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Argentine : Javier Milei en jeu dimanche pour les législatives

Javier Milei affronte le scrutin du 26 octobre, qui renouvelle la moitié des 257 députés et un tiers des 72 sénateurs. Le président revendique avoir « liquidé » l’inflation, ramenée à 31 % sur un an, contre plus de 200 % fin 2023.


Deux ans après sa victoire surprise, Javier Milei se prépare à un scrutin à haut risque ce dimanche 26 octobre. Le président ultralibéral argentin, qui a marqué la scène politique en 2023 avec son discours « anti-caste », doit prouver sa capacité à gouverner durant les deux années restantes de son mandat. Dans un contexte de sévère austérité, de croissance stagnante et de mécontentement social, ces élections législatives de mi-mandat pourraient transformer les dynamiques au sein du Parlement.

L’enjeu est significatif : ce vote concerne le renouvellement de la moitié des 257 députés et d’un tiers des 72 sénateurs. Jusqu’à présent, La Libertad Avanza (LLA), le mouvement fondé par Javier Milei, ne détient que 15 % des sièges. Le président espère obtenir un tiers des voix, ce qui lui permettrait de poser ses vétos et d’éviter une opposition péroniste toujours influente. Même sans majorité absolue, un tel résultat lui donnerait une nouvelle marge de manœuvre : « Ce serait un bon chiffre », a-t-il déclaré.

Face à lui, le péronisme, bien que fatigué, tente de se réinventer. Son espoir réside désormais en Axel Kicillof, gouverneur de Buenos Aires, pendant que Cristina Kirchner, condamnée et inéligible, s’efface. Une coalition provinciale, appelée Provinces unies, s’efforce de rompre la polarisation. Sur le terrain, les alliances fluctuent : Javier Milei mène parfois campagne seul, tout en s’alliant par moments au parti libéral PRO, qui soutient souvent ses réformes sans partager le pouvoir.

L’économie, élément central du vote, demeure l’argument principal du président. Javier Milei affirme avoir « liquidé » l’inflation, qui est désormais de 31 % sur un an, contre plus de 200 % fin 2023, et avoir rétabli l’équilibre budgétaire pour la première fois en 14 ans. Néanmoins, cette reprise a un coût social élevé : plus de 200.000 emplois ont été supprimés, les retraites ont été réduites et l’activité économique a diminué de 1,8 % en 2024.

Conscient du désenchantement, le président a essayé d’adoucir son image. Il a réduit les invectives, orienté ses gestes vers les gouverneurs provinciaux et fait plusieurs références aux Argentins « vulnérables ». Toutefois, son ton reste celui d’un tribun. Lors d’un meeting à Rosario, il a demandé à des milliers de Partisans de « changer l’Argentine pour de bon » : « Ne lâchez pas ! Nous sommes sur le bon chemin. L’effort en vaut la peine », a-t-il déclaré, vêtu d’un blouson en cuir, sous une pluie de drapeaux violets du LLA. « Au milieu de l’an prochain, l’inflation ne sera plus qu’un mauvais souvenir », a-t-il promis.

Pour le politologue Gabriel Vommaro, « le pragmatisme de Milei pourrait finir par porter ses fruits ». Le président pourrait établir des accords ponctuels pour faire passer des réformes allégées et démontrer son action. Cependant, il prévient : « une normalisation de Milei, une coalition plus large ? Pas sûr qu’il le puisse, ou même le veuille ». Le « Lion » argentin rugit encore, mais cette fois, son rugissement déterminera sa survie politique.