Belgique

À Tournai, la fête des morts ne célèbre pas que le Mexique.

Tournai célèbre le Dia de los Muertos mexicain dans le cadre du Festival de la mort qui tue, qui s’étend sur trois semaines et réunit plus d’un millier de personnes. Pour Nicolas Clément, coorganisateur de l’événement, cette initiative est née de l’envie de partager la culture mexicaine, inspirée par son épouse mexicaine.


Chaque automne, Tournai se transforme en un lieu coloré avec des fleurs, des maquillages et des musiques d’ailleurs. Dans le cadre du Festival de la mort qui tue, la ville célèbre le Dia de los Muertos mexicain, contrastant avec l’ambiance de recueillement de la Toussaint, traditionnellement chrétienne. Selon Nicolas Clément, coorganisateur de l’événement, l’initiative est née de l’envie de sa femme de partager sa culture : « Ma femme est mexicaine et elle avait envie de faire connaître sa culture et cette tradition qu’on connaît peut-être un peu plus maintenant qui s’appelle le dia de muertos. » Ce cortège, devenu incontournable en cinq ans, attire plus d’un millier de participants et est cette année accompagné d’une fanfare de 14 jeunes venus directement du Mexique. « C’est vraiment un moment festif. C’est rempli de couleurs, de musique, de sons », précise Clément, soulignant la différence avec la tradition locale, plus silencieuse. Ici, la mort ne se pleure pas, elle se chante, se peint, se danse. Le festival, qui dure trois semaines, propose des concerts, des projections de films, des conférences et des rencontres autour de la mort, permettant d’aborder « ce qui fait partie intégrante de la vie. »

Dans les rues de Tournai, les visages maquillés et les fleurs vives créent une nouvelle conception de la mort. Les familles se rassemblent, parfois depuis la première édition. Un père, paré de paillettes rouges, déclare : « C’est joyeux. La fête est joyeuse. On a découvert qu’on peut quand même célébrer nos morts, oui, joyeusement. » À ses côtés, sa fille Rosa admire les costumes colorés des participants : « J’aime bien les danses et tout, les déguisements. C’est rempli de couleurs. C’est autre chose qu’Halloween. »

Ici, les enfants rient, les squelettes dansent et la musique de la fanfare mexicaine résonne sur les pavés de Tournai. Loin des cimetières, la célébration devient un espace de fête et de souvenirs heureux, une façon d’apprivoiser la mort sans crainte, de la réintégrer dans le cycle de la vie. Les habitants le comprennent bien : « Plutôt qu’aller au cimetière, on fait autre chose. »

Dans cette rencontre entre deux cultures, les voix des Mexicains de Belgique rappellent le sens profond de la tradition. Carla, originaire du Mexique, résume avec un sourire ce que cette fête symbolise : « C’est drôle, c’est amusant pour nous. Les Mexicains, on aime bien toutes les traditions parce qu’on en fait de l’amour. » Pour elle, le dia de los muertos est un moment de retrouvailles avec ceux qui sont partis : « C’est une façon de rappeler la famille, surtout la famille, les traditions familiales. »

Alors que l’Europe se recueille dans le silence, le Mexique choisit de danser pour maintenir le lien entre les vivants et les morts. Même Miss Tournai, avec un maquillage inspiré par son échanges au Mexique, souligne cette distinction : « Je trouve que c’est un peu plus joyeux, parce qu’il y a plus de couleurs, alors qu’en Belgique on va voir les morts au cimetière, mais c’est tout. » Tournai s’ouvre ainsi à une nouvelle manière de dire adieu : une mort apprivoisée, joyeuse et vivante. Comme le résume Carla, « C’est comme regarder la mort comme une partie de la vie. »