Budget 2026 : Le Rassemblement national ne change-t-il pas d’avis sur la taxation des riches ?
La discussion sur la taxe Zucman, qui prévoit un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines à partir de 100 millions d’euros, aura lieu vendredi à l’Assemblée nationale. Le Rassemblement national a déjà rejeté cette mesure, avec Marine Le Pen déclarant : « Il n’en est pas question pour nous. Zucman, non. Ni light, ni hard, ni rien du tout ».
La question de la fiscalité occupe une place centrale dans les débats budgétaires à l’Assemblée nationale. La tension dans l’hémicycle pourrait s’intensifier ce vendredi avec la discussion attendue autour de la taxe Zucman. Soutenue par la gauche, cette mesure visant à imposer les plus riches est vivement critiquée par la droite et les macronistes. Elle est également désormais rejetée par le Rassemblement national. « Il n’en est pas question pour nous. Zucman, non. Ni light, ni hard, ni rien du tout », a affirmé Marine Le Pen mardi dans les couloirs de l’Assemblée. Ce changement manifeste un nouveau virage économique pour le RN ?
### De quoi s’agit-il ?
Cette taxe, initialement proposée par l’économiste Gabriel Zucman, prévoit un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines à partir de 100 millions d’euros, incluant les biens professionnels, et pourrait rapporter environ 20 milliards d’euros selon son concepteur. Au cœur d’un bras de fer entre le Parti socialiste et le gouvernement, la mesure, défendue par la gauche, a été rejetée en Commission des Finances la semaine dernière par les voix de la droite, du bloc central, et du Rassemblement national.
« Vous n’expliquez pas comment vous n’allez pas taxer les biens professionnels », a accusé alors Jean-Philippe Tanguy (RN), redoutant que la mesure ne provoque « une vague de désindustrialisation ». Pourtant, la taxe Zucman avait déjà été votée en février dernier par l’Assemblée nationale, où les troupes de Marine Le Pen s’étaient largement abstenues. Ce changement de position récente indique-t-il un nouveau cap économique pour le RN ?
### Un changement de cap ?
« C’est une fausse solution. Le niveau de cette taxe est intellectuellement extrêmement faible », a jugé fin septembre Jean-Philippe Tanguy. Pourquoi le parti s’était-il alors abstenu en février dernier sur cette même mesure, permettant son adoption ? « Parce qu’on voulait un débat sur la justice fiscale, ce débat est important et vital », a esquivé l’élu de la Somme sur France Info.
« En un an, ils ont peut-être pris quelques leçons d’économie », a ironisé Prisca Thevenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine. « Cela montre la fébrilité idéologique du RN dès qu’ils sortent des fondements idéologiques du FN sur l’immigration. Leur positionnement face à l’Europe, la politique de l’offre… ils sont en permanence en train de bouger », a accusé l’ex-porte-parole du gouvernement, Attal.
« Ils ont pris une position complètement inverse à l’année dernière, ce changement de pied symbolise une ligne libérale qui émerge petit à petit », a également relevé Erwan Balanant, député MoDem du Finistère. Le Rassemblement national affiche ces derniers mois un discours plus favorable aux entreprises sous la direction de son président, Jordan Bardella. « Le RN sera face à ses responsabilités vendredi : seront-ils du côté des Français qu’ils prétendent représenter ou du côté des milliardaires ? », a questionné Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire.
### Un impôt sur la fortune financière
Sauf retournement de situation, le RN devrait voter contre la taxe Zucman en hémicycle comme en commission, y compris contre sa version « light » récemment proposée par les socialistes. Cette version fixe le seuil de fortune à 10 millions d’euros (3 % d’impôt) et exclut de la taxe les entreprises innovantes et familiales. « C’est une mesure de spoliation, qui ne repose ni sur l’activité réelle, ni sur la rentabilité », a réagi Matthias Renault, député RN de la Somme. « Nous avons nos propres mesures, nous n’avons pas besoin d’aller chercher celles de la gauche ». Lors de la présentation de son contre-budget, le RN a mis en avant la suppression de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), plaidant pour l’instauration d’un « impôt sur la fortune financière » (IFF), censé rapporter 4 milliards d’euros.
« L’actuel IFI taxe la propriété à défaut d’imposer la fortune financière, dont une grande partie relève de la spéculation », a précisé Jean-Philippe Tanguy dans un amendement déposé par le RN au projet de loi de finances pour 2026. « L’IFI aura les mêmes taux et les mêmes seuils que l’ancien ISF. Les biens professionnels sont exclus de l’assiette de ce nouvel impôt pour s’assurer que cet impôt n’entrave pas la production de richesses », est-il ajouté.
Avant les débats sur la taxe Zucman, l’Assemblée nationale a voté mardi, contre l’avis du gouvernement, une taxe sur les bénéfices des grandes entreprises. Un amendement de La France insoumise, finalement adopté grâce aux voix du Rassemblement national, repose sur une idée originale d’Attac… et d’un certain Gabriel Zucman.

