Masters 1000 de Paris : Moutet, Dimitrov et surface ralentie, tennis contre les « servebots »
Reilly Opelka a perdu contre Corentin Moutet avec un score de 6-3, 1-6, 6-1 au premier tour du Masters 1000 de Paris. La surface du court a vu son indice de rapidité passer de 46 l’année dernière à 35 en 2025, permettant ainsi des échanges plus longs et un jeu plus élaboré.

De notre envoyé à la Paris La Défense Arena,
Corentin Moutet a battu Reilly Opelka au premier tour du Masters 1000 de Paris, un affrontement où le Français, bien qu’appréciant son adversaire, ne pouvait laisser celui-ci voler la vedette. Même si Opelka est une personne sympathique, il fait partie de ces joueurs – curieusement rares – qui ne suscitent que somnolence et indifférence chez les passionnés de tennis : le « servebot ».
Giovanni Mpetshi Perricard, modèle français, a été éliminé par le revenant Grigor Dimitrov le jour précédent, et il était impensable pour Moutet de rencontrer cet Américain, surtout après son repêchage controversé après son retrait des qualifications le week-end précédent. Il était essentiel, pour le bien du tennis, que Moutet l’emporte.
Moutet a souffert avant de rebondir
La rencontre ne s’annonçait pas facile pour Moutet sur un court central aussi froid que la glace. Il était difficile de déterminer qui, du public déjà en digestion ou de Opelka, 32e joueur mondial, subissait le plus l’assaut des services puissants de son adversaire, sans donner de réplique. « Si on pouvait mettre le fond de court trois mètres plus loin… Ou alors il faut que je grandisse », plaisantait Moutet, qui recula sans cesse durant la première manche face aux services rapides d’Opelka. Ce dernier, mieux réveillé, profita d’un break d’entrée pour contrôler le jeu, décrochant le premier set 6-3 avec une mécanique redoutable. Les échanges étaient courts, Moutet éprouvait des difficultés à répondre aux services adverses, une première manche morne et difficile.
« Il fallait que je trouve des solutions [sur le service d’Opelka], analyse Moutet. De près, de loin, j’essayais de trouver des distances différentes, d’essayer de trouver la manière de le retourner. Tous les joueurs ont du mal à le retourner, peu importe la taille. Au final j’ai bien retourné de près, de loin, il n’y avait pas vraiment de solution unique. »
Moutet a pu tirer parti de la nouvelle surface, modifiée pour s’ajuster aux normes des finales ATP de Turin. Sa rapidité a été réduite, passant de 46 l’année dernière à 35 en 2025, offrant ainsi plus d’opportunités pour un jeu attrayant. Carlos Alcaraz a lui-même déclaré : « Si le court est plus lent, on peut vraiment voir jouer du vrai tennis, ce n’est pas simplement une question de service. On peut élaborer nos jeux, on peut voir des échanges plus longs. »
Plus de jeu, moins d’aces = Moutet gagnant
À partir du deuxième set, Moutet a commencé à contraindre Opelka à jouer un ou deux coups supplémentaires, cherchant des amorties et même à courir après des lobs. Après une demi-heure de jeu épuisant, l’Américain commettait une double faute. Moutet put remercier le public de l’Arena, qui avait transporté l’atmosphère vers celle de Bercy entre la première et la deuxième balle, une tendance qui allait se maintenir malgré les « restez respectueux, s’il vous plaît » de l’arbitre.
Le troisième set fut un véritable carnage : 6-1, un score identique à celui de Mpetshi Perricard contre Dimitrov en fin de match. C’était seulement la deuxième fois de sa carrière qu’Opelka subissait une telle déconvenue sur une manche en indoor. Cela témoignait du niveau de Moutet et d’une surface qui résistait jusqu’alors à une uniformisation récemment dénoncée par Alexander Zverev à Shanghai.
« Les directeurs de tournois vont dans cette direction parce que, évidemment, ils veulent que Sinner et Alcaraz réussissent dans chaque tournoi. Nous avons toujours eu des surfaces différentes : on ne pouvait pas jouer le même tennis de la même manière sur gazon, dur et terre battue. Aujourd’hui, on peut jouer presque de la même façon sur chaque surface. » Cette évolution est-elle problématique si elle permet de voir plus de Moutet et Dimitrov et moins d’Opelka et de Gio ?

