Cambriolage du Louvre : « Lupin n’aurait jamais fait ça » selon 3 scénaristes
Le cambriolage du musée du Louvre à Paris ce dimanche a été commenté par le scénariste Arié Chamouni, qui a exprimé que l’histoire manque d’obstacles et de tension dramatique. Claude Scasso a également souligné que ce casse a quelque chose d’involontairement comique, en notant que les voleurs ont laissé des indices et ont fait tomber la couronne dans leur fuite.
« Comme souvent, la réalité dépasse la fiction. Quand on raconte des histoires folles, on se dit : « Ça ne peut pas se produire dans la réalité. » Pourtant, c’est possible. Tout peut arriver, tout est surprenant », déclare Arié Chamouni à 20 Minutes. Ce jeune scénariste, surtout connu pour Duo d’escrocs et Blood River, n’a pas immédiatement laissé son imagination s’emballer après le cambriolage du musée du Louvre, survenu à Paris ce dimanche.
« Pour une raison assez simple, je me suis dit : « C’est amusant, on a l’impression d’être dans Lupin ou dans Cat’s Eyes » », a-t-il d’abord réagi, après avoir partagé la sidération collective de la question « comment est-ce possible ? ».
Selon lui, l’intérêt d’une telle affaire réside ailleurs. « Ce que l’on se demande toujours quand on écrit, c’est : comment rendre les événements crédibles ? Là, le casse est trop simple, trop dédramatisé, il manque de tension. Peut-être avaient-ils un plan plus élaboré, mais pour un scénario, il faudrait se mettre à la hauteur des personnages, penser aux conséquences, au côté cadeau empoisonné », envisage Arié Chamouni.
Un butin empoisonné
L’aspect du butin comme un cadeau empoisonné vient également à l’esprit de Claude Scasso, créateur récemment de Transferts sur Arte et de la série policière Caïn sur France 2. « L’une des premières pensées qui m’est venue, c’est qu’ils doivent se faire gronder par leur commanditaire avec un « Comment avez-vous pu laisser tomber la couronne ? ! » »
Pour lui, ce cambriolage au Louvre a une touche involontairement comique : « On dirait des Pieds Nickelés engagés par des personnes sérieuses qui les croyaient plus professionnels qu’ils ne le sont. En un sens, ils ont tout raté. Ils avaient prévu de brûler leur nacelle, mais ne l’ont pas fait. Ils ont laissé des indices. Ils ont fait tomber la couronne dans leur fuite. »
Le scénariste de Mécanique de l’ombre et de La nouvelle Ève, Marc Syrigas, résume le sentiment partagé dans le milieu : « Si on avait proposé cette histoire à un producteur, on se l’aurait fait jeter au visage. On nous aurait rétorqué : « C’est invraisemblable, trop simple ». »
« Ce qu’il s’est passé pourrait faire une comédie »
Dans ce cambriolage, il remarque un mélange de maladresse et d’audace. « C’est romanesque, oui, mais ça découle surtout d’un défaut de sécurité. Souvent, dans ce genre d’affaire, il y a une complicité interne », avance le scénariste. « Ce casse, ce n’est pas un thriller, ni un coup à la Arsène Lupin. Lupin n’aurait jamais agi ainsi, ni Robin des Bois d’ailleurs. Ce n’est pas voler de l’argent à Bernard Arnault ou les 400.000 euros de bijoux de Rachida Dati. Là, c’est du patrimoine culturel, civilisationnel. »
Marc Syrigas verrait bien une dimension morale à ce cambriolage. « Ce serait intéressant d’intégrer un personnage rattrapé par sa culpabilité, pris de syndrome de Stendhal. Une équipe qui aurait agi par bravade, par panache, par défi. » Que cela serve à exposer une faille dans le système de sécurité ou à se présenter comme de grands bandits.
Cependant, tous s’accordent sur un point : malgré sa portée symbolique, le casse du Louvre manque d’obstacles et de tension dramatique. « Ce qu’il s’est passé n’aurait pas pu être écrit en fiction, à moins d’en faire une comédie », note Arié Chamouni.
Tous reconnaissent également la force d’image de cet événement et les inspirations qu’il pourrait susciter. Selon Marc Syrigas, « il est certain que ce casse apparaîtra d’une manière ou d’une autre dans une fiction ». « En réalité, plus que d’être un projet de scénariste, ce serait celui d’un producteur ou d’un diffuseur, car ça parle déjà au grand public, et aujourd’hui, producteurs et diffuseurs recherchent des contenus facilement identifiables », complète Arié Chamouni.
Il reste à déterminer comment. Pour l’instant, une vitre brisée et quelques minutes de hardiesse constituent une histoire que personne n’aurait clairement eu le courage d’écrire.

