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Royaume-Uni : 70 ans après, petits-enfants demandent réhabilitation d’une femme pendue.

Quatre de ses six petits-enfants ont officiellement demandé au ministre britannique de la Justice, David Lammy, de gracier à titre posthume Ruth Ellis, condamnée pour le meurtre de son amant violent, le pilote automobile David Blakely. La pendaison de Ruth Ellis en juillet 1955 à Londres avait contribué à faire évoluer l’opinion publique contre la peine capitale, abolie au Royaume-Uni en 1973.


Soixante-dix ans après son exécution, l’histoire tragique de Ruth Ellis, la dernière femme condamnée à mort au Royaume-Uni, refait surface. Quatre de ses six petits-enfants ont officiellement sollicité une grâce posthume auprès du ministre britannique de la Justice, David Lammy, pour cette hôtesse de boîte de nuit reconnue coupable du meurtre de son partenaire violent, le pilote automobile David Blakely.

« Nous voulons réparer une injustice », déclare sa petite-fille Laura Enston, 46 ans. En 1955, Ruth Ellis, âgée de 28 ans, avait tiré sur David Blakely à la sortie d’un bar londonien après avoir subi des mois de violences conjugales répétées, tant « physiques, sexuelles que psychologiques », selon ses avocats du cabinet Mischon de Reya.

Un procès sans doute différent aujourd’hui

Ses avocats affirment que son procès aurait été perçu différemment aujourd’hui. « Elle aurait probablement été accusée d’homicide involontaire, pas de meurtre », indique l’avocat James Libson. Condamnée à mort après seulement vingt minutes de délibération, Ruth Ellis avait affronté le jury sans montrer de signes d’émotion, un comportement que ses proches interprètent à la lumière des connaissances actuelles sur les traumatismes. « Elle a involontairement incarné le rôle de la tueuse au sang-froid qu’on lui avait attribué », ajoute Laura Enston.

Dix jours avant le drame, David Blakely l’avait frappée au ventre alors qu’elle était enceinte, entraînant une fausse couche. « À l’époque, personne ne souhaitait accorder à Ruth une chance équitable », déplore sa petite-fille, soulignant qu’elle était une mère célibataire de deux enfants issue d’un milieu modeste.

Une première demande rejetée en 2003

Cette affaire avait profondément marqué la société britannique et avait inspiré le film *Un crime pour une passion* (*Dance with a Stranger*, 1985) avec Miranda Richardson et Rupert Everett. La pendaison de Ruth Ellis en juillet 1955 à Londres avait contribué à faire évoluer l’opinion publique contre la peine capitale, abolie au Royaume-Uni en 1973.

Les descendants d’Ellis avaient déjà tenté en vain d’annuler sa condamnation en 2003. Cette nouvelle demande de grâce vise à reconnaître le statut de victime de violences conjugales que la jeune femme n’avait pu faire valoir de son vivant – et à offrir, enfin, « une forme de justice » à celle dont le sort symbolise encore les dérives du système judiciaire de l’époque.