Belgique

La CSC alerte sur l’inquiétude des futurs exclus du chômage.

Carol Zanin a diffusé une vidéo dans laquelle elle explique percevoir un complément de chômage et avoir reçu un courrier électronique de son syndicat l’informant de son exclusion prévue en janvier 2026. Le ministre de l’Emploi, David Clarinval, a dénoncé dans un communiqué des « communications alarmistes » des syndicats, qualifiant cela de « manœuvre » pour faire peur aux gens.


Plusieurs médias ont rapporté ce week-end une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par Carol Zanin, animatrice, chroniqueuse et comédienne, qui collabore avec divers médias. Dans sa vidéo, elle évoquait le fait de percevoir un complément de chômage et indiquait avoir reçu un courriel de son syndicat l’informant de son exclusion prévue du chômage en janvier 2026.

Carol Zanin racontait avoir contacté l’Onem, qui lui a confirmé que son dossier était en ordre et que cette exclusion ne la concernait pas. Son interlocutrice à l’Onem lui aurait précisé qu’elle recevait également d’autres appels de personnes inquiètes suite à des courriers similaires de la part de leur syndicat. Dans sa vidéo, Carol Zanin critiquait ce courrier en le qualifiant de « campagne de peur ». Depuis, cette vidéo a suscité un large écho sur les réseaux sociaux.

Inquiète au départ, puis rassurée, Carol Zanin, rencontrée ce lundi par une équipe de la RTBF, a exprimé son ressenti face à la lecture du courrier de la CSC. « Pire que de la panique, de la peur, de l’angoisse, je pense à l’après. Je me demande comment je vais vivre, survivre, comment je vais payer mon loyer, mes courses », a-t-elle déclaré. Elle a aussi souligné les difficultés à trouver un emploi dans son métier, où elle était désireuse de travailler.

Elle a aussi été rassurée par l’Onem, qu’elle a contacté. « J’ai pris mes renseignements à l’ONEM après avoir reçu un relevé de mes prestations 2024-2025 en tant que pigiste. J’ai relu les conditions et là j’ai eu deux dames au téléphone, de deux services différents, qui m’ont toutes les deux assuré que mon dossier était vide et qu’à l’heure actuelle je n’étais pas inquiétée d’une potentielle exclusion au chômage », a-t-elle expliqué.

Elle a confirmé avoir été interpellée par les propos des fonctionnaires de l’Onem, qui lui ont mentionné recevoir de nombreux appels similaires. Concernant ces courriers, elle a rapporté que « ils font ça dans l’unique but d’inciter les gens à se mobiliser lors des manifestations, lors des actions sociales ». Par ailleurs, elle a précisé qu’elle a posté sur les réseaux sociaux en raison de son choc face à cette nouvelle et non pour des raisons politiques. « Je ne suis d’aucun parti », a-t-elle ajouté.

Notre rédaction a également eu vent d’autres personnes ayant reçu ce courrier et partageant la même inquiétude quant à une perte potentielle de leurs allocations de chômage en 2026, mais ayant eu une réponse différente de l’Onem.

Dans un communiqué publié ce lundi après-midi, le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), en charge de la réforme du chômage, a dénoncé les « communications alarmistes » des syndicats qui, selon lui, « visent manifestement à mobiliser leurs affiliés en vue des journées de grève prévues fin novembre ». Le ministre a qualifié cette situation de « manœuvre ». « Annoncer la fin des allocations pour faire peur aux gens, avec pour seul objectif de les pousser à manifester, c’est de la manipulation inacceptable. Les syndicats ont un rôle à jouer pour informer correctement le citoyen et les accompagner, pas de désinformer et créer la peur », a-t-il réagi.

Il a également encouragé les citoyens à contacter l’Onem pour obtenir « une information fiable et objective ».

Nous avons pu consulter le courrier envoyé par la CSC, qui s’adresse aux affiliés ayant reçu ou s’apprêtant à recevoir un courrier de l’Onem les informant d’une exclusion du chômage « dès 2026 ». Le syndicat informe que toute personne ayant débuté une formation validée par le Forem menant à un métier en pénurie avant le 1er janvier 2026 peut bénéficier d’une dispense et prolonger ses droits jusqu’au 30 juin 2030 au plus tard. La CSC fournit un lien vers la liste des métiers en pénurie et propose son aide en cas de difficultés d’inscription à une filière de formation. De plus, le syndicat annonce organiser des séances d’information.

