Taxer toutes les voitures de société ? « Ce serait stupide », dit le patron.
Le secteur du non-marchand en Wallonie et en fédération Wallonie Bruxelles englobe 200.000 travailleurs répartis dans 12.000 entreprises et regroupe 28 fédérations. Stéphane Emmanuelidis, président de l’UNIPSO, a exprimé ses craintes concernant les mesures d’économies envisagées par le gouvernement fédéral, notamment sur la réforme des taxations des véhicules.
Avec les réformes et les économies qui s’annoncent à l’échelle fédérale, la pérennité du secteur non marchand est remise en question. Ce secteur regroupe 200.000 travailleurs au sein de 12.000 entreprises en Wallonie et en fédération Wallonie-Bruxelles, englobant des domaines variés tels que les soins de santé à domicile, les crèches et les entreprises de travail adapté. Il est constitué de 28 fédérations, chacune ayant ses propres spécificités et disparités.
Cette branche, qui a un poids social et économique significatif, semble relativement épargnée par les mesures d’économies prises au niveau wallon. Reste à voir si cela sera également le cas pour les économies envisagées dans le cadre du budget fédéral. C’est ce que craint Stéphane Emmanuelidis, président de l’UNIPSO, l’Union des Entreprises à Profit Social, qui s’est exprimé sur le sujet lors de La Matinale de La Première ce lundi.
### Emplois et taxation des voitures
Stéphane Emmanuelidis a exprimé sa volonté de connaître les mesures d’économies que le gouvernement fédéral prévoit pour établir son budget 2026, ainsi que leurs impacts potentiels sur le secteur qu’il représente.
Il s’inquiète particulièrement de la réforme des taxations des voitures de société : « Le gouvernement est en train d’étudier une réforme qui va taxer les véhicules des entreprises en général ».
Pour l’invité de La Matinale, cette réforme touchera à la fois les voitures des cadres supérieurs des entreprises du Bel20 et celles des services de proximité, comme les véhicules utilisés par les infirmiers à domicile ou ceux transportant des personnes handicapées, arborant les logos Cap 48.
« On va devoir payer des taxes. Si on prend une structure qui fait de l’aide à domicile et qui a 100 travailleurs, cette réforme va coûter 100.000 euros par an. 100.000 euros dans un secteur qui n’est pas excessivement bien rémunéré. On va perdre deux à trois équivalents temps plein. Quand on voit qu’on veut créer de l’emploi et qu’on veut désinstitutionnaliser, on fait quand même un peu le travail à l’envers ».
Cette taxation des véhicules, selon lui, est incompréhensible : « C’est de la folie ce truc. Ça n’a vraiment aucun sens. Quand on y réfléchit, je pense que personne n’a pensé aux impacts. Ça serait stupide de perdre des emplois et des services pour ça ».
Il appelle donc le gouvernement fédéral, le ministre des Finances et les deux vice-Premiers établis en français à réagir face à cette taxation.
### Un secteur fragile mais épargné
Concernant le secteur non marchand, le gouvernement wallon n’a pas imposé de lourdes économies. « Les secteurs que nous représentons ont été globalement épargnés », reconnaît le président de l’UNIPSO. Il attribue cela à un dialogue constant avec les politiques : « C’est parce que dès la fin des élections, dès la formation des gouvernements, dès l’entrée dans le conclave budgétaire, notre organisation a pris en charge un dialogue avec les autorités pour bien cibler les priorités et les lignes rouges ».
### Impact en fonction du pouvoir de tutelle
Stéphane Emmanuelidis souligne aussi que les entreprises ressentent les effets des mesures en fonction des réformes en cours : « Il y a une distinction assez forte entre ce qui se passe en communauté française et en région Wallonne. Il y a des gels budgétaires complets en communauté française qu’on ne connaît pas en région Wallonne ».
Le président de l’UNIPSO s’inquiète en particulier pour l’avenir des « subventions facultatives ». Il déclare : « Sur le terrain, le secteur fait des essais, développe des projets, les fait financer au début en subventions facultatives et, in fine, fait entrer cela dans un cadre légal et ça devient structurel ». Il craint donc des « réductions de services à la population ».
### Les entreprises d’insertion en première ligne avec les exclusions du chômage
Il insiste sur le fait que de plus en plus de personnes exclues n’auront d’autre chance que celle d’être employées dans des secteurs déterminés, tels que les entreprises d’insertion ou de travail adapté. « Il faut donc vraiment travailler à créer des emplois pour ces gens-là », affirme-t-il.
Le secteur doit s’adapter, selon le président de l’UNIPSO : « Le défi, c’est s’adapter pour que les postes proposés soient adéquats pour les personnes qui vont arriver. Mais on n’est pas nombreux à faire ça ».
### Appel au dialogue
Le président de l’UNIPSO invite les gouvernements à dialoguer pour faire face aux défis, car selon lui, le secteur non marchand représente « les gens qui accueillent ou gardent vos enfants jusqu’à 18 heures. Les bénéficiaires, c’est le secteur marchand. Ça permet aux cadres de travailler et de rester en réunion jusqu’à 18 heures, tout en ayant encore quelqu’un qui garde les enfants. C’est l’ensemble de la collectivité qui bénéficie de ce genre de mesures ».

