Belgique

Réforme du chômage : PS, PTB et Verts questionnent David Clarinval sur sa position.

Lundi, le vice-Premier MR a accusé les syndicats de « désinformation massive » sur les futurs exclus du chômage et a annoncé saisir l’Autorité de protection des données « quant à un usage abusif des fichiers en vue de propagande politique ». L’ONEM a indiqué que la proportion de personnes de nationalité étrangère qui seront exclues par cette réforme est de 19% et non de 57%.


Lundi, le vice-Premier ministre MR a accusé les syndicats de « désinformation massive » concernant les futurs exclus du chômage. Il a indiqué qu’il allait saisir l’Autorité de protection des données au sujet d’un usage abusif des fichiers à des fins de propagande politique et a invité « les personnes qui se posent des questions à propos de leur allocation de chômage à s’adresser directement à l’ONEM ».

Il faisait référence à une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, dans laquelle une animatrice de télévision affirmait que la CSC l’incitait, par e-mail, à participer aux actions contre le gouvernement en raison de sa situation, ce que l’ONEM lui aurait démenti.

La CSC a depuis largement réfuté ces allégations, qualifiant à son tour de « fake news » les déclarations du ministre.

Les propos du ministre Clarinval « sont graves », a réagi Sarah Schlitz. « D’abord envers les syndicats, qui sont les partenaires avec lesquels il doit négocier ses réformes […] Ensuite en invitant les citoyens à prendre contact avec l’ONEM alors qu’il est censé savoir qu’il ne dispose pas de toutes les informations relatives à tous les demandeurs d’emploi. » Elle a ajouté que cela « mine à tout le moins la confiance des citoyens envers les institutions qui ne savent plus vers qui se tourner. »

L’ancienne secrétaire d’État a également souhaité que le ministre s’explique sur ses « graves propos sur la nationalité des demandeurs d’emploi », après qu’un titre de Sudinfo a confondu nationalité et origine étrangère. « Je tiens à rappeler à M. Clarinval qu’il est le ministre de tous les Belges, et pas uniquement de ceux qui ont deux parents belges », a souligné Sarah Schlitz.

Le vice-Premier ministre Engagés Maxime Prévot a dénoncé, en ce qui concerne cette seconde polémique, le « raccourci inacceptable » fait dans la presse et « dans le chef de certains élus, qui eux-mêmes mélangent (à dessein ?) les concepts, entre le fait d’être d’origine étrangère et de ne pas être présenté comme Belge. »

Le député Ridouane Chahid (PS) a appelé à la démission du ministre Clarinval, tandis que sa collègue Sophie Thémont, à l’origine d’une question parlementaire ayant entraîné les prises de parole du ministre, a exprimé son « révolte » face à la stigmatisation pratiquée selon elle par ce dernier et le titre de presse. « Un ministre peut se tromper. Mais quand il ment deux fois, ce n’est plus une erreur, c’est une stratégie », a dénoncé le PS sur les réseaux sociaux.

« Un ministre a un devoir absolu de vérité. Quand la parole publique ment, c’est la démocratie qui recule. David Clarinval devra venir s’en expliquer au Parlement, assumer ses responsabilités et les conséquences de ses propos », a ajouté le Parti socialiste.

Dans son édition de jeudi, Sudinfo a corrigé les chiffres avancés, présentant ses excuses pour une « erreur d’interprétation née d’un malheureux malentendu entre le ministre et nous ».

Mercredi matin, sur Bel-RTL, David Clarinval a dit encore que « moins de la moitié » des personnes qui allaient être exclues du chômage ces deux prochaines années « sont Belges en réalité », une affirmation que les chiffres de la Banque Carrefour de la Sécurité sociale (BCSS) ne soutiennent pas. « Dire cela est un mensonge, M. Clarinval, un de plus », a mis en avant la députée Sofie Merckx.

L’équipe Décrypte de la RTBF a mené l’enquête sur les chiffres des exclus du chômage et il s’avère que Sudinfo a confondu les personnes d’origine étrangère et celles de nationalité étrangère. L’ONEM a indiqué que la proportion de personnes de nationalité étrangère qui seront exclues par cette réforme est de 19% et non de 57%.

De son côté, le syndicat socialiste FGTB a appelé jeudi à la démission de David Clarinval, pour avoir « menti à la population » lors de cette sortie de presse jugée « xénophobe ».

Le ministre fédéral de l’Emploi David Clarinval a réagi jeudi aux accusations d’erreurs, voire de mensonge, de sa part lorsqu’il a diffusé des statistiques sur les origines des personnes qui seront exclues du chômage, en affirmant qu’il s’opposait « à toute stigmatisation ».

« Pour clarifier : les chiffres que j’ai communiqués sur les futurs exclus du chômage, en réponse à une question parlementaire de Sophie Thémont, concernent bien l’origine, et non la nationalité, et se basent sur les données objectives de la Banque Carrefour de la Sécurité sociale », a précisé le vice-Premier ministre MR, dans un message sur le réseau X.

« Comme je l’ai répété à plusieurs reprises, je m’oppose à toute stigmatisation. Mon rôle est de défendre tous les travailleurs et toutes les personnes à la recherche d’un emploi, sans distinction », a-t-il ajouté.