Belgique

Bons plans, crush et coups de gueule : les campus se confient.

Près de 600 messages anonymes ont été postés sur un compte Instagram dédié aux « confessions » en l’espace de deux ans. Maxime Lahou, directeur du service des affaires étudiantes à la HELHa, a déclaré : « Nous ne sommes pas derrière les comptes de confessions, et honnêtement, nous n’espionnons pas les messages qui circulent ».


C’est un réflexe devenu habituel pour certains : pendant les pauses entre les cours, ils consultent les « confessions » du jour sur un compte dédié sur Instagram. En deux ans, près de 600 messages anonymes ont été postés. Manon explique : « Moi j’ai trouvé l’amour grâce à ça. »

Elle raconte qu’un jour, elle a laissé un message au sujet d’un garçon qu’elle n’osait pas approcher. L’étudiant a découvert cette « déclaration » anonyme, et le modérateur du compte a facilité l’échange de leurs coordonnées. « Et on est toujours ensemble ! » se réjouit Manon.

Toutefois, toutes les histoires ne sont pas aussi romantiques. Il y a aussi des messages comme celui-ci : « Ici, il y a une confession à propos de quelqu’un qui cherche son pull, oublié à la garden-party… » ou encore la lamentation d’un étudiant de Montignies-sur-Sambre : « Arrêtez de vider les distributeurs, j’ai la dalle ! » Lola ajoute : « En début d’année, il y avait aussi pas mal de messages concernant le nouveau décret, se demandant si l’on est encore finançable ou pas… avec tous les changements de réglementations. »

Une étudiante en publicité confie : « Moi, ce que j’aime bien, ce sont les petits potins. Ou bien des moments un peu gênants ou des moments où on se sent mal. Ça arrive à tout le monde, mais quand on est introverti, on n’ose pas en parler. Les confessions offrent un bon moyen de s’exprimer un peu, de trouver du soutien, et de ne pas rester seul. »

Néo s’interroge : « Mais QUI est derrière ce compte ? C’est un membre de la HELHa ? Un psy ? Un étudiant ? »

Nous nous rendons au service des affaires étudiantes de la HELHa. Maxime Lahou, le directeur, confirme connaître l’existence des « confessions » : « Oui, bien sûr, il y a même plusieurs comptes de ce type, rien qu’à la HELHa ! »

Le gestionnaire de ces messages est-t-il un membre du corps enseignant ? « Absolument pas. Ni une personne de notre service d’aide psychologique. Nous ne sommes pas derrière ces comptes, et honnêtement, nous n’espionnons pas les messages qui circulent. Nous avons une community manager qui jette un œil, mais nous n’avons pas les moyens de les gérer de plus près, et nous n’avons pas non plus l’envie de le faire car cela doit rester un espace de confiance entre étudiants. »

L’école espère que les véritables difficultés « remontent » vers les services appropriés : « Nous voyons que des étudiants jouent parfois des rôles de relais, vers l’école notamment, et c’est très bien ! »

Pour établir le contact avec le gestionnaire de la page, nous envoyons un message. « Adrien » (prénom d’emprunt) nous répond : « Je suis un simple étudiant de la HELHa, et j’assure seul la modération des confessions. »

Il insiste sur son anonymat : « C’est pour préserver l’esprit du compte Insta. Tout le monde s’exprime de façon anonyme, on ne nomme personne. C’est important. » Certains jours, il reçoit 4 ou 5 messages, mais il peut aussi passer 2 ou 3 jours sans en recevoir. De quoi parlent ces confessions ? « Mon Top 3… Les crushs, la solitude et les démarches administratives. Il y a aussi beaucoup de blagues. En réalité, il y a de tout, même des petits poèmes parfois ! »

Adrien ne publie pas tous les messages qu’il reçoit ; il supprime ceux qui ne respectent pas le règlement, notamment ceux qui contiennent des propos racistes, sexistes, diffamatoires ou politiques.

Il a cependant déjà subi une importante vague de harcèlement : « Je recevais 100 ou 200 messages par jour d’une personne qui n’était même pas inscrite à la HELHa, et qui me reprochait de ne pas publier ses écrits. » Il a découvert que cette personne avait déjà été signalée pour des comportements similaires sur d’autres comptes de confessions.

Enfin, le leitmotiv d’Adrien est de favoriser les connexions. Lorsqu’il était à l’UMons, il a rencontré des difficultés d’intégration et a utilisé les confessions pour se faire des amis. « J’avais envie d’offrir cette possibilité aux étudiants de la HELHa, à ceux qui se sentent un peu seuls, de trouver un endroit où parler et recevoir du soutien. »

Il reçoit des témoignages difficiles, révélant de la détresse psychologique, des problèmes familiaux ou de l’isolement. Certains étudiants évoquent des difficultés liées à leur orientation sexuelle ou des problèmes financiers.

« J’essaie toujours de fournir des numéros de téléphone utiles, d’informer sur les services d’aide, et souvent d’autres étudiants viennent rapidement en commentaire pour discuter avec la personne. » Si l’expéditeur d’un message le souhaite, Adrien peut transmettre ses coordonnées.