. » En d’autres termes, ces bijoux sont probablement conservés dans un coffre ou un endroit sûr, loin des regards. « Mais dès qu’ils vont ressortir, ils attireront forcément l’attention », a-t-il ajouté.
Les objets volés sont enregistrés dans une base de données, et la coopération internationale est en cours. Les marchés parallèles sont également surveillés. Depuis près de deux ans, les enquêteurs de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) utilisent un logiciel d’intelligence artificielle capable de repérer des objets sur internet ou le dark web, quelle que soit leur forme. Ainsi, même si les bijoux ont été dessertis, le logiciel peut identifier une pierre précieuse ou un diamant.
Les enquêteurs collaborent aussi avec des diamantaires, galeristes et commissaires-priseurs. « L’objectif des malfaiteurs est, à terme, de réintégrer les pierres ou les objets volés sur le marché légal car c’est là qu’elles prennent de la valeur. » En cas de doute, notamment si des certificats de provenance manquent, les revendeurs doivent alerter les autorités. Dans le cas contraire, ils deviennent complices d’un crime. Cependant, cela peut prendre des années pour être résolu. En 2024, un expert a signalé une faïence suspecte. Ses soupçons se sont avérés fondés : il s’agissait d’un objet volé… trente-sept ans auparavant.

