Espagne : Un an après les inondations meurtrières, la colère persiste
La cérémonie d’hommage aux plus de 230 personnes disparues lors des inondations en Espagne s’est tenue à Valence, à 18 heures, en présence de nombreux maires et proches des victimes. Les autorités de la région de Valence ont décrété trois jours de deuil à Paiporta, où 56 morts ont été enregistrés.

«Lâche», «assassin» : La cérémonie en hommage aux plus de 230 victimes des inondations en Espagne, survenues il y a un an, a été marquée par des insultes contre Carlos Mazon, président de la région de Valence. Ces funérailles d’État, qui ont débuté à 18 heures à Valence, la troisième ville du pays, devaient être un moment solennel, mais la colère de nombreux habitants semble persister un an après la tragédie.
De nombreuses interrogations subsistent concernant la gestion calamiteuse de la catastrophe par le gouvernement régional de droite, et plus particulièrement par Carlos Mazon, dont les résidents des zones touchées réclament sans succès la démission. Bien qu’il se soit rendu à la cérémonie, il a évité de saluer les habitants, contrairement au roi Felipe VI, à la reine Letizia et au Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. Lors d’échanges brefs avec des représentants des victimes, le roi a mentionné : « C’est une journée pour se souvenir, mais pour vous, c’est tous les jours de l’année que vous vous souvenez. »
Plus de 230 morts
Les maires des 78 communes périphériques de Valence, durement frappées ce jour-là par des torrents d’eau et de boue, ainsi que 800 proches des 237 victimes, étaient également présents. La grande majorité des décès (229) ont eu lieu dans la province de Valence, tandis que huit personnes ont perdu la vie dans d’autres régions.
Lors de son arrivée dans la salle de la cérémonie, le roi a été applaudi par l’assemblée, quelques instants seulement après les cris à l’encontre du président régional. Ce dernier a exprimé mercredi matin de vagues regrets, sans reconnaître de faute. « Nous avons essayé de faire le maximum dans une situation inimaginable, mais dans de nombreux cas ce ne fut pas suffisant et aujourd’hui, nous devons de nouveau le reconnaître », a-t-il déclaré, admettant « la détresse » des habitants le 29 octobre 2024.
Trois jours de deuil à Paiporta
Les autorités de cette région ont instauré une journée de deuil national en mémoire des disparus. À Paiporta, ville de 27.000 habitants ayant déploré 56 morts, le deuil s’étendra sur trois jours. Sur l’une des rues principales, une pharmacie a installé une rangée de bougies rouges et blanches devant sa façade en hommage aux victimes. « Je ne crois pas que la blessure se fermera un jour », a affirmé à l’AFP, les yeux embués, la pharmacienne, Carmen Rausell, 61 ans.
Les résidents de ces localités touchées n’ont pas oublié les images effrayantes des torrents d’eau boueuse emportant tout sur leur passage, bloquant de nombreux habitants dans leurs véhicules, dans des parkings souterrains, ou même chez eux dans des petites maisons incapables de résister aux flots. Plus de 130.000 véhicules ont été arrachés et emportés, souvent entassés en énormes amas. Des milliers de logements ont été détruits et rendus insalubres. La semaine dernière, le corps d’un homme a été retrouvé à 30 km de l’endroit où il avait disparu, après avoir été emporté par la rivière Turia. Deux corps restent introuvables.
Les victimes réclament justice
Les sinistrés accablent les autorités régionales de ne pas avoir suffisamment prévenu des dangers, alors que les services météorologiques nationaux avaient délivré une alerte rouge (risque maximal) pour l’ensemble de la région dès le matin. L’heure à laquelle le SMS d’alerte a été envoyé aux habitants par les autorités régionales, à 20h11 (plus de 12 heures après l’alerte rouge de l’agence météorologique), est ainsi au centre des discussions et contribue à l’hostilité populaire à l’égard de Carlos Mazon.
Signifiant que la colère demeure vive, plus de 50.000 personnes ont manifesté samedi dans le centre-ville de Valence pour demander « justice » et exiger la démission de Carlos Mazon, qui était introuvable tout au long de l’après-midi du 29 octobre 2024. Les détails de son emploi du temps ce jour-là restent au cœur des discussions et des enquêtes.

