Belgique

Formation bruxelloise : Martin Casier (PS) surpris par les 85% de travail après la démission de David Leisterh (MR)

« 85% du travail avait été fait ». Les négociateurs des six partis autour de la table (MR, PS, Les Engagés, Groen, Open Vld, Vooruit) travaillent en ce moment sur le budget.

« 85% du travail avait été fait ». Martin Casier ne comprend pas réellement la démission soudaine de David Leisterh, du MR. « Ces derniers jours, les difficultés étaient clairement visibles, mais même si c’est une décision personnelle de David Leisterh – qu’il convient de respecter – il est difficile de la comprendre ». En ce moment, les représentants des six partis à la table (MR, PS, Les Engagés, Groen, Open Vld, Vooruit) s’affairent sur le budget. Selon notre interlocuteur, un accord avait été établi, portant sur un milliard d’euros. Il ne restait plus qu’à surmonter « la dernière haie », que David Leisterh n’a pas pu franchir.

5 semaines… seulement ?

David Leisterh, l'ex-formateur du gouvernement bruxellois (MR)

Un retour succinct sur l’historique de la crise bruxelloise. « Pour former l’Arizona (gouvernement fédéral, ndlr), il a fallu 7 mois. Les politiques ont dû s’enfermer des nuits entières pour y parvenir. À Bruxelles, seulement 5 semaines de discussions sérieuses ont été nécessaires pour réaliser 85% des efforts qui semblent aujourd’hui acceptés par tous. » Cette déclaration faite par un socialiste de Watermael-Boitsfort choque Danielle Welter : il y a 16 mois, un vote a eu lieu et on ne travaillerait « sérieusement » que depuis 5 semaines ? C’est ce qu’explique Martin Casier. Les négociations auraient vraiment débuté début septembre grâce à l’intervention d’Yvan Verougstraete, président des Engagés, qui a réussi à rassembler les six partis autour de la table avant de transmettre la direction à David Leisterh.

Il n’y a donc que 5 semaines qu’il y a des réunions plénières.

Avant cela, de mars à juillet, la période était marquée par de « grandes difficultés » avec Georges-Louis Bouchez comme formateur, succédant à la duo Van den Brandt (Groen) – De Beukelaer (Engagés) qui avait réussi à relancer le processus. « Mais nous n’avions jamais abordé le cœur du sujet », explique Martin Casier. « Il ne s’agit donc que depuis 5 semaines qu’il y a des réunions plénières réunissant les six partis autour d’une table, et pas seulement des échanges informels. Le parti socialiste en a particulièrement souffert. »

Qui a gagné ?

Comment, dès lors, sortir de cette impasse ? Georges-Louis Bouchez, qui s’est « auto-proclamé formateur », fait l’objet de doutes selon notre invité concernant sa capacité à créer un consensus et la méthode qu’il adopte, souvent tournée vers l’invective. Ce qui ne laisse pas présager de bons résultats pour les futures négociations. Tout ce petit monde devrait donc se retrouver autour de la table, mais, insiste le socialiste, « pour le MR, il s’agit de faire des compromis avec la gauche ». Les résultats des élections à Bruxelles ne sont pas comparables à ceux en Wallonie ou au fédéral : « à Bruxelles, la gauche a gagné, elle détient une majorité au parlement. Nous n’allons pas nous asseoir à la table pour reformuler les mêmes politiques (qu’en Wallonie ou en Fédération Wallonie-Bruxelles, ndlr)« . Même si le MR est le premier parti sortant, il doit composer davantage avec les partis de gauche.

La situation est insupportable pour tous les Bruxellois et Bruxelloises.

Martin Casier appelle donc ses partenaires à garder leur calme et à trouver ce fameux « point d’équilibre », une expression qui sera souvent répétée durant l’interview afin de se mettre d’accord sur les 15% restants du budget. Il estime que face aux propositions du MR visant à réaliser des économies (notamment « sur les communes, la santé, le secteur social et la culture »), le PS a su faire preuve de constructivité « en avançant des propositions alternatives ayant les mêmes montants pour garantir l’équilibre budgétaire ».

Concernant la possibilité que le dirigeant du MR devienne ministre-président, notre invité est sceptique : « nous en sommes très éloignés. Il est essentiel d’avoir des Bruxellois autour de la table (une référence à Georges-Louis Bouchez ? ndlr), qui sont les mieux à même de porter une politique pour Bruxelles. »

Une réforme institutionnelle, vraiment ?

Établir une majorité bruxelloise, après 500 jours de flottement, est un défi d’autant plus complexe. Trouver ce point d’équilibre s’avère difficile dans un système institutionnel bruxellois (à double majorité). Martin Casier souligne qu’il est nécessaire de composer avec ce système. « Si nous souhaitons modifier cela, il nous faut d’abord adopter un budget et former un gouvernement. » Il serait inapproprié de penser à des élections anticipées puisque cela impliquerait de changer la loi spéciale bruxelloise, un processus nécessitant un gouvernement. « S’engager dans une réforme institutionnelle aujourd’hui serait ajouter du chaos au chaos », affirme notre invité.

On ne peut pas réformer Bruxelles sans un gouvernement bruxellois.

À voir aussi : David Leisterh (MR) était l’invité de notre 19h30 ce mardi :

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David Leisterh annonce se retirer des négociations pour former une majorité à Bruxelles.

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Une méthode trop « douce » de négociations ?