« Ma fille ne nous prend pas pour une garderie gratuite » : grands-parents en corvée de garde.
Tous les grands-parents ne sont pas sur le pont pendant les vacances de la Toussaint, même s’ils ont été très nombreux à dire leur bonheur de garder leurs petits-enfants lors de l’appel à contributions lancé par 20 Minutes. Isabelle, 54 ans et déjà mamie de quatre petits-enfants, a déclaré : « Je n’ai absolument pas le désir de garder mes petits enfants, ayant assez donné, avec plaisir et sans effort en temps en heure ».
Socialement, il est compliqué d’avouer un manque d’envie de garder ses petits-enfants. Ces derniers sont souvent considérés comme la chair de sa chair. Les grands-parents sont attendus avec le sourire pour s’occuper d’eux et, par la même occasion, rendre service à leurs enfants.
Pourtant, avec le début des vacances de la Toussaint, tous les grands-parents ne sont pas présents. Bien qu’ils aient été nombreux à exprimer leur joie de les garder lors de l’appel à contributions lancé par 20 Minutes, certains commencent à briser le tabou. Ils affirment avoir déjà donné, souhaitant désormais un peu de tranquillité ou n’hésitant pas à dire que leurs petits-enfants sont parfois mal élevés.
**« Pas que cela à faire »**
« Au début c’est un plaisir, mais après cela devient une obligation ! Les papys et mamies ne sont pas des baby-sitters », prévient Nicole, qui a manifestement changé d’avis depuis qu’elle est devenue grand-mère. Henry, grand-père de trois petits-enfants, partage cette opinion.
« Nous voyons l’un d’eux tous les jours, ma fille nous prend pour une garderie gratuite. Les deux autres sont moins présents, car mon fils semble avoir compris que nous n’avons pas que cela à faire. Donc, pendant les vacances, c’est pareil, mais nous préférerions avoir les deux que nous voyons moins, mais nous avons l’autre… celui qui prend notre maison pour la sienne. »
**Du mal avec « les enfants d’aujourd’hui »**
La patience des grands-parents s’épuise-t-elle ou les enfants sont-ils de plus en plus difficiles ? Régine a une opinion sur « les enfants d’aujourd’hui », et son constat est sévère : « Ils ne savent plus jouer seuls, ils s’ennuient vite, il faut sortir une batterie de jeux pour y jouer cinq minutes, ils n’ont plus de créativité et pour la nourriture, ils préfèrent toutes les cochonneries industrielles. » Elle conclut : « Donc, plus pour moi. » Agnès se montre davantage sélective : « Ceux de mes filles sont au top, ceux de mon fils : au secours ! »
Pour Frédéric, il y a un véritable choc des générations qui explique qu’« il est difficile pour des grands-parents nés dans les années cinquante de transmettre aujourd’hui des valeurs fondamentales. Il existe beaucoup de conflits qui annihilent le plaisir d’être grands-parents. »
**Ils ont « assez donné »**
À 54 ans, Isabelle est déjà mamie de quatre petits-enfants, âgés de 6 mois à 6 ans, et parmi ses quatre filles, deux sont encore adolescentes (14 et 15 ans). « Je n’ai absolument pas le désir de garder mes petits-enfants, ayant assez donné, avec plaisir et sans effort à l’époque où j’avais l’âge de supporter le bruit et les pleurs, explique-t-elle. J’ai besoin de ma liberté retrouvée avec mes dernières. »
Si Isabelle a été grand-mère jeune, Cris précise qu’elle et son mari ont appris à devenir grands-parents tardivement, à 65 ans. « Nos enfants ont du mal à accepter notre réticence pour garder leurs progénitures de cinq et trois ans, déplore-t-elle. Même quand ils viennent passer des vacances avec eux, c’est beaucoup de travail et d’organisation. On a 70 ans, on se sent fatigués. »
**Mes « chic-ouf »**
Certaines, comme Danielle, grand-mère de trois petits-enfants de 2 à 11 ans, adoptent une position nuancée : « Mes « chic-ouf », c’est vrai que je suis contente quand ils arrivent, mais je suis aussi contente quand ils repartent (chic de les voir, ouf quand ils partent), dit-elle. Ils sont adorables, mais il faut être disponible tout le temps, et c’est parfois épuisant quand ils sont à la maison pendant plusieurs jours en vacances. »
À 69 ans, Pascale ressent également de la fatigue lorsque ses petites-filles sont réunies. Pour y remédier, elle a trouvé un moyen en les gardant une par une « ce qui limite les dégâts ». Mais elle mentionne quand même que son mari pense « qu’il y a trop de vacances scolaires ».
Guillaume, qui est père d’un petit garçon de cinq ans, s’est aussi exprimé dans l’appel à contributions pour critiquer la génération de ses parents qu’il juge « totalement égoïste », refusant de « vouloir surtout pas être dérangés dans leur quotidien ». Vous l’aurez compris, ni ses parents ni ses beaux-parents ne gardent l’enfant pendant les vacances.

