Maroc

Abdellatif Jouahri : La statistique nationale doit évoluer et s’adapter.

Le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a indiqué que la réussite des transitions structurelles au Maroc est tributaire d’un calibrage approprié des politiques et d’un suivi étroit de leur mise en œuvre. La représentante de l’UNFPA au Maroc, Marielle Sander, a souligné l’importance d’une production de statistiques rigoureuses, précises et détaillées, accessibles à tous les acteurs, afin de favoriser l’interopérabilité et le partage sécurisé des données.


La statistique officielle marocaine, reconnue pour sa crédibilité auprès des institutions internationales et des investisseurs, doit évoluer et s’adapter aux changements du contexte, surtout à la lumière des nombreuses transitions structurelles entreprises par le Royaume ces dernières années, a affirmé, lundi à Rabat, le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri.

Lors de l’ouverture d’une conférence-débat organisée à l’occasion de la Journée mondiale de la statistique (JMS) par le Haut-Commissariat au plan (HCP), en partenariat avec BAM et l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), M. Jouahri a souligné que la réussite de ces transitions dépend d’un calibrage adéquat des politiques et d’un suivi rigoureux de leur mise en œuvre.

Il a ajouté : « Cela, conjugué aux exigences liées à la conduite des politiques conjoncturelles, notamment budgétaires et monétaires, impose de hisser dans l’agenda des priorités la mise à niveau du système statistique national. »

Dans cette optique, les opportunités d’amélioration sont nombreuses, a noté le wali de BAM, qui a estimé que la couverture devrait être étendue, tant sur le plan géographique pour accompagner le déploiement de la régionalisation avancée, que sur le plan thématique, pour combler certaines lacunes, telles que les informations sur la richesse des ménages, l’évolution des salaires, l’investissement privé, le changement climatique, etc.

De plus, il a soutenu que la fréquence et les délais de production de certains indicateurs devraient être améliorés, précisant que la Banque centrale a envisagé d’accroître le nombre de réunions du Conseil dans le cadre de la transition vers un régime de change plus flexible et la mise en place d’un cadre de ciblage d’inflation.

Cependant, cet objectif n’a pas été atteint, car une partie des données nécessaires à la décision en matière de politique monétaire n’est produite qu’à une fréquence trimestrielle ou avec des délais longs, a révélé M. Jouahri, en soulignant que ces améliorations, et bien d’autres, nécessitent un effort collectif.

Il a également rappelé que le Maroc, malgré un environnement externe incertain et les contraintes majeures liées à la succession des années de sécheresse, a fait preuve d’une grande résilience et connaît, ces derniers mois, un important essor économique. Il a ajouté que ces résultats sont le fruit d’un effort continu de réformes et d’amélioration des infrastructures, mais aussi de la production statistique qui contribue à éclairer la prise de décision et à faciliter le suivi de sa mise en œuvre.

Pour M. Jouahri, cette production statistique « mérite que nous la célébrions et que nous nous mobilisions tous pour assurer son plein développement. » Il a conclu : « Près de 20 ans après l’adhésion à la Norme spéciale de diffusion des données du FMI, la prochaine étape serait de rejoindre le groupe restreint des pays ayant souscrit à la Norme spéciale de diffusion des données (NSDD) plus. »

De son côté, la représentante de l’UNFPA au Maroc, Marielle Sander, a souligné l’importance d’une production de statistiques rigoureuses, précises et détaillées, accessibles à tous les acteurs, surtout dans le contexte actuel marqué par les transformations économiques, démographiques, environnementales et technologiques.

Ces données sont cruciales pour orienter le choix collectif et évaluer les progrès réalisés, a expliqué Mme Sander, en insistant sur la nécessité de renforcer les partenariats entre producteurs et utilisateurs de données, afin de favoriser l’interopérabilité, le partage sécurisé et les libérations, tout en investissant davantage dans les capacités humaines et technologiques.

Elle a rappelé que l’utilisation d’outils avancés tels que l’intelligence artificielle, la modélisation et l’analyse prospective joue un rôle clé.

Enfin, la représentante de l’UNFPA au Maroc a souligné l’importance stratégique d’un tableau de bord national de transition et de surveillance précoce basé sur le concept des « Accelerated Dashboards With Early Warning Triggers ».

Jouant un rôle essentiel dans le suivi prospectif des indicateurs clés de la transformation économique et sociodémographique du pays, ce dispositif permettrait d’observer simultanément l’évolution de l’inflation, de l’emploi, du chômage et de la croissance économique, ainsi que des phénomènes sociodémographiques comme la fécondité, le vieillissement, la scolarisation, la santé reproductive, l’égalité de genre et les disparités territoriales, a-t-elle précisé.

Cette conférence-débat, dont la séance inaugurale a eu lieu en présence du Haut-Commissaire au plan, Chakib Benmoussa, s’inscrit dans un contexte de profonde transformation du HCP, reflétant une ambition Royale pour éclairer et accompagner les choix de développement du Royaume.

Elle vise à établir un espace de dialogue sur les enjeux futurs de la statistique officielle, sur la coordination interinstitutionnelle et sur l’ouverture à l’écosystème académique et scientifique, afin de mieux soutenir les politiques publiques et encourager des décisions basées sur des données probantes.