L’e-mail envoyé par la CSC n’encourage pas la participation aux journées de grève organisées en novembre et ne les mentionne pas. Le contenu de cet e-mail a été rendu public sur le site de la CSC.

La secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska, a évoqué la communication de son syndicat à l’égard des affiliés concernés par la limitation des allocations de chômage. Elle a aussi répondu aux « fake news » attribuées au ministre Clarinval, en précisant que les communications envoyées aux affiliés qui pourraient perdre leurs droits au chômage ne concerne pas l’organisation de jours de grève.

Marie-Hélène Ska a expliqué que deux types de messages ont été envoyés aux affiliés impactés par la réforme du chômage. « D’une part, toutes les personnes qui ont reçu un courrier de l’ONEM, les informant de leur exclusion au 1er janvier ou au 1er mars 2026, reçoivent, si elles sont affiliées à la CSC, un courrier de notre part les invitant à une séance d’information collective pour examiner leur situation », a-t-elle précisé. Ce message s’adressait donc aux chômeurs de longue durée et ceux ayant de 8 à 20 ans de chômage, qui seront exclus en janvier et mars 2026 respectivement.

Ensuite, un second type de message a été adressé, notamment à Carol Zanin. Il s’agit de personnes qui ne sont pas encore exclues au 1er janvier ou au 1er mars, mais qui pourraient l’être dans les mois suivants. Ce courrier vise à alerter ces personnes sur leur situation et à les informer des formations disponibles dans des métiers en pénurie. Pour ces personnes, cela implique que si leur situation ne change pas, elles pourraient se retrouver dans une procédure d’exclusion en 2026.

Cela concerne notamment des personnes travaillant pour plusieurs employeurs, mais sans accumuler suffisamment d’heures de travail. Dans ces cas, le complément de chômage serait perdu avec la réforme instaurée par le gouvernement.

Concernant le cas de Carol Zanin, la CSC a pris contact avec elle pour analyser sa situation individuelle. Dans un communiqué, la CSC réaffirme que si la situation de Mme Zanin « ne change » pas, elle serait concernée par une exclusion en juillet 2026.

Marie-Hélène Ska admet que la communication envoyée aux affiliés « ait pu semer la confusion chez l’une ou l’autre personne ». La phrase « vous serez exclu du chômage dès 2026 » dans le courrier électronique ne précise pas la date exacte d’exclusion, qu’il s’agisse du 1er janvier, du 1er mars ou plus tard. « Il aurait fallu d’une phrase dans le mail disant, ne vous inquiétez pas ou ne tenez pas compte du mail si vous n’avez pas reçu en amont une lettre certifiant que vous allez être exclue du chômage par l’ONEM », a commenté Carol Zanin.

Alors que la CSC cherche à contacter les personnes qui pourraient être concernées par l’exclusion plus tard en 2026, Carol Zanin indique ne pas avoir compris cela ainsi. « Je ne l’ai pas compris comme ça, parce que ce n’est pas indiqué », a-t-elle réagi.

Du côté de l’Onem, il est confirmé qu’une augmentation des appels a été constatée dans le centre de contact suite aux informations diffusées dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Ils rappellent qu’après les lettres envoyées à partir de septembre et octobre aux chômeurs qui seront exclus en janvier et mars 2026, une troisième vague de courriers commencera à être envoyée mi-novembre, concernant ceux exclus à partir du 1er avril 2026. « Les assurés sociaux qui n’ont pas reçu de lettre ni dans la 1re vague ni dans la 2e vague ne sont pas concernés par une fin de droits le 1er janvier 2026 ni le 1er mars 2026 », confirme l’Onem. Les demandeurs d’emploi qui attendent une lettre de l’Onem peuvent consulter leur eBox ou attendre que la lettre soit envoyée à leur domicile. « Il est aussi possible que leur lettre soit envoyée dans une future vague d’envoi (4e ou 5e vague) qui prévoit une fin de droits après le 1er avril 2026 », ajoute l’Onem.