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Le Parlement israélien adopte un projet d’annexion de la Cisjordanie, Washington ne dénonce pas.

Certaines attaques de colons pour empêcher les agriculteurs Palestiniens de récolter des olives ont eu lieu dimanche matin, entraînant l’hospitalisation d’une Palestinienne à Ramallah pour de graves blessures. Le ministre israélien de la Justice, Yariv Levin, a ordonné aujourd’hui l’expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à la récolte des olives, en invoquant un ordre militaire.

« Certains colons étaient armés de bâtons et de pierres, ils ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes, à brûler des voitures« . Nael Abdallah raconte l’attaque de colons survenue dimanche matin pour empêcher les agriculteurs palestiniens de récolter des olives.

Il habite à Turmus Ayya, dans le gouvernorat de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Une ville nichée dans une vallée entourée de collines surmontées de colonies et d’avant-postes israéliens. « Nous sommes venus cueillir les olives dans la partie est de la ville. Nous avons commencé vers 7 heures du matin. Une heure plus tard des colons sont venus« .

À la suite de ces attaques, filmées par Associated Press (AP), une Palestinienne a été hospitalisée à Ramallah pour de graves blessures. Les cueilleurs d’olives n’étaient pas armés.

« Nous sommes venus à la suite de la décision de la Cour suprême israélienne stipulant que le colon, responsable de cet avant-poste, ne peut empêcher les gens d’accéder à leurs oliveraies, malgré la présence d’un portail« , explique Fahd Abou al-Hajj, un autre agriculteur palestinien.

32 militants étrangers expulsés

Le ministre israélien de la Justice, Yariv Levin, a ordonné aujourd’hui l’expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à la récolte des olives, au motif qu’ils avaient « enfreint un ordre militaire« .

L’ordre d’expulsion fait suite à une plainte déposée par le président du conseil des colonies du nord de la Cisjordanie, Yossi Dagan, contre les « provocations » d' »anarchistes« .

L’attaque de colons survenue dimanche matin pour empêcher les agriculteurs Palestiniens de récolter des olives. © Tous droits réservés

Violences accrues des colons

« La violence des colons a explosé en ampleur et en fréquence« , a déclaré Ajith Sunghay, directeur du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies dans le territoire palestinien. Au cours de la semaine du 7 au 13 octobre, les Nations Unies ont recensé 71 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée. La moitié d’entre elles, dans 27 villages, étaient liées à la récolte des olives.

De son côté, Muayyad Shaaban, chef de la Commission de résistance au mur et aux colonies énumère les dégâts provoqués par les colons dans le gouvernorat d’Hébron, à Ramla, à Jénine et dans la vallée du Jourdain : « Depuis le début de la saison, plus de 40 vols d’olives et d’outils de récolte ont eu lieu en Cisjordanie. Plus de 700 oliviers ont été ouverts, cassés et empoisonnés« .

Depuis l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, l’armée et les colons israéliens ont tué au moins 986 Palestiniens, en Cisjordanie, dont de nombreux combattants, selon le ministère palestinien de la Santé.

Au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations militaires israéliennes, selon les données officielles israéliennes.

L’attaque de colons survenue dimanche matin pour empêcher les agriculteurs Palestiniens de récolter des olives. © Tous droits réservés

Appels à l’annexion de la Cisjordanie occupée

Près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie occupée (hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël), aux côtés de quelque 500.000 Israéliens installés dans des colonies, illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967. Et ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé à son annexion.

Le Parlement israélien (Knesset) s’est prononcé le 22 octobre 2025, sur deux projets de loi en lecture préliminaire, visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée. © Tous droits réservés

Deux projets de loi qui visent à étendre la mainmise sur la Cisjordanie

Appel entendu par une partie de l’opposition. La Knesset s’est prononcée hier sur deux projets de loi en lecture préliminaire, visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou, dans l’opposition, Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants, située juste à l’est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d’extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l’opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l’ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s’abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de « provocation de l’opposition visant à nuire » aux relations d’Israël « avec les États-Unis et d’autres grandes nations« .

Un coup politique très stupide

On peut s’étonner que le Likoud s’abstienne de voter ces deux projets de loi tant ils répondent aux aspirations du Premier ministre et d’une partie de son gouvernement. Cette position est probablement stratégique, dans un contexte où Washington met la pression sur Israël pour maintenir le fragile cessez-le-feu avec le Hamas.

« Si c’était un coup politique, ce serait un coup politique très stupide et je le prends personnellement comme une insulte« , a réagi le vice-président américain J.D Vance au terme de sa visite en Israël. « La politique de l’administration Trump est que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël, cela continuera d’être notre politique« , a-t-il ajouté.

Même son de cloche du côté du secrétaire d’État, Marco Rubio. Avant de s’envoler pour Israël où il est attendu aujourd’hui, il a estimé qu’un tel projet « menaçait » le cessez-le-feu à Gaza et serait « contre-productif« . « Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons soutenir, pour le moment« , a-t-il ajouté.

L’Arabie saoudite et la Jordanie « condamnent » ces votes.

Les députés d’extrême droite israéliens Itamar ben Gvir (à gauche) et Bezalel Smotrich (à droite) à la Knesset (Parlement israélien) à Jérusalem, le 15 novembre 2022. © Maya Alleruzzo / POOL / AFP

Couper la Cisjordanie en deux

Une abstention de vote stratégique de la part du Premier ministre ? C’est plus que probable. Israël a approuvé plusieurs projets de construction en Cisjordanie occupée. Le dernier voté en août, prévoit la construction de 3400 logements dans le prolongement de Jérusalem-est annexée.

Un projet dénoncé par l’ONU et plusieurs dirigeants étrangers. Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d’un éventuel État palestinien.

Lors d’un événement organisé le 11 septembre à Maalé Adoumim, une colonie située en Cisjordanie occupée, à 7 km de Jérusalem-est, Benjamin Netanyahu avait affirmé qu’il « n’y aura pas d’État palestinien« .

Prochaines étapes « difficiles » pour Gaza

Plusieurs responsables de l’administration Trump se sont succédé cette semaine en Israël pour tenter de cimenter le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre.

L’accord entre Israël et le Hamas a paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d’accusations de violations de la trêve.

J.D. Vance a reconnu que les prochaines étapes de l’accord, dont le désarmement du Hamas et la reconstruction de Gaza, seraient « très difficiles« .

La première phase de l’accord prévoit, outre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, vivants et morts ; des retraits israéliens dans Gaza et l’afflux d’aide humanitaire.

À ce stade, le Hamas n’a restitué – outre les 20 derniers otages vivants – que 15 corps des captifs décédés sur les 28, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire ravagé par l’offensive israélienne. Les forces israéliennes se sont retirées de secteurs de Gaza mais contrôlent toujours environ la moitié du territoire palestinien et l’assiègent. L’aide humanitaire reste très insuffisante selon l’ONU. Tandis que le Hamas refuse d’envisager son désarmement.

Les prochaines étapes s’annoncent difficiles, et longues à mettre en place.

Sur le même sujet : extrait du JT du 20 octobre 2025

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