La revue de presse : « Travailler ne ferait pas gagner plus de 500 euros net par mois. »
Le gouvernement fédéral doit aboutir sur un budget et minimum 10 milliards d’euros d’économies avant le 6 novembre. Selon une étude de l’université d’Anvers, 95% des personnes auraient déjà un écart de 500 euros net entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas.
Le gouvernement fédéral est dans une position difficile. Il doit parvenir à un budget et à un minimum de 10 milliards d’euros d’économies dans les années à venir, et ce, avant le 6 novembre. Dans 10 jours, donc. Cela soulève une question ce matin dans De Standaard : depuis quand le travail est-il considéré comme une punition ?
L’éditorialiste Lieven Sioen évoque un des slogans clés de la coalition fédérale Arizona, souvent répété, notamment par le président du MR, Georges-Louis Bouchez : il est nécessaire d’assurer au moins 500 euros nets de différence à la fin du mois entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas en Belgique. Pour y parvenir, affirment les partis de l’Arizona, des réformes sont nécessaires.
Cependant, selon une étude de l’université d’Anvers, cet écart de 500 euros nets existe déjà pour 95 % des personnes. En effet, on gagnerait même en moyenne 928 euros de plus par mois en passant des allocations de chômage à un emploi.
De ce fait, l’éditorialiste se demande : « qu’est-ce qui empêche tant de personnes – près de trois personnes sur dix en âge de bosser – de travailler ? »
L’éditorialiste propose (au moins) deux réponses :
1. Les employeurs hésitent à embaucher des personnes en maladie longue durée ou des chômeurs de longue durée, malgré la pénurie de main-d’œuvre. Notamment parce qu’on ne prend plus le temps de former les nouveaux travailleurs, exigence de productivité oblige.
2. Selon l’éditorialiste, « les syndicats n’ont jamais montré beaucoup d’enthousiasme à accompagner eux-mêmes les demandeurs d’emploi vers le marché du travail » et préfèrent laisser cela aux agences comme le VDAB, l’équivalent du Forem ou d’Actiris en Flandre.
« L’activation ne devrait pas être une politique de sanctions. »
En somme, Lieven Sioen explique que le discours sur l’emploi doit évoluer et devenir plus positif pour obtenir des résultats, sans nécessairement réduire les allocations sociales. « Car le travail », écrit-il, « n’est pas une punition. Il offre structure, sens, revenus et contacts sociaux. Inversement, la perte d’emploi, due à la malchance ou à la maladie, n’est pas une forme de profit. Par conséquent, l’activation ne devrait pas être une politique de sanctions, mais d’opportunités. »
En attendant, le fédéral a promis d’économiser ou d’obtenir de nouvelles rentrées. Par exemple, via trois lettres : TVA, rapporte ce matin Het Laatste Nieuws.
Le sujet peut engendrer des débats sur son harmonisation ou sa hausse. Toutefois, l’éditorialiste Fleur Mees souligne que « le MR crie presque immédiatement ‘non’ dès que le mot ‘TVA’ est mentionné ». Une augmentation de la TVA, et donc des prix pour les consommateurs, est effectivement impopulaire. Mais, selon elle, « c’est le moyen le plus transparent d’accroître la différence entre travailler et ne pas travailler grâce aux impôts. De plus, cela pourrait stimuler l’économie. Après tout, ceux qui ont davantage d’argent dépensent plus. Ce n’est pas mauvais non plus pour les caisses de l’État », conclut l’éditorialiste.
La situation budgétaire du fédéral est « grave et désespérée », indique l’éditorialiste de Het Nieuwsblad. Une des pistes d’économies envisagées est de réaliser des économies sur les arrêts de travail de longue durée, expliquant le journal : 1,8 milliard d’ici 2029. Comment ? Notamment en sollicitant les entreprises, puisque selon le plan du ministre de la Santé, « les employeurs devront bientôt contribuer aux coûts des arrêts de travail de longue durée, pour une durée plus longue ». Il revient donc aux entreprises de veiller à ce que leurs employés ne se sentent pas mal et n’abandonnent pas leur poste pour des raisons de santé. Et si cela échoue, elles devront payer davantage.
L’ultimatum du 6 novembre du Premier ministre pour obtenir un budget et des économies doit-il susciter la peur ? Non, si l’on en croit l’édito de La Libre Belgique. « Personne n’y croit, à cet ultimatum : ni les partis, ni les citoyens, ni même ceux qui le brandissent », écrit François Mathieu.
« Un ultimatum de plus ne provoque ni sursaut ni peur : il ne fait qu’exacerber le ressentiment envers une classe politique qui n’a pas su garder sa crédibilité et qui risque de perdre des plumes – beaucoup de plumes – en cas d’élections anticipées », conclut-il.

