Porsche en crise, symbole des difficultés des constructeurs électriques en Europe
Porsche a lancé son premier modèle 100% électrique en 2019, avec un objectif que les voitures électriques représentent 80% des ventes à l’horizon 2030. Les ventes de Porsche ont fondu de trois quarts en Chine ces trois dernières années, et les États-Unis sont devenus leur premier marché.
La marque Porsche traverse actuellement une crise majeure, alors qu’il y a quatre ou cinq ans, elle était considérée comme une machine à profit et l’un des pionniers européens de l’électrification des automobiles.
Le constructeur allemand avait introduit son premier modèle entièrement électrique en 2019, se positionnant parmi les premiers avec pour objectif que les véhicules électriques représentent 80 % de ses ventes d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, Porsche avait prévu de nombreux nouveaux modèles pour progressivement remplacer ses voitures à moteur thermique, y compris certains de ses modèles emblématiques.
Cependant, la situation est actuellement problématique : les ventes de Porsche sont en déclin et les marges s’effondrent, ce qui a conduit l’entreprise à réagir. Il y a un mois, Porsche a complètement changé de cap en repoussant le lancement de plusieurs nouveaux modèles électriques et en prolongeant la durée de vie de ses modèles thermiques, un revirement qui devrait coûter des milliards à l’entreprise.
L’électrification n’a donc pas pris, malgré la croissance générale du marché de l’automobile électrique.
Comment expliquer cet échec ?
Il y a sept ou huit ans, lorsque Porsche a misé sur l’électrification, c’était en réponse à l’objectif européen d’éliminer entièrement les moteurs thermiques d’ici 2035 ; le constructeur allemand a agi rapidement, espérant être un précurseur. Toutefois, il a apparemment surestimé la demande, le marché n’étant pas encore prêt, surtout en Europe.
Un autre facteur est la Chine, qui représentait un marché en pleine croissance pour Porsche. Il y a trois ans, le constructeur vendait 100 000 voitures par an en Chine. Ce marché, plus réceptif à l’électrique, offrait un potentiel énorme. Cependant, la Chine aussi a connu des difficultés avec le COVID et la crise immobilière. Les consommateurs chinois, traditionnellement attirés par le luxe européen, se tournent désormais vers des modèles électriques locaux, plus performants et surtout moins chers que les Européens.
Les ventes de Porsche en Chine ont chuté de trois quarts ces trois dernières années, au point que les États-Unis sont devenus leur premier marché.
L’arrivée de nouveaux droits de douane, instaurés par Donald Trump, a également eu un impact néfaste, touchant les ventes en Chine, aux États-Unis, et en Allemagne.
Porsche fait face à une crise historique. Cependant, revenir aux moteurs thermiques n’est pas non plus une solution miracle. L’entreprise doit investir dans de nouveaux moteurs de génération actuelle ou hybrides. Comme ces projets se font dans l’urgence, le financement n’est pas assuré, et cela crée des complications. Porsche doit fortement ralentir son projet électrique, et une usine de batteries en Allemagne est complètement à l’arrêt.
Cette situation entraîne également des pertes financières considérables.
Porsche n’est pas la seule entreprise touchée ; tout le secteur automobile européen est en difficulté. Audi et Mercedes, par exemple, rencontrent des problèmes similaires, avec ce dernier ayant licencié 4 000 personnes récemment en Allemagne.
L’industrie européenne souffre collectivement. Entre les exigences des autorités européennes d’abandonner les moteurs thermiques dans dix ans et le faible engouement pour l’achat de voitures électriques, avec quelques exceptions comme la Belgique, le marché reste difficile. La concurrence asiatique aggrave encore la situation.
L’Europe peine à se différencier sur le marché des voitures électriques. Par conséquent, plusieurs fabricants européens demandent un report de l’interdiction des moteurs thermiques en 2035. D’autres, plus avancés comme Volvo, plaident pour le maintien des règles sans modifications en cours de route.
En tout cas, une incertitude réglementaire commence à se profiler. Dans une industrie où les investissements doivent être planifiés sur le long terme, ces hésitations stratégiques et les choix sur l’électrification ont des conséquences financières immédiates.

