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« Votre voix, amplifiée par l’IA » : un Français de Shenzhen ne défie pas Plaud et OpenAI-Jony Ive.

Laurent Le Pen, entrepreneur français, a lancé Moneypenny, un enregistreur vocal se connectant à ChatGPT, Claude ou Grok sans abonnement, après avoir réussi avec Omate et Oclean. Le lancement de Moneypenny est prévu pour le premier trimestre 2026.


L’entrepreneur français Laurent Le Pen, connu pour ses montres connectées (Omate) et ses brosses à dents intelligentes (Oclean), présente Moneypenny : un enregistreur vocal qui se connecte à ChatGPT, Claude ou Grok sans impliquer un abonnement. Face à Plaud et au projet confidentiel d’OpenAI avec Jony Ive, l’ancien designer d’Apple, le défi s’annonce ambitieux.

Laurent Le Pen a un parcours impressionnant dans le domaine du matériel technologique. En 2013, il lance Omate, une montre connectée sous Android qui rencontre un grand succès sur Kickstarter à une époque où le marché des wearables est encore naissant. Sa société perdure grâce à un pivot vers le service Wearable-as-a-Service, ciblant la sécurité des enfants et des personnes âgées.

S’ensuit Oclean, qui propose des brosses à dents connectées avec des capteurs IA, accumulant aujourd’hui 30 prix internationaux de design, 300 brevets et 50 millions de dollars de revenus annuels. Ses dix-huit années passées à Shenzhen lui donnent une maîtrise de la production et de la logistique que peu d’entrepreneurs français peuvent revendiquer.

Aujourd’hui, il dévoile son nouveau projet : Moneypenny, un enregistreur vocal avec une approche axée sur l’ouverture des API et la flexibilité tarifaire. Bien que prometteur, le projet évolue dans un contexte de marché complexe.

Le secteur des enregistreurs vocaux IA connaît une dynamique importante depuis 2023. Plaud a solidement établi sa présence avec ses appareils NotePin et Plaud Note, spécialement conçus pour la transcription automatique. Rewind offre son Pendant, qui enregistre toutes les interactions pour les rendre accessibles via IA. Humane a tenté de lancer son AI Pin, mais a déçu par des problèmes logiciels.

Cependant, l’annonce la plus marquante est celle du partenariat entre Jony Ive et Sam Altman. Fin 2023, Bloomberg a révélé que l’ancien designer phare d’Apple collaborait avec le CEO d’OpenAI sur un « appareil basé sur l’intelligence artificielle » destiné à un usage quotidien. Tang Tan, concepteur en chef des dernières générations d’iPhone, a quitté Apple pour rejoindre LoveFrom, le studio de design de Jony Ive, en vue de diriger l’ingénierie matérielle du projet. Sam Altman aurait également contacté Masayoshi Son (SoftBank) pour un financement multibillionnaire.

Ce projet est encore à l’état d’élaboration, mais témoigne d’une tendance : les grands acteurs de l’intelligence artificielle cherchent à se matérialiser dans des dispositifs physiques, au-delà des smartphones. Pour Oxtak et Moneypenny, cela signifie qu’il ne s’agit pas seulement de rivaliser avec des startups comme Plaud, mais de sepositionner avant que des géants tels qu’OpenAI, Meta et Google ne verrouillent le marché avec leurs écosystèmes fermés. Le timing s’avère donc crucial, et Oxtak fait face à un défi considérable.

Moneypenny se définit comme un enregistreur vocal compact doté de microphones MEMS de haute qualité, conçu pour capturer des réunions, des interviews et des séances de brainstorming en présentiel. L’appareil transmet ensuite l’audio brut et la transcription vers les modèles de langage choisis par l’utilisateur : ChatGPT, Claude, Grok, ou toute autre API compatible.

La proposition de valeur centrale repose sur l’ouverture de l’écosystème. Contrairement à Plaud, qui impose un modèle fermé avec des frais pour chaque minute de transcription, Oxtak permet aux utilisateurs de connecter leurs propres comptes API et d’utiliser le service selon leurs besoins. Les crédits Oxtak ne comportent aucune date d’expiration, offrant ainsi une flexibilité maximale : augmentation en période de forte activité, réduction lors des phases calmes.

Cette approche répond directement aux frustrations des professionnels face aux modèles d’abonnement rigides. Les journalistes, avocats, consultants et chercheurs utilisant déjà ChatGPT Plus ou Claude Pro peuvent ainsi maximiser leurs investissements existants, sans avoir à souscrire un nouvel abonnement pour chaque outil.

Le modèle économique des enregistreurs vocaux IA soulève les tensions du marché. Plaud facture des minutes de transcription par le biais d’un système de crédits, qui peut vite devenir coûteux pour les utilisateurs fréquents. L’utilisateur se trouve alors piégé dans un écosystème propriétaire : il doit passer par les serveurs de Plaud, utiliser leurs modèles et se conformer à leurs quotas.

Ce modèle crée une récurrence pour l’entreprise, mais occasionne des frictions pour l’utilisateur. Ceux qui enregistrent quotidiennement des interviews ou des réunions se retrouvent avec plusieurs abonnements superposés : ChatGPT, Otter.ai, Plaud, Notion AI, etc. La facture mensuelle augmente, la gestion devient complexe et surtout, les crédits non utilisés sont perdus.

Oxtak adopte une stratégie opposée : pas d’abonnement mensuel, mais des crédits à la carte sans expiration. L’utilisateur achète selon ses besoins, consomme à son rythme et conserve surtout le contrôle de ses données et de ses choix technologiques. Si Anthropic lance un modèle Claude plus performant demain, l’utilisateur peut facilement changer. Si OpenAI réduit ses tarifs API, il en bénéficie directement.

Cette flexibilité constitue un argument commercial puissant, à condition que trois éléments soient respectés : un prix d’entrée compétitif pour le matériel, une expérience utilisateur fluide pour la connexion API, et une qualité audio irréprochable, justifiant l’achat d’un appareil dédié plutôt que d’utiliser un smartphone.

Le lancement est projeté pour le premier trimestre 2026. Le marché n’a pas besoin d’un énième enregistreur vocal ; il a besoin d’un outil qui respecte les habitudes existantes, qui apporte une réelle valeur ajoutée par rapport au smartphone, et qui permet aux professionnels de se concentrer sur leur travail plutôt que sur la gestion de leurs abonnements technologiques.