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Nouveau plan quinquennal chinois : Pékín relance sa croissance contre les États-Unis.

La croissance chinoise n’a été que de 4,8% sur un an au troisième trimestre, son niveau le plus faible depuis un an. Les investissements dans la construction ont chuté de près de 14% sur un an.


Les données sont révélatrices : la croissance de la Chine a atteint seulement 4,8 % sur un an au troisième trimestre, représentant le taux le plus bas depuis un an. La Chine ne se situe plus dans la phase d’expansion triomphante des années 2000. Selon les projections officielles, la croissance, qui était autrefois à deux chiffres, devrait se stabiliser entre 5 et 6 % d’ici 2026.

Les ventes au détail, un indicateur clé de la consommation, n’augmentent que de 3 %, tandis que la production industrielle connaît une progression de 6,5 %, ce qui démontre un déséquilibre entre une offre industrielle dynamique et une demande intérieure stagnante.

Les prix à la consommation ont de nouveau diminué en septembre. La crise immobilière, qui a débuté en 2020 avec la faillite de plusieurs grands promoteurs comme Evergrande, continue d’affecter la confiance des ménages. Les investissements dans le secteur de la construction ont chuté de près de 14 % sur un an.

Les ménages chinois, faisant preuve de prudence, préfèrent épargner plutôt que de consommer. Le taux de chômage chez les jeunes dépasse les 14 %, tandis que la natalité s’effondre également.

Le 15ᵉ plan quinquennal doit rectifier la situation

Trois axes principaux visent à relancer l’économie chinoise. Le premier, essentiel pour le président chinois : recentrer la croissance sur le marché intérieur. Les Chinois épargnent énormément et consomment peu. L’un des objectifs du plan consistera à stimuler la consommation. Pour y parvenir, Pékin souhaite améliorer le niveau de vie des habitants urbains et assurer un meilleur accès à l’éducation ainsi qu’aux soins de santé, afin de faire du marché intérieur le moteur principal de la croissance.

Le deuxième axe du plan est l’innovation. Le pays investit déjà 2,6 % de son PIB dans la recherche et le développement, un niveau comparable à celui de l’Union européenne. Pékin ambitionne de consolider son avance dans les véhicules électriques, les drones, l’intelligence artificielle, tout en comblant son retard dans les semi-conducteurs, un secteur stratégique où les États-Unis ont restreint l’accès à certaines technologies cruciales.

L’objectif est clair : parvenir à une autosuffisance et sécuriser les chaînes d’approvisionnement pour faire face aux États-Unis, qui multiplient les restrictions sur les technologies sensibles. Il s’agit d’une véritable guerre des puces, des microprocesseurs et des terres rares entre la Chine et l’Occident, un sujet déjà abordé.

Xi Jinping souhaite établir un modèle moins dépendant des marchés américains

Ce 15e plan chinois (qui sera officiellement présenté en 2026, après examen et approbation lors d’une session de l’Assemblée nationale populaire) vise également à redéfinir les alliances stratégiques de la Chine, en se tournant davantage vers le Sud global pour mieux contrer l’Amérique de Donald Trump et éclipser l’Inde, son rival. Des partenariats avec l’Afrique, l’Asie du Sud-Est ou l’Amérique latine sont envisagés pour écouler la production chinoise et sécuriser ses approvisionnements, alors que les exportations sont menacées par des tensions géopolitiques.

Rassurer les marchés, restaurer la confiance et la croissance sans aggraver la dette, moderniser l’industrie et maîtriser les tensions extérieures — ce 15e plan a pour vocation d’accomplir tout cela sans relâcher le contrôle du Parti.