« Les pêcheurs de France tirent la sonnette d’alarme sur les ruisseaux. »
Depuis quatre ans, la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF), qui compte environ 1,5 million de licenciés, alerte sur l’état des milieux aquatiques qui ne cesse de se dégrader. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une espèce sur cinq est aujourd’hui menacée.
« Les petits ruisseaux font les grandes rivières », comme le dit le proverbe. Bien que de petite taille, ces cours d’eau souvent anonymes jouent un rôle crucial dans le cycle naturel. Ils irriguent les sols, nourrissent les forêts et alimentent les zones humides. Sources vitales des grandes rivières, ces ruisseaux abritent également une biodiversité impressionnante. « Ce sont comme des artères : si on les bouche, il n’y a plus de vie », affirme Jean-Paul Doron, premier vice-président de la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF).
Depuis quatre ans, la FNPF, qui compte environ 1,5 million de licenciés, tire la sonnette d’alarme concernant l’état des milieux aquatiques, qui se détériore. Les chiffres sont en effet inquiétants : moins de la moitié des cours d’eau du pays sont en bon état écologique. Souffrant de la pollution et des impacts humains depuis des décennies, les rivières sont également affectées par le changement climatique, avec des débits estivaux prévus pour diminuer de moitié d’ici 2050.
### Des milliers de petits cours d’eau rayés des cartes
Les conséquences de cette dégradation sont fatales pour les poissons d’eau douce vivant dans ces ruisseaux. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une espèce sur cinq est aujourd’hui en danger ; l’anguille et le saumon sont même classés en danger critique d’extinction. Les pêcheurs, en tant que premiers témoins de cette crise, se refusent à l’accepter. « Nous sommes des sentinelles des rivières et nous jouons un rôle essentiel dans la surveillance, l’entretien et la protection de ces cours d’eau », déclare Claude Roustan, président de la FNPF. Après avoir alerté sur les problèmes hydrologiques et la baisse des populations de poissons migrateurs, la fédération défend désormais les petits cours d’eau dans le cadre de sa campagne « Sauvons nos rivières », lancée cette semaine.
Comme tous les milieux aquatiques, la vie de ces ruisseaux est loin d’être paisible. Déjà affectés par des décennies de remembrement, des milliers d’entre eux ont aussi disparu des cartes ces dernières années sous la pression de l’agriculture. Devenus de simples fossés, ils perdent leur statut protégé par la loi sur l’eau et ne sont plus à l’abri des pesticides. Certains agriculteurs, à grands coups de pelleteuse, modifient leur tracé ou les font disparaître complètement pour prévenir les inondations. « On voit ressurgir les vieux démons du remembrement avec de gros travaux hydrauliques qui ont été effectués et ont causé beaucoup de souffrances à nos campagnes », s’inquiète Jean-Paul Doron.
### Les pêcheurs veulent un vrai ministère de l’Eau
Pour protéger ces petits cours d’eau de l’extinction progressive, les pêcheurs interpellent les autorités publiques, réclamant « une cartographie complète dans tous les départements » et « une protection juridique renforcée » pour empêcher leur déclassement. « Préserver ces systèmes de la dégradation, de la pollution ou de la surexploitation, c’est préserver le potentiel et la fonctionnalité de nos rivières », affirment-ils dans un manifeste adressé à des milliers d’élus.
La Fédération nationale de la pêche en France appelle également à « replacer l’eau au cœur des politiques publiques », souligne son président Claude Roustan. « Cela nécessite la création d’un vrai ministère de l’Eau pour piloter une politique ambitieuse et la rédaction d’une nouvelle grande loi sur l’eau. Il s’agit d’un bien précieux et fondamental qui doit être au centre de toutes les préoccupations, car il est urgent d’agir face aux effets du changement climatique. » Malheureusement, les poissons de nos rivières ne peuvent que le confirmer.

