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Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara en tête pour un quatrième mandat, opposition muselée

Alassane Ouattara est le grand favori de l’élection présidentielle qui se déroule ce samedi en Côte d’Ivoire, face à une opposition fragmentée dont les principaux leaders sont écartés du scrutin. Près de neuf millions d’Ivoiriens sont appelés à voter pour départager cinq candidats à la tête du pays.


Alassane Ouattara va-t-il se représenter pour un quatrième mandat ? Au pouvoir depuis 2011, il est le grand favori de l’élection présidentielle qui se tiendra ce samedi en Côte d’Ivoire, face à une opposition divisée, dont les principaux leaders sont exclus du scrutin.

Près de neuf millions d’Ivoiriens sont appelés à voter pour choisir parmi cinq candidats à la tête du pays, premier producteur mondial de cacao et pôle de stabilité d’une région souvent secouée par des coups d’État et des violences jihadistes.

Déploiement massif des forces de l’ordre

Comme en 2015 et 2020, la plupart des observateurs prédisent une victoire de Ouattara, âgé de 83 ans, dès le premier tour. « Il est difficile d’imaginer une quelconque surprise au terme de cette élection, puisque des poids lourds de l’opposition ne sont pas présents », souligne Gilles Yabi, fondateur du groupe de réflexion ouest-africain Wathi. Ni l’ex-président Laurent Gbagbo ni le banquier international Tidjane Thiam ne pourront concourir ou même voter, leurs candidatures ayant été rejetées en raison de leur absence de la liste électorale : l’un pour une condamnation pénale, l’autre pour des problèmes de nationalité.

Ces dernières semaines, leurs partis ont encouragé les Ivoiriens à protester contre cette décision et à manifester contre un quatrième mandat de Ouattara. Le pouvoir a répondu avec fermeté pour « protéger le pays du désordre », interdisant leurs manifestations. La justice a condamné des dizaines de personnes à des peines de prison pour troubles à l’ordre public, et environ 44.000 gendarmes, militaires et policiers ont été déployés dans ce pays de 30 millions d’habitants.

Couvre-feu nocturne

Les élections présidentielles évoquent toujours des tensions pour de nombreux Ivoiriens, en raison des graves crises survenues lors des scrutins de 2010 (3.000 morts) et 2020 (85 morts). Cette année, les manifestations et blocages se sont principalement concentrés dans d’anciens bastions de l’opposition, surtout dans le sud et l’ouest. Quatre personnes ont perdu la vie, dont un gendarme.

Abidjan, la capitale économique, a été moins touchée, et la ville était très calme vendredi, après deux semaines de campagne peu enthousiasmante. Un couvre-feu nocturne a toutefois été instauré dans le département de la capitale politique Yamoussoukro, pour vendredi et samedi. « Je vous demande de bien surveiller vos différents quartiers […] Nous devons être prêts à protéger la Côte d’Ivoire », a déclaré le président Ouattara jeudi lors de son dernier meeting. Mercredi, Laurent Gbagbo a dénoncé un « coup d’État civil » et un « braquage électoral ».

Quatre candidats face à Ouattara

L’opposition a donc le choix entre quatre candidats, mais aucun d’eux ne représente un parti significatif ni ne dispose des ressources du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

L’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, 60 ans, dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ancien parti unique, espère incarner une « nouvelle génération ».

L’ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo, 76 ans, cherche à séduire les partisans de son ex-mari avec qui elle entretient des relations tendues. Cependant, le camp de la « gauche ivoirienne » se présente divisé avec la candidature d’un autre dissident, le souverainiste proche des milieux russes Ahoua Don Mello.

Enfin, Henriette Lagou, une opposante « modérée », qui avait obtenu moins de 1 % des voix en 2015, complète la liste des candidats. Les résultats sont attendus en début de semaine prochaine.