Belgique

Jackson, 18 ans, victime de thérapies de conversion dénoncées.

À 17 ans, Jackson tente de mettre fin à ses jours après des violences subies au sein de sa famille, qui l’accuse de sorcellerie. En Belgique, les « thérapies de conversion » ont été interdites par une loi datant du 20 juillet 2023, punissant les infractions par une peine d’emprisonnement de 8 jours à 2 ans et/ou une amende de 208 à 2400 euros.


À 17 ans, la vie de Jackson connaît un tournant dramatique. Après une énième scène de violence de la part de sa famille, il prend des médicaments dans un acte désespéré pour mettre fin à ses jours. Ce geste marque un point de non-retour. Depuis son enfance, Jackson a été maltraité par ses proches, qui l’accusent de sorcellerie.

Sa famille, profondément protestante, l’a toujours considéré comme différent. L’accusant de sorcellerie et de servir la voix du diable, Jackson a subi des exorcismes « pour tout et n’importe quoi ». Des heures passées avec une croix dessinée sur le front et des passages de la Bible récités. « Parfois, c’était violent, parfois moins », se souvient-il. « Il y avait toujours une raison… ce n’était plus moi qui décidais d’y croire, je croyais pour survivre », ajoute Jackson.

Tout au long de sa vie, les exorcismes se sont multipliés. Cependant, la situation s’aggrave le jour où il annonce à sa mère qu’il est pansexuel, un fait qu’il décrit comme involontaire, ses mots lui échappant. Cette orientation signifie qu’il est attiré par toutes les personnes, indépendamment de leur genre, bien qu’il s’identifie comme homme, né dans un corps de femme.

Cette révélation est mal accueillie par sa mère et son entourage, qui lui répond simplement « non ». Jackson rapporte avoir ressenti une peur intense pour sa vie, car, depuis son enfance, il a été exposé à des images de personnes LGBTQIA+ subissant des « tortures », destinées à lui faire peur et à lui signifier de ne pas être comme cela.

Ce que Jackson a subi s’apparente à ce que l’on appelle des « thérapies de conversion ». En Belgique, ces pratiques ont été interdites par une loi promulguée le 20 juillet 2023. Cette loi décrit les thérapies de conversion comme des interventions physiques ou psychologiques visant à « réprimer ou modifier l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre d’une personne ». Ces pratiques peuvent revêtir une forme confessionnelle ou impliquer une pression psychologique constante. Les infractions à cette loi sont passibles d’une peine d’emprisonnement de 8 jours à 2 ans et/ou d’une amende de 208 à 2400 euros. Le tribunal peut également prononcer une interdiction professionnelle jusqu’à 5 ans pour ceux qui exercent ces pratiques dans un cadre professionnel.

« C’était comme si je devais toujours porter un masque, je devais me conformer pour survivre », explique Jackson. Mais « quand j’ai commencé à développer mes propres goûts, j’ai ressenti une fatigue à devoir porter ce masque. À un moment donné, je l’ai retiré. Mais pour eux, cela signifiait que j’avais changé du jour au lendemain et ils ont commencé à me montrer du doigt et à m’accuser de sorcellerie », confie-t-il. Finalement, Jackson atteint un point critique où il tente de mettre fin à ses jours : « C’était soit je me tuais, soit ils allaient me tuer », raconte-t-il. Il prend des médicaments avant de fuir et est finalement pris en charge par l’hôpital.

Jackson passera six mois à l’hôpital. Au cours de cette période, il tente de se réconcilier avec sa mère avant de s’effondrer. C’est alors qu’il commence à parler de son histoire : « J’ai pleuré, on ne savait plus quels médicaments me donner pour me stabiliser ».

À l’aube de ses 18 ans, il trouve la force de s’accrocher, car cela symbolise pour lui la liberté. On lui parle du Refuge, un centre d’accueil pour jeunes majeurs LGBTQIA+ victimes de discrimination. Il constitue son dossier d’admission et intègre l’établissement en juin 2025. Depuis son arrivée, il apprend à rire de nouveau : « Dans ma famille, quand on riait, mon grand-père venait secouer la caravane et nous engueuler. Aujourd’hui, pouvoir rire allège un poids. »

Le Refuge, ouvert en 2018, peut accueillir 14 jeunes âgés de 18 à 25 ans, souvent pour une durée d’environ six mois. Cette structure temporaire offre un environnement sécurisé, permettant aux jeunes de se stabiliser. « Cette sécurité que j’ai tout de suite, c’est temporaire mais ça me prépare, c’est un entraînement pour que je fasse plus facilement le reste. Aujourd’hui, j’ai des aides et je ne suis plus seul », détaille Jackson. Depuis 2018, près de 200 jeunes ont trouvé refuge au Refuge